Le surcoût lié à l’apport de graines de lin n’est pas couvert par le gain de poids des porcs en croissance

La composition en acides gras de la viande de porc est étroitement liée à son alimentation. L’apport de graine de lin extrudée est l’une des possibilités explorées pour faire de la viande de porc un aliment reconnu pour ses apports en acides gras poly-insaturés, comme le recommande l’Agence française de sécurité sanitaire des aliments (Afssa) pour l’alimentation humaine. La plupart des études publiées jusqu’à présent ont évalué le profil en acides gras de la viande, mais pas les effets du lin sur la croissance des animaux. De fait, ces travaux rendent difficile l’estimation d’un quelconque bénéfice zootechnique, ce que propose en revanche une récente étude⁽¹⁾.

Dans chacune des trois bandes successives de porcs, les animaux sont répartis en trois lots. La période d’engraissement comporte une phase de croissance et une phase de finition.

La valorisation du produit pose la question du paiement différencié des carcasses

Le lot TL compte 93 porcs qui reçoivent un aliment avec 2 % de graines de lin extrudées en engraissement (12 cases). Ces porcs sont issus de truies qui n’ont pas ingéré de lin pendant la gestation. Le lot TN est constitué de 92 porcs qui ne reçoivent pas de graines de lin extrudées en engraissement (12 cases). Ils sont également issus de truies qui n’ont pas mangé de lin pendant la gestation. Le lot LL reçoit le régime TL en engraissement (12 cases) et ses 92 porcs sont issus de truies ayant reçu un aliment avec 3,5 % de graines de lin extrudées pendant la gestation.

Les teneurs en lysine et en énergie nette digestible des aliments sont comparables : ils sont formulés à 9,3 mégajoules (MJ) d’énergie nette par kilo et apportent de 0,9 à 0,8 g de lysine digestible/MJ.

Les résultats de l’essai ne montrent pas de différence de performance de la croissance moyenne entre les porcs charcutiers, hormis entre les groupes LL et TL en phase de croissance (gain moyen quotidien de 922 g/j versus 890 g/j, p < 0,05). L’ingéré, l’indice de consommation en engraissement, le poids chaud et le taux de muscle de la viande ne sont pas significativement différents entre les groupes. Le pH ultime du muscle semi-membraneux – indicateur du rendement de cuisson et de la qualité technologique de la viande – est cependant significativement plus élevé dans le groupe LL que dans le lot TN (5,68 versus 5,63, p < 0,05).

Pour des formulations comparables en énergie nette, sans autre ajout de lipides, le surcoût lié à l’incorporation de la graine de lin extrudée n’est pas compensé par les écarts de gain moyen quotidien en croissance et la différence de pH ultime. La valorisation du produit pose donc la question du paiement différencié des carcasses aux éleveurs et son impact sur le consommateur.

En effet, les niveaux de graine de lin extrudée utilisés correspondent à la pratique du terrain et représentent un surcoût d’environ 6,5 % pour les aliments d’engraissement. Comme la production standard actuelle dégage des marges déjà trop faibles, il sera difficile de rentabiliser un tel surcoût, à moins d’utiliser des assertions liées à la santé, supportées par un marketing bien pensé.

• (1) N. Quiniou, A. Vautier, G. Chesneau, T. Goues, P. Weill, G. Nassy, J. Mourot : « Effets de l’incorporation de graine de lin extrudée dans les aliments truies et/ou porcs sur les performances de croissance et la qualité de carcasse », 42^e Journées de la recherche porcine, 2010, Paris, pp. 143-144.