La standardisation de l’enseignement vétérinaire passe par l’exemple européen

France, Grèce, Espagne et Italie. Ces quatre pays, inclus dans l’Union pour la Méditerranée, sont aussi membres de l’Union européenne. A ce titre, ils ont une bonne longueur d’avance dans l’harmonisation des diplômes et le contenu de l’enseignement. La Fédération vétérinaire européenne (FVE) et l’Association des établissements européens d’enseignement vétérinaire (AEEEV) sont donc venues à Alfort pour présenter aux autres pays le modèle européen. Celui-ci repose essentiellement sur la directive européenne de 2005 relative à la reconnaissance des qualifications professionnelles (2005/36/CE). « C’est un texte fondamental, a insisté Jan Vaarten, directeur exécutif de la FVE. Il définit une formation, théorique et pratique, un programme de matières à acquérir en cinq années d’études au minimum, que chaque vétérinaire ressortissant de l’Union européenne doit maîtriser. » Il s’agit d’une sorte de contrat de confiance, signé entre les Etats membres, qui permet à chacun d’entre eux d’accueillir sur son territoire un vétérinaire, sans se poser de questions sur ses compétences minimales. Ce texte prend tout son sens avec la mise en place de la directive “services” (2006/123/CE) puisque, désormais, n’importe quel praticien européen peut venir librement s’installer en France et y vendre ses prestations. « En dehors de ce minimum, le contenu de l’enseignement, le nombre d’heures pour chaque matière, le semestre au cours duquel telle ou telle matière est enseignée, etc., est laissé à l’entière appréciation de chaque Etat », a souligné Jan Vaarten.

L’action de l’AEEEV n’est que consultative… pour le moment

C’est là que l’AEEEV prend le relais. « Nous sommes des confrères et nous venons vous voir, à votre demande, pour faire une évaluation honnête de votre faculté », a lancé tout à trac Gert Niebauer, directeur de l’AEEEV qui est née en 1988 pour promouvoir l’éducation vétérinaire sur le continent européen. Son objectif : évaluer si les établissements respectent la directive sur les qualifications professionnelles. « Certaines écoles ou faculté sont sur un cursus de cinq ans, d’autres sur sept ans. Qu’importe, il faut de la diversité. Mais nous estimons que l’enseignement dispensé, son contenu, doit atteindre des normes minimales. Un vétérinaire doit être omnicompétent et capable d’intervenir dès le premier jour », a souligné Gert Niebauer.

Un peu plus de cent facultés ou écoles sont membres de l’AEEEV et sont contrôlées régulièrement (tous les cinq à dix ans en moyenne). Ce sont elles qui en font la demande et remplissent pour cela un document d’autoévaluation. Une visite sur site d’une commission de quatre experts de pays différents permet d’approuver ou non la structure d’enseignement. L’AEEV tient à jour, sur son site Internet, la liste des établissements visités. Il en existe quatre catégories : les établissements visités et approuvés (un peu plus de quarante actuellement), les établissements visités et approuvés sous réserve d’aménagements suggérés par l’association, les établissements visités et non approuvés, et ceux non encore visités.

Ainsi, la faculté de Liège (Belgique), auditée en mars 2009, n’avait pas été approuvée, en raison notamment de lacunes en matière de bisosécurité. Elle a retrouvé son agrément en février 2010 après avoir montré qu’elle avait comblé ses insuffisances.

Mais là où la directive sur les qualifications professionnelles possède une valeur normative et législative, l’action de l’AEEEV n’est que consultative. Cela pourrait changer. Il y quelques semaines, le gouvernement italien a officiellement demandé aux facultés vétérinaires du pays de solliciter l’évaluation de l’AEEEV avant la fin de l’année 2013, sous peine de fermeture. Par ailleurs, Sarah Kahn, chef de service à l’Organisation mondiale de la santé animale (OIE), a rappelé combien la notion de standardisation est également capitale au niveau mondial. « Les épizooties n’ont pas de frontières. Ainsi, les meilleures sentinelles, la défense la plus efficace, restent les vétérinaires de terrain, a-t-elle souligné. C’est la raison pour laquelle nous avons besoin de praticiens correctement formés, partout dans le monde. Nous fixons donc des exigences minimales en matière de zoonoses, de maladies émergentes, de législation vétérinaire, de bien-être animal et d’épidémiologie. Aujourd’hui, malheureusement, nous estimons que plus de 80 % des établissements d’enseignement vétérinaire au niveau mondial n’atteignent pas les normes souhaitables. »