Le logiciel d’aide au diagnostic pour les éleveurs fait un flop auprès des vétonautes

L’intérêt suscité par un sondage ne se mesure pas uniquement à l’aune du nombre des votants qui y participent. Les commentaires qu’il génère sont aussi un bon indicateur. Celui-ci n’a pas laissé indifférent… Rappel des faits. Un ancien vétérinaire du Groupement de défense sanitaire des Côtes-d’Armor (GDS 22), Gérard Argenté, a lancé un logiciel d’aide au diagnostic, baptisé VetGPS.com. Utilisable sur Internet, il permet aux éleveurs d’établir un diagnostic à partir des symptômes qu’ils observent chez leurs animaux. Ils avancent pas à pas dans un arbre décisionnel et, quelques minutes plus tard, le résultat tombe : une maladie et un traitement conseillé. « Je n’ai qu’un seul but, aider les éleveurs à mieux surveiller et soigner leurs animaux pour les affections du quotidien, assure Gérard Argenté, aujourd’hui à la retraite. Dès 1995, j’ai été l’un des premiers à rédiger des documents qui ont donné naissance au programme de formation “L’éleveur infirmier de son troupeau”. C’est la même chose, seul le support change et passe de l’écrit à l’Internet. »

Les vétonautes s’offusquent de cette initiative. Ils ont laissé une foule de commentaires dans lesquels le désarroi et l’inquiétude le disputent à l’ironie. « Dire que j’ai fait cinq années d’études et un résidanat, alors qu’un simple site Internet aurait pu me permettre d’être un bon diagnosticien… ». « Vétérinaire bac + 7 et trois ans d’exercice en rurale pure… engagez-vous qu’ils disaient… ». « Un grand bravo à ce confrère. La prochaine version fonctionnera sans doute avec une webcam et thermo, sthéto, scalpel en mode Wii… Quand l’éleveur se décidera à nous appeler à 3 h du matin en raison d’une absence d’amélioration, il aura sur mon répondeur : “erreur 403, requête inconnue, commande abandonnée”. Laissez-moi vomir. »

« Il n’y plus qu’à installer quelques vét’automates dans chaque centre-ville, à côté du distributeur automatique de carburant et de celui de croquettes. Si j’avais su qu’une machine pourrait faire du diagnostic… Un jour, nos petits-enfants nous demanderont : dis, Papy, c’était quoi un vétérinaire ? » Pourtant, trois votants sur dix ne voient pas ce dispositif d’un mauvais œil. « Ce type de logiciel oblige les éleveurs à bien examiner leurs animaux, ils nous appelleront plus souvent, assure l’un d’eux. Les éleveurs ignorants n’appellent que pour la pique (finie) ou les euthanasies. »

Ange ou démon ? Seule la réussite ou l’échec de ce logiciel auprès des éleveurs, et la façon dont il sera utilisé, le diront. Mais depuis le lancement du logiciel en juillet, les vétérinaires bretons sont à vif. Une plainte ordinale a été déposée contre Gérard Argenté, une enquête disciplinaire est en cours d’instruction.