Visite sanitaire bovine : les évolutions attendues - La Semaine Vétérinaire n° 1421 du 15/10/2010
La Semaine Vétérinaire n° 1421 du 15/10/2010

Rapport. Consultation interprofessionnelle

Actualité

Auteur(s) : Marine Neveux

Les différents acteurs de la filière s’accordent pour faire de la VSB un rendez-vous annuel, modulable selon les régions, et qui donnerait lieu à un retour d’information.

Un bon rapport, un travail positif ! Voilà de quoi se réconcilier avec les rapports en cette période… Celui sur la “Visite sanitaire bovine, perceptions et attente, pistes d’évolution” laisse en effet place à une table ronde dépassionnée et constructive entre les différents acteurs.

Un rapport prétexte, pour jeter une pelletée de terre sur la visite sanitaire bovine (VSB), ou au contraire le signe d’un renforcement ? Eleveurs, représentants d’organisations professionnelles agricoles et vétérinaires, vétérinaires sanitaires et administrations ont été interrogés. Les différents acteurs ont donc été écoutés, même si l’on peut déplorer que toutes les facettes n’aient été explorées, notamment… le budget. C’est dommage, tout de même ! La VSB sort renforcée de cette consultation, qui signale toutefois, bien entendu, de façon unanime, la nécessité d’une évolution et d’une amélioration, car les interlocuteurs ne se sont pas abstenus de critiques.

La visite est d’autant plus importante que l’Etat a déjà considérablement réduit la voilure en termes d’effectifs de ses vétérinaires et de services déconcentrés, et qu’il a donc besoin plus que jamais de relais d’épidémiosurveillance…

Les différents acteurs témoignent d’attentes convergentes

Les Etats généraux du sanitaire étaient restés assez mutiques sur le sujet de la VSB. Le débat technique a donc été mené en parallèle, et ce rapport pourrait relancer la réflexion sur les évolutions à envisager. « Le rapport dresse un état des lieux clair, sans complaisance, se félicite Christophe Brard, président de la Société nationale des groupements techniques vétérinaires (SNGTV). Il met bien en évidence les attentes convergentes des différents acteurs. » La SNGTV avait été un acteur majeur de la mise en place du contenu de la première VSB : « Tout ce qui est préconisé dans le rapport va dans le sens de ce que l’on demande depuis déjà deux ans. Nous avions alerté l’administration en avril 2009 pour faire évoluer le modèle en 2010, mais rien ne s’était passé, faute de moyens », déplore Christophe Brard. La SNGTV et sa commission “épidémiologie” a déjà été proactive sur le sujet : plusieurs nouveaux items ont été proposés. « Nous sommes ouverts à une évolution importante, le vétérinaire conservera son action dans le cadre du mandat sanitaire », explique aussi Pierre Buisson, secrétaire général du Syndicat national des vétérinaires d’exercice libéral (SNVEL).

L’évaluation de la visite est précoce : la VSB date en effet de 2005, et les dernières campagnes (depuis 2007) ont été menées sur un rythme bisannuel. Notre confrère Michel Baussier, vice-président du Conseil supérieur de l’Ordre, est d’ailleurs « étonné de la précocité de l’évaluation de la visite sanitaire bovine, alors qu’elle n’a pas encore eu le temps de s’implanter pleinement ». L’Ordre est favorable à son maintien, « un recul de cinq à dix ans sera nécessaire pour juger de son utilité dans les relations entre Etat, vétérinaires et éleveurs », ajoute Michel Baussier.

Un sentiment mitigé ressort en effet des entretiens menés avec les différents acteurs : absence de retour de résultats, manque d’adaptation aux spécificités des élevages ou maladies, questionnaire figé, confusion entre la VSB et le bilan sanitaire d’élevage (BSE), rythme inadapté, etc. Le bénéfice d’un maillage vétérinaire auprès d’élevages habituellement peu vus, avec un rôle sanitaire et de conseil, a en revanche été mis en avant.

Décliner des modules régionaux et coupler VSB et BSE

« Dans la synthèse, l’avis donné est positif et en faveur du maintien de la visite, avec une évolution nécessaire du module national et l’ajout possible de modules régionaux », explique Christophe Brard.

