Directives “services”. Domicile d’exercice professionnel (DPE)
Actualité
Auteur(s) : Nicolas Fontenelle
Les vétérinaires salariés d’entreprise ont déposé un recours contre le décret adaptant le code de déontologie à la directive “services”.
Le décret du 8 juillet dernier(1), qui adapte le code de déontologie à la directive “services”, va-t-il disparaître ? S’il est ouvertement critiqué par certains praticiens qui estiment qu’il ne passera pas la lecture qu’en fera in fine la Commission européenne, il est attaqué formellement devant le Conseil d’Etat par le Syndicat national des vétérinaires salariés d’entreprise (SNVSE). Celui-ci reproche en particulier à ce texte deux de ses dispositions : la création du vétérinaire administrateur de domicile professionnel d’exercice (DPE) et la fixation d’une durée minimale d’ouverture de chaque DPE (trente-cinq heures). Selon le SNVSE, ces deux mesures sont illégales car elles ne répondent pas aux objectifs « de simplification et de proportionnalité » posés par la directive “services”. « Ainsi, écrit le syndicat dans sa requête, loin d’assouplir les conditions d’exercice de la profession de vétérinaire, [ce décret] les restreint en subordonnant la pluralité de domiciles professionnels d’exercice à des contraintes particulièrement lourdes, excessives et non justifiées par des impératifs de santé publique. Ces contraintes (institution d’un vétérinaire administrateur de domicile professionnel, transmission à l’Ordre des contrats pour validation, définition du domicile professionnel d’exercice, durée minimum d’ouverture de ce domicile, notamment), directement contraires aux objectifs fixés, constituent une entrave à l’exercice de la profession de vétérinaire et à la libre concurrence. »
Le Conseil d’Etat, qui a pourtant validé ce décret au printemps, avant sa publication au Journal Officiel, comme la procédure législative l’y oblige, devra donc en refaire l’exégèse. « Je ne veux pas rentrer dans le détail des arguments que nous avancerons dans le mémoire (dit ampliatif) que nous fournirons au Conseil d’Etat, explique Emmanuel Bénéteau, le président du SNVSE. Mais la création de l’administrateur de DPE ne figure pas dans la directive “services”, sa responsabilité telle qu’elle est définie par l’Ordre va bien au delà d’un simple responsable qualité et représente une vraie entrave à notre exercice. De même que l’obligation d’ouverture du DPE fixée à trente-cinq heures, prétendument pour éviter les “cabinets fantômes”. Moi je ne sais pas ce qu’est un “cabinet fantôme”. Dans la vraie vie, il est possible d’avoir des activités multiples et parfois limitées en nombre d’heures. Je pense par exemple à la gestion d’un élevage de poisson qui ne peut demander qu’une journée par semaine. Pour cela, j’ai besoin d’un bureau, peut-être d’un dépôt de médicaments, bref d’un DPE qui ne reçoit pas du public et n’a pas besoin d’ouvrir trente-cinq heures. »
De son côté, le ministère ne semble craindre ni la Commission européenne, ni le Conseil d’Etat. « Nous sommes prudents et modestes, y explique-t-on. Certes, nous ne sommes pas à l’abri de voir l’un de ces deux corps retoquer un décret. Mais d’une part c’est une chose extrêmement rare, tant pour l’un que pour l’autre, et, d’autre part, cela voudrait dire en l’espèce que le service juridique du ministère de l’Agriculture, le secrétariat général aux affaires européennes et le Conseil d’Etat qui ont élaboré ce décret en concertation avec la profession, Ordre et syndicats, puis en ont contrôlé le contenu avant sa publication, se fourvoient. Cela fait beaucoup. Nous ne travaillons pas sur un coin de table. » Le SNVSE conteste qu’il y ait eu une véritable concertation entre les membres de la profession au moment de l’élaboration du décret. « Chacun a donné ses arguments dans son coin, regrette Emmanuel Bénéteau. Au final, c’est la position de l’Ordre qui est sortie. Certains au SNVEL ne voient pas ce recours d’un mauvais œil. » L’Ordre, que nous avons interrogé, regrette nepas « avoir eu l’information en directe » et s’interroge sur « les motivations profondes du SNVSE. Ils attaquent sur l’administrateur et les heures d’ouverture pourquoi pas sur la définition même du DPE ? ». Sur le fond, le ministère fait remarquer que l’administrateur de DPE fait partie des garde-fous indispensables au respect de la santé publique, et que l’amplitude horaire d’ouverture minimum des DPE, fixée à trente-cinq heures, peut être atteinte collectivement par l’ensemble des vétérinaires qui travaillent dans le DPE, notamment si l’on tient également compte de leurs temps de déplacement lors de visites à domicile, mais aussi dans le cadre d’une convention établie avec un autre cabinet ou une clinique. Désormais, plusieurs possibilités s’offrent au Conseil d’Etat : débouter le SNVSE, annuler purement et simplement le décret, tout ou partie, et enfin, fait plus rare, le réécrire, intégralement ou non, pour le conformer au droit. Le délai moyen qui sépare le dépôt d’une requête de son jugement est d’un an. Il faudra donc attendre un peu.
(1) Décret n° 2010-780 du 8 juillet 2010 adaptant le livre II du code rural à la directive 2006/123/CE relative aux services dans le marché intérieur – A télécharger sur wk-vet.fr).
Il n’existe aucun administrateur de domicile d’exercice officiellement déclaré, du moins auprès du conseil supérieur de l’ordre (CSO). Certains praticiens ont peut-être envoyé leur lettre recommandée aux conseils régionaux (CRO), mais, remarque Jacques Guérin, chargé de mission “exercice professionnel” au CSO, « il faudra encore du temps, et quelques explications pédagogiques pour que les confrères s’approprient ce nouveau statut. Les CRO nous demandent des formulaires à remplir pour faciliter les déclarations. Nous travaillons à leur élaboration. Nous laissons la fin de l’année s’écouler avec bienveillance, mais en 2011 il faudra s’y mettre sérieusement ». Pour mémoire, selon le décret du 8 juillet 2010, l’administrateur de chaque DPE doit être déclaré par courrier recommandé auprès du conseil régional de l’ordre dont dépend le DPE pour lequel il a été nommé. Par ailleurs, il semble qu’il n’y ait pas non plus d’afflux de création que nouveaux DPE liés à des SEL, ce que permet le décret.
N. F.La transposition de la directive “services” dans notre droit a pris du retard puisque celle-ci devait être effective le 28 décembre 2009. Mais ça n’est pas la seule directive européenne pour laquelle la France n’a pas respecté les délais impartis. Inquiet de la situation, le gouvernement a déposé à l’Assemblée nationale, le 15 septembre dernier, en procédure accélérée (une seule lecture au lieu de deux pour chaque assemblée), un projet de loi visant à achever la transposition de quatre directives de l’Union européenne considérées comme d’importance majeure, dont la directive services. Dans son exposé de présentation, Roseyne Bachelot, ministre de la Santé, explique notamment que la France est en retard dans la transposition d’une quinzaine de directives « soit un taux de 1,2 % supérieur au plafond de 1 % fixé par le Conseil européen. » Or, la Commission européenne a adopté un avis motivé à l’encontre de la France le 23 juin 2010 pour manquement à ses obligations de transposition de la directive “services”, dernière étape avant la saisine de la Cour de justice de l’Union européenne. « Il est à craindre, poursuit Roselyne Bachelot, que cette saisine ne se réalise d’ici la fin de l’année 2010, avec un risque sérieux de condamnation à amendes et éventuellement à astreintes en 2011 ». Elle rappelle que la France a été condamnée en décembre 2008 à payer une amende d’un montant de 10 millions d’euros pour le retard de transposition de la directive relative à la dissémination volontaire d’organismes génétiquement modifiés dans l’environnement.
N. F.Ecole vétérinaire à Metz : les responsables de l’ENVA en visite lundi prochain. Jean-Pierre Mialot, le directeur de l’école d’Alfort, sera reçu lundi à Metz (Moselle) par le maire, Dominique Gros, qui lui a préparé un programme assez dense, puisque, après une visite du site de la base aérienne 128, il rencontrera le président de l’université de Metz, accompagné de ses homologues de Nancy (peut-être aura-t-il aussi le temps de parcourir le nouveau centre Pompidou ?). Un déplacement qui intervient alors que Dominique Gros, a rencontré, le 28 septembre, le directeur de cabinet du ministre de l’Agriculture pour évoquer le dossier d’une éventuelle formation vétérinaire en Lorraine. Selon des proches du dossier, dans le contexte actuel de formation à bac plus sept (deux années de prépa plus cinq années d’école), il n’est pas envisageable d’ouvrir un nouveau site, car le ministère n’a pas de budget dédié. « Mais dans le cadre de la réflexion en cours sur l’harmonisation au niveau européen LMD (bac + 5), la Lorraine, dont le potentiel universitaire est souligné, devient crédible ».
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