Pas de choix : contre la cryptosporidiose, seul Halocur® est autorisé et efficace

La Semaine Vétérinaire n° 1414 du 27 août dernier, en page 15, rapporte l’opinion de praticiens qui justifient l’importation illégale de paromomycine (Gabbrovet®) par l’absence de produit efficace en curatif contre les diarrhées des veaux provoquées par des cryptosporidies. Cette affirmation sous-entend que le lactate d’halofuginone (Halocur®), autorisé en France dans cette indication, n’est pas efficace. Je souhaite apporter quelques précisions en tant qu’experte indépendante ayant réalisé des essais concernant l’action anti-cryptosporidienne du lactate d’halofuginone à 0,5 g/l (Halocur®) chez le veau.

Le lactate d’halofuginone est davantage recommandé en prévention de la cryptosporidiose. Toutefois, des essais de terrain publiés⁽¹⁾, auxquels j’ai participé, ont aussi démontré son intérêt en curatif. D’autres auteurs l’ont également montré chez l’agneau et chez le veau. Le lactate d’halofuginone (à raison de 100 µg/kg de poids vif) réduit significativement l’excrétion d’oocystes et la diarrhée. Les résultats ont été jugés satisfaisants par l’Agence nationale du médicament vétérinaire pour soutenir l’indication curative de ce médicament.

Un essai comparatif entre la paromomycine et le lactate d’halofuginone, que j’ai conduit à la station Inra de Nouzilly, a été présenté au Congrès international de buiatrie à Nice en 2006⁽²⁾. Il confirme l’activité curative du lactate d’halofuginone : les veaux traités avec la paromomycine (à raison de 100 mg/kg sur cinq jours) ou avec le lactate d’halofuginone (suivant le protocole validé par l’AMM) ont présenté significativement moins de diarrhée que ceux non traités ou recevant la paromomycine (à raison de 75 mg/kg sur cinq jours consécutifs, selon le protocole souvent utilisé sur le terrain).

Dans ces conditions, les retours favorables concernant la paromomycine résultent probablement de l’activité antibiotique exercée par la molécule sur les colibacilles, des agents fréquemment identifiés dans les diarrhées néonatales du veau, en association avec les cryptosporidies. Or, des antibiotiques autorisés et efficaces existent sur le marché vétérinaire français pour traiter les colibacilles.

De façon plus générale, il est préférable de gérer préventivement les diarrhées à Cryptosporidium parvum du veau pour limiter la pression d’infection exercée par le parasite dans le milieu extérieur. La gestion de la cryptosporidiose fait partie intégrante d’un programme global de prévention des diarrhées néonatales où une intervention précoce, dès les premiers cas identifiés sur une exploitation, permet d’obtenir de bons résultats. Ces différents points ont été présentés lors d’une table ronde animée en 2005 par Eric Vandaële sur le traitement de la cryptosporidiose du veau, avec deux experts de cette maladie, René Chermette (professeur de parasitologie à l’école d’Alfort) et Christophe Chartier (station caprine de l’Afssa de Niort). Son compte rendu publié⁽³⁾ reste d’actualité.

A ce jour, deux molécules sont efficaces : le lactate d’halofuginone et la paromomycine. Mais seul le premier (Halocur®) dispose d’une AMM et peut être utilisé en France.

• (1) M. Naciri et coll. : « Efficacité d’une nouvelle formulation du lactate d’halofuginone sur la cryptosporidiose du veau nouveau-né », Renc. Rech. Ruminants, 1999, vol. 6, pp. 183-186.

• (2) C. Manteca et coll. : « Efficacy of paromomycin in the curative treatment of cryptosporidiosis in calves in comparison with a placebo and halofuginone lactate », WBC Nice 2006.

• (3) J.-P. Guillet : « Contre la cryptosporidiose, il n’y a pas de choix : seule l’halofuginone est à la fois efficace et autorisée contre cette parasitose », La Semaine Vétérinaire n° 1169, 5/2/2005.