À la une
Auteur(s) : Marine Neveux
Orchestrer les cursus vétérinaires de pays aussi différents que ceux qui constituent le pourtour méditerranéen, en jonglant entre leurs priorités budgétaires, culturelles, sanitaires, etc., peut apparaître comme utopique. Un premier pas a pourtant été franchi, comme en témoigne le séminaire organisé récemment à Alfort. L’un des objectifs affichés est aussi de faire connaître à ces pays la voie suivie par les Etats membres pour harmoniser l’enseignement vétérinaire.
Un séminaire sur l’enseignement au sein des pays du pourtour méditerranéen s’est tenu à Maisons-Alfort, les 7 et 8 octobre derniers, organisé par la Commission européenne en coopération avec l’école d’Alfort. Cette initiative s’inscrit dans le cadre du programme Technical Assistance and Information Exchange Instrument (Taiex), un outil qui permet l’échange d’information et aide les pays bénéficiaires à appliquer la législation européenne.
Dans l’Union, au niveau vétérinaire, les exigences minimales du contenu de l’enseignement sont définies par la directive relative à la reconnaissance des qualifications professionnelles, adoptée en octobre 2005. Les groupes de travail des Statutory bodies, organismes compétents pour le recensement des vétérinaires et la déontologie professionnelle (l’Ordre en France), avancent sur ce dossier depuis plusieurs années.
Bien entendu, la profession ne se limite pas à sa seule déclinaison au niveau de l’Union. La politique européenne de libre circulation des personnes a conduit Bruxelles, avec plusieurs établissements d’enseignement vétérinaire de la rive sud de la Méditerranée et l’école d’Alfort, à proposer, via le Taiex, l’organisation de ce séminaire, auquel étaient invités les établissements d’enseignement vétérinaire du pourtour méditerranéen. Ces deux journées ont surtout mis en exergue l’intérêt d’une méthodologie appliquée en vue de l’harmonisation et de l’évaluation des différents cursus. L’étape de la reconnaissance mutuelle du diplôme de vétérinaire demeure plus lointaine. La Fédération vétérinaire européenne (FVE) et l’Association des établissements européens d’enseignement vétérinaire (AEEEV) sont d’ailleurs venues à Alfort présenter aux pays des rives de la grande bleue le modèle européen (voir article en page 36).
Une avancée concrète tout de même : le comité régional de pilotage a été acté à l’issue de ces deux jours. Il sera composé de M. Ben Younes (Tunisie), M. Tiqui (Maroc), M. Mohamed Gohar (Egypte), M. Papzoglou (Grèce) et Mme Shamir (Israël). La première tâche de ce comité sera sans doute de collecter les informations sur les différents cursus.
Plusieurs spécificités sont apparues au cours des échanges : l’impossibilité de créer un seul cursus commun en raison des divergences entre les pays méditerranéens, les différences humaines et budgétaires, mais aussi les variations de diplômes entre les Etats. En outre, l’éducation vétérinaire ne bénéficie pas du même soutien dans toute la région du pourtour méditerranéen. Certains pays peuvent également avoir des priorités différentes concernant les productions animales, les préoccupations sociétales, la santé publique, les animaux, voire les traditions culturelles. A l’issue des ateliers, des divergences sont aussi apparues entre le nord et le sud de la région. L’atelier sur l’harmonisation des cursus a donc acté la recommandation d’une exigence minimale de formation des vétérinaires (cursus d’au moins cinq années). Il a aussi proposé l’élaboration d’une carte de route régionale pour adapter les recommandations de l’Organisation mondiale de la santé animale (OIE), avec en premier lieu la définition des objectifs et une harmonisation dans les deux sous-régions, ensuite la définition du tronc commun dans chaque sous-région, enfin la définition d’un tronc commun dans le cursus pour la région entière. Dans une première étape, il faudrait peut-être, selon certains intervenants, envisager une subdivision nord-sud avant de parler plus globalement de la région méditerranéenne.
Un deuxième atelier s’est penché sur les enseignements vétérinaires, reconnaissant que des programmes minimaux sont requis. Dans certains pays, il est nécessaire de réformer la formation. L’utilité d’une observation interne, mais aussi externe, pour faciliter l’évaluation, est reconnue. Plusieurs recommandations ont ainsi été émises : l’établissement d’un comité pilote régional, la désignation d’une stratégie pour recueillir l’information détaillée sur les programmes de formation, la rédaction d’un rapport montrant les forces et les faiblesses du cursus pour chaque établissement individuellement, les règles de conduite d’une autoévaluation, la préparation d’un contrôle externe avec l’assistance d’une institution européenne (par exemple AEEEV, Taiex, etc.) ou internationale (OIE).
« En plus de ce comité régional, il faudrait introduire le souhait de voir se former un groupe des facultés des pays méditerranéens », a estimé notre confrère Bernard Toma. « La constitution de ce comité restreint permet d’aboutir à un démarrage immédiat de notre action », a répondu André-Laurent Parodi (professeur à l’ENVA).
L’atelier sur l’évaluation des facultés et l’accréditation a reconnu l’intérêt des contrôles pour garantir des standards de qualité. Il existe en effet de nombreuses différences entre les pays. Les recommandations sont ainsi de plusieurs ordres. Elles vont de l’échange d’informations entre les établissements dans le but de préparer l’évaluation future de l’EAEVE-FVE, à l’utilisation du système d’estimation de l’association européenne pour toutes les facultés de la région, en passant par l’encouragement des autorités compétentes du pays à appliquer ce système.
L’AAAEV peut, bien entendu, accepter les candidatures des pays non-membres de l’Europe. En revanche, la réciprocité des diplômes n’est pas encore d’actualité. La discussion est aujourd’hui située bien en amont, nous n’en sommes encore qu’à la veille de ces systèmes d’échange…
Nouveau : Découvrez le premier module
e-Learning du PointVétérinaire.fr sur le thème « L’Épanchement thoracique dans tous ses états »
L’ouvrage ECG du chien et du chat - Diagnostic des arythmies s’engage à fournir à l’étudiant débutant ou au spécialiste en cardiologie une approche pratique du diagnostic électrocardiographique, ainsi que des connaissances approfondies, afin de leur permettre un réel apprentissage dans ce domaine qui a intrigué les praticiens pendant plus d’un siècle. L’association des différentes expériences des auteurs donne de la consistance à l’abord de l’interprétation des tracés ECG effectués chez le chien et le chat.
En savoir plus sur cette nouveauté
Découvrir la boutique du Point Vétérinaire
Retrouvez les différentes formations, évènements, congrès qui seront organisés dans les mois à venir. Vous pouvez cibler votre recherche par date, domaine d'activité, ou situation géographique.
Recevez tous les jours nos actualités, comme plus de 170 000 acteurs du monde vétérinaire.
Vidéo : Comment s'inscrire aux lettres d'informations du Point Vétérinaire