Entre nous
QU’EN PENSEZ-VOUS ?
Auteur(s) : Nathalie Devos
Ne les appelez plus jamais “farines animales”, Bruxelles les a laissées tomber… du moins sous ce nom-là. Elles ont récemment été rebaptisées protéines animales transformées (PAT), certainement dans l’intention de ne pas affoler les populations. Bannies de l’alimentation des non-ruminants en 2000, en raison de la crise de la vache folle, Bruxelles envisage en effet de les réautoriser pour les porcs et les volailles. « Etant donné le risque très improbable de transmission de l’ESB entre non-ruminants, il serait envisageable de réautoriser les PAT issues de non-ruminants dans l’alimentation de ces derniers, sans toutefois lever l’interdiction existante du recyclage intraspécifique », expliquait la Commission européenne en juillet dernier(1). Et d’ajouter que « cette réintroduction permettrait à l’Union de réduire la dépendance à d’autres sources de protéines ».
Une idée séduisante en cette période, où les prix des matières premières pour l’alimentation des porcs et des volailles flambent ! Mais qu’en pensent les experts ? Dans un avis du 31 mars(2) 2009, l’Agence française de sécurité sanitaire des aliments (Afssa) considérait que « les conditions d’une telle réintroduction n’[étaient] pas encore réunies. Celles-ci nécessiteraient des méthodes validées d’identification (non disponibles) des farines selon l’espèce animale d’origine, une traçabilité complète de ces dernières dans les usines de production d’aliments pour garantir l’absence de contaminations croisées et l’absence d’incorporation dans les autres aliments du bétail. Enfin, la difficulté d’assurer la maîtrise des contaminations croisées en exploitation conduirait probablement à limiter l’utilisation de ces aliments aux seules exploitations spécialisées dans une production unique ». En attendant qu’une nouvelle évaluation scientifique soit menée, reste également à sonder l’acceptation par la société d’une telle mesure. « Même si je comprends les raisons économiques qui poussent à envisager cet assouplissement, je suis contre.Cela ferait un tort considérable à l’image des éleveurs. Il ne faut pas oublier que la “crise de la vache folle” fut, avant tout, une crise de confiance entre les éleveurs et les consommateurs qui découvraient le décalage existant entre leurs représentations idéales et les réalités de l’élevage », témoigne ainsi un vétonaute. « Cela me semble aller à l’encontre de la recherche actuelle des consommateurs qui sont de plus en plus séduits par le “bio”, le “naturel”, etc. », estime, quant à elle, une consœur. Notons par ailleurs qu’un quart des vétonautes considèrent que cette mesure est un retour en arrière sur le principe de précaution. De quoi donner du grain à moudre aux décideurs !
Stop à la “précautionite” !
Les mesures prises depuis la crise de la “vache folle” ont porté leurs fruits : on sait maintenant bien maîtriser les risques liés aux prions, susceptibles d’avoir contaminé des viandes (températures et modalités de cuisson adéquates). On peut donc désormais à nouveau alimenter des animaux avec les protéines animales issues de l’équarrissage. Le rapport Kourilsky-Viney, en 1999, définissait le “principe de précaution” et précisait que “ce dispositif doit être proportionné à l’ampleur du risque et peut à tout moment être révisé”. Or on constate que les extrémistes de ce fameux principe interdisent avec acharnement toute acceptabilité sociale de constats objectifs. Ils surévaluent les très faibles probabilités d’accidents et dramatisent les menaces. Ils refusent d’entendre – et de rendre audibles pour le public – les avis des scientifiques. En dernier ressort, cette “précautionite” glapissante n’est plus un principe, mais une singulière idéologie…
Pierre-Maurice TroncyNouveau : Découvrez le premier module
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