Individualisme et manque de responsabilité

Suite au courrier de Marc-Olivier Monestel dans La Semaine Vétérinaire du 8 octobre 2010, je voudrais faire remarquer que la paperasserie et la réglementation exponentielles sont d’abord la conséquence d’un individualisme (égocentrisme) et d’un manque de responsabilité généralisé : d’une part des intervenants, qui ont privilégié les actes et leur revenu avant l’intérêt général, d’autre part de l’administration, qui n’a pas voulu risquer de se voir reprocher quoi que ce soit, ni assumer le risque financier de la recherche d’indemnisation par les individus refusant l’existence même du risque ou voulant tirer un bénéfice personnel d’une situation de risque. D’où le développement du principe de précaution, qui vise initialement la stratégie de dénigrement de l’administration ou d’un groupe d’individus.

C’est le cas des anticancéreux, ou des œstrogènes et progestagènes, rejetés à vau-l’eau avec les effluents ménagers ou les eaux de percolation des terres cultivées, qui modifient la faune aquatique, puis le monde du vivant qui a besoin d’eau. Car il n’y a pas que les cancers chimio-induits…

C’est aussi le cas de la radiologie, où certains employeurs ont fait prendre des risques inutiles et anormaux à leur personnel, voire aux animaux, et ont créé un coût sociétal correspondant.

Alors que j’expliquais à un client pourquoi je devais rédiger une ordonnance banale, dans les règles, celui-ci m’a dit : « Tout le monde se méfie de tout le monde ! ». Réflexion éclairée que je compléterais volontiers en disant que tout le monde, ou presque, cherche à profiter et tirer parti de tout le monde. Ce qui explique, en réaction, et dans une ambiance d’anarchie (absence de hiérarchie), la surveillance et la coercition, l’absence de mesure du “zéro tolérance”, les méthodes totalitaristes et, au bout du compte, le déni de l’individu. Cet individualiste, qui en aura trop voulu, sera enfermé dans un système carcéral et exploité à son tour par quelques-uns qui seront, pour un temps au moins, aux rênes du pouvoir, et ce jusqu’à ce que le système éclate du fait de l’asphyxie des individus.

Hormis ces quelques réflexions sur la responsabilité individuelle, je partage complètement l’analyse de mon confrère.