L’entraînement du cheval de dressage est une alchimie de puissance et d’endurance - La Semaine Vétérinaire n° 1421 du 15/10/2010
La Semaine Vétérinaire n° 1421 du 15/10/2010

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Auteur(s) : Anne Couroucé-Malblanc

Fonctions : professeur à Oniris.
Article rédigé d’après une conférence de Björn Nolting présentée lors du congrès Cesmas à Sigtuna (Suède), du 28 juin au 1er juillet 2010.

Le vétérinaire qui suit régulièrement ces chevaux doit être sensibilisé aux régions anatomiques sollicitées et porter une attention particulière aux conséquences du travail technique de puissance.

Le dressage est une discipline équestre olympique sur laquelle il existe peu de publications et d’études. Björn Nolting, vétérinaire de l’équipe de dressage allemande, a fait plusieurs conférences sur ce sujet lors de la dernière Conference on Equine Sport Medicine and Sciences (Cesmas) qui s’est tenue à Sigtuna (Suède) en juin dernier. Il a notamment abordé les qualités du cheval de dressage, la gestion et le suivi au quotidien de cet athlète, ainsi que son entraînement, des thèmes rarement traités et pourtant passionnants.

Un savant mélange de conformation et de comportement

Björn Nolting s’est appuyé sur l’article 401 du règlement de la Fédération équestre internationale (FEI) pour définir les objectifs et les principes du dressage : « Le dressage a pour but le développement harmonieux des moyens du cheval. Il a pour conséquence de le rendre à la fois calme, souple, délié et flexible, mais également attentif et confiant, permettant ainsi une entente parfaite avec son cavalier. »

Ces qualités sont révélées par la franchise et la régularité des allures, l’harmonie et l’aisance des mouvements, la légèreté de l’avant-main et l’engagement des postérieurs (dont l’origine vient d’une impulsion toujours en éveil) et la soumission au mors, sans aucune résistance ni défense, c’est-à-dire avec une décontraction totale.

Ainsi, les atouts fondamentaux d’un cheval de dressage sont un mélange de qualités physiques et de comportement : une bonne conformation avec des postérieurs puissants et un corps présentant des proportions harmonieuses, doublé d’un caractère bien équilibré, pour un cheval “fiable” et “motivé”.

Le suivi du cheval de dressage s’appuie sur un véritable “partenariat”

Afin d’accompagner le cheval au cours de sa carrière, une équipe se met en place autour de lui avec, en premier lieu, un lien privilégié entre le cheval et son cavalier, qui doit développer un véritable “partenariat” avec ce dernier. Cette équipe comprend également le vétérinaire, ainsi que le maréchal-ferrant qui vont suivre régulièrement le cheval, mais également l’entraîneur qui gérera son travail physique et physiologique.

Plusieurs points clés sont à respecter pour une bonne gestion du cheval de dressage. Ainsi, une attention particulière est portée à la locomotion du cheval, ce qui inclut le sol sur lequel il travaille quotidiennement. Le maréchal-ferrant, en relation avec le vétérinaire, joue également un rôle fondamental dans la gestion de la locomotion via le suivi régulier de la ferrure.

En outre, une bonne alimentation (qualité et quantité des apports nutritionnels) et un matériel adapté (la selle, notamment, doit convenir au cavalier, mais également au cheval) sont requis.

Le suivi vétérinaire sera régulier afin de “garder un œil” sur les zones sensibles que sont le dos et la région sacro-iliaque, le cou et les suspenseurs.

De son côté, le cavalier recherchera l’harmonie avec son cheval. Il peut avoir, par exemple, des problèmes de dos ou de hanche qui le gêne pour équilibrer le cheval et qui entraînent des différences dans les mouvements aux deux mains. Dans certains cas, le cheval est sain, le cavalier est traité, et le couple se porte mieux ensuite.

La gestion du cheval inclut également une planification de la saison, notamment du nombre de compétitions. Un cheval de dressage de haut niveau participe en général à six ou huit épreuves dans l’année (au lieu de quinze à dix-sept pour les chevaux de saut d’obstacles de haut niveau, par exemple). Le cavalier et/ou l’entraîneur devra donc planifier des séances de travail, donc l’entraînement du cheval.

Dos, région sacro-iliaque et suspenseurs sont fortement sollicités à l’entraînement

Le cheval de dressage diffère de ses congénères par sa capacité à se rassembler et à soulever son avant-main, particulièrement lors de mouvements tels que le piaffer ou le passage. Du fait de ses muscles puissants, il est aussi différent visuellement des autres chevaux, de sport ou de course, par exemple.

Le travail de base en dressage est néanmoins identique à celui d’autres disciplines et vise à optimiser les allures, à accroître la souplesse et l’impulsion. Le cheval apprend à développer une certaine puissance musculaire qui lui permet de soutenir plus de poids avec l’arrière-main afin de porter le cavalier pendant une durée de plus en plus longue.

Intervient ensuite le travail de dressage proprement dit, qui est une gymnastique complète pour le cheval et fait également appel à la puissance musculaire (répétition successive de mouvements donnés). L’aspect technique du travail quotidien du cheval à l’entraînement met en évidence que le dos, la région sacro-iliaque et les suspenseurs (postérieurs notamment) sont sollicités de façon importante en dressage. Le nombre de mouvements de rotation que le cheval doit effectuer en raison du peu de lignes droites et du nombre important de courbes explique les blessures dans ces régions anatomiques. Le vétérinaire qui suit régulièrement des chevaux de dressage doit donc y être sensibilisé et porter une attention particulière aux conséquences du travail technique de puissance à l’entraînement.

Une combinaison de travail de puissance et d’endurance

Outre ces aspects, le cavalier doit prêter attention à l’entraînement d’endurance du cheval de dressage. Lors d’une compétition, notre confrère Björn Nolting a enregistré des fréquences cardiaques moyennes comprises entre 140 et 160 battements par minute (bpm), ce qui est bien supérieur à celles mesurées jusqu’à présent lors de reprises de dressage chez des chevaux de concours complet (92 ± 5 bpm mesurés par Marlin et coll., 2001, dans des conditions chaudes et humides) ou lors de reprises de dressage pur (entre 80 à 100 bpm et 120 à 140 bpm lors d’épreuves de Grand Prix, données personnelles mesurées par Hilary Clayton).

Afin d’améliorer la capacité physique du cheval de dressage, il considère intéressant d’inclure des périodes de galop à son entraînement, deux fois par semaine, à une vitesse de 300 à 360 m/min pendant une dizaine de minutes environ. Ce travail doit néanmoins être effectué hors de la carrière, en extérieur, et sur un bon sol.

Ainsi, l’entraînement de dressage devrait être une combinaison du travail de puissance (répétition de mouvements divers) et de celui d’endurance (galop deux fois par semaine).

Au cours de leur collaboration, le cavalier apprend à connaître son cheval, ses limites et ses points faibles et forme avec lui un véritable couple. Cette complicité est primordiale pour être performant, mais également pour éviter de pousser un cheval fatigué, pour ne pas faire l’effort de trop qui mènerait à la blessure.

VOIR AUSSI

D.J. Marlin, R.C. Schroter, P.C. Mills, S.L. White, P.L.Maykuth, D. Votion et N. Waran : « Performance of acclimatized european horses in a modified one star (*) three-day event in heat and humidity », J. Equine Vet. Sci., 2001, vol. 21, pp. 341-350.

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