Prendre le temps de dialoguer avec son corps

Méditation et relaxation sont parentes : agir sur l’une a un effet sur l’autre. Travailler sur l’une revient donc à exercer l’autre. Nous avons vu, au cours des dernières semaines, comment méditer, la posture, le rythme de la respiration, l’art et la manière de venir à bout des obstacles. Voyons maintenant, dans cette avant-dernière chronique consacrée à la méditation, comment utiliser et tirer profit des exercices périphériques pour induire ou prolonger cet état de bien-être au moyen de techniques éprouvées.

S’adresser au corps, comme pour lui dire “pardonne-moi, et allons-y doucement”

Le premier exercice pourrait s’intituler “après la méditation”. Il est simple à pratiquer, mais demande que vous soyez véritablement présent à ce que vous faites pour être efficace. Vous êtes donc assis, après votre séance de méditation qui aura duré environ cinq minutes ou au plus quinze minutes. Vous allez expirer lentement par le nez et rendre votre corps “joyeux” du répit que vous lui offrez. Concrètement, laissez la sensation de détente circuler dans tout votre corps. Vous devenez, et c’est important, “spectateur” de tout cela. Ce type d’exercice peut rