L’aspect du lait de mammite est un mauvais indicateur

Les éleveurs ayant parfois tendance à déterminer l’étiologie d’une mammite en fonction de l’aspect du lait, une corrélation entre ces deux éléments a été recherchée par l’Institut en santé agro-environnement (Isae) de Rennes en partenariat avec Virbac France. Menée de septembre à décembre 2009, l’étude⁽¹⁾ a porté sur soixante-dix échantillons de lait de mammite, en aveugle.

Cinq critères ont été retenus pour décrire le lait : la couleur, les phases (solide, présence d’un culot, etc.), la mise en évidence d’éléments figurés (ou “cailles”) et leur taille. L’odeur, critère d’appréciation complexe, a été in fine exclu. Ces caractéristiques conduisent à établir plusieurs profils de lait de mammite.

Plusieurs espèces bactériennes cohabitent souvent dans un même profil de lait

Les résultats de cette étude ont été présentés lors des Journées de la Société nationale des groupements techniques vétérinaires (SNGTV) à Lille en mai dernier. Il en ressort en tout premier lieu que l’étiologie d’une mammite n’est pas identifiable au seul aspect du lait. En effet, deux espèces bactériennes au moins (et jusqu’à huit) ont été isolées dans chacun des profils, celles-là étant le plus souvent très différentes sur le plan de leur épidémiologie et/ou de leur sensibilité aux antibiotiques.

Ainsi, bien que les très petites cailles et la couleur jaune translucide soient le plus souvent associées à Escherichia coli, et que les laits de mammites à Staphylococcus aureus soient très homogènes, d’autres bactéries pathogènes ont été identifiées dans des laits d’aspects similaires.

La faible spécificité de ce critère peut s’expliquer par l’implication d’éléments tels que les facteurs de virulence spécifiques de la bactérie ou la réponse immunitaire de la vache, susceptibles d’influer sur l’aspect du lait de mammite.

Attendu que celui-ci ne constitue pas un indicateur fiable, malgré ce que pensent certains éleveurs, la bactériologie et une analyse épidémiologique détaillée sont donc requises pour établir le diagnostic étiologique des mammites.

• (1) O. Bidaud, M. Bonnier. « Etude descriptive de laits de mamites : l’aspect du lait est-il prédictif du germe ? », Proc. JNGTV, Lille, 2010, pp. 1085-1089.