Le rythme annuel est ainsi privilégié dans le rapport. La cohérence entre la VSB et le BSE ressort également. « Il n’est pas forcément nécessaire de créer un lien juridique entre les deux », estime Pierre Buisson. Mais il convient d’ancrer la VSB comme le rendez-vous annuel de l’élevage. « Il serait intéressant de parvenir à coupler BSE et VSB, même s’il ne faut pas faire d’amalgame entre les deux entités qui sont distinctes », explique Michel Baussier. « Il y a des items complémentaires, précise Christophe Brard.

Nous ne devons pas pour autant y ajouter une obligation : le vétérinaire et l’éleveur décideront ensemble s’ils jugent pertinent d’effectuer les deux de façon concomitante. »

Le président de la SNGTV souligne encore l’idée de préparation de la VSB : « Il est utile que l’éleveur puisse disposer du formulaire au préalable, et qu’en fonction des items, il puisse préparer des documents précieux pour la visite. »

Améliorer le recueil et l’exploitation des données et assurer un retour d’information

L’absence de retour concret est pointée par les différents acteurs interrogés. « Il est nécessaire que les intervenants puissent disposer d’un retour d’information, souligne Christophe Brard, il est intéressant que tel élevage puisse se situer par rapport à une population de référence (département, bassin de production, élevages allaitants ou laitiers, etc.), de comparer aux années précédentes ses résultats, etc. » « Nous avons besoin d’une adaptation de l’outil selon la taille des structures, de pouvoir disposer d’une modularité en fonction de l’exploitation, ajoute Pierre Buisson. Et de pouvoir disposer d’un arbitrage régional, que la commission régionale ad hoc d’épidémiosurveillance choisisse les items d’après la pertinence de la situation de terrain. »

Enfin, des points d’amélioration seront à trouver pour pallier des difficultés techniques d’ordre informatique. Il s’agirait notamment d’éviter que les vétérinaires doivent se connecter dans la nuit pour pouvoir transmettre les données… Charge donc au ministère de moderniser les conditions d’accès, avec un niveau de sécurisation qui corresponde à ces données. Une mission de l’Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail (Anses) est également en cours pour évaluer la façon dont les formulaires sont remplis, dans l’objectif de mieux les adapter à la valorisation des données collectées.

Faire de la VSB l’occasion d’un contrôle en matière de protection de l’animal

En outre, une visite sans contrôle de deuxième niveau pour les élevages qui ne sont pas satisfaisants perdrait de son sens. Ce second niveau pourrait être pris en charge par des vétérinaires de l’administration ou par des vétérinaires sans lien avec l’élevage. « La visite sanitaire bovine pourrait en effet permettre de disposer de “feux rouges” pour pouvoir alerter sur certaines exploitations “mouroirs”, et de profiter de cette intervention pour évaluer si les conditions de protection animale ne sont pas respectées », ajoute Pierre Buisson.

Cette visite pourrait en outre permettre d’aborder l’antibiorésistance, par une « pédagogie de la bonne utilisation des antibiotiques auprès des éleveurs », explique Pierre Buisson.

La contribution de la VSB au réseau de surveillance et à la prévention des risques sanitaires dans la filière bovine est scellée. La balle est donc aujourd’hui dans le camp de l’administration. La constitution prochaine d’un groupe de travail pourrait permettre de relancer la réflexion pour que des changements soient effectués en 2011. « Il est urgent d’agir si l’on veut changer le rythme de la visite et avoir un contenu plus ciblé », surenchérit Christophe Brard.

Les recommandations du rapport

1. Maintenir le principe d’une visite sanitaire bovine par un vétérinaire titulaire du mandat sanitaire et financée par l’Etat.

2. Réviser la forme du questionnaire : adaptation du module national et introduction de modules loco-régionaux.

3. Repenser le contenu du questionnaire.

4. Donner une dimension loco-régionale à la visite sanitaire bovine, complémentaire du module national défini par l’administration centrale.

5. Revenir à une fréquence annuelle.

6. Coupler la réalisation de la visite sanitaire bovine et du bilan sanitaire d’élevage.

7. Repenser l’aval et l’amont de la mise en œuvre de la visite sanitaire bovine.

8. Renforcer la formation des vétérinaires au mandat sanitaire.

9. Prévoir un dispositif de suivi systématique des élevages dépistés comme “à risque”.

10. Développer une valorisation nationale opérationnelle des résultats de la visite sanitaire bovine et, en parallèle, améliorer le retour d’informations aux différents acteurs.

M. N.

POUR EN SAVOIR PLUS

Consultez le rapport sur le site WK-vet.fr, rubrique “Semaine Vétérinaire” puis “ Compléments d’article”.

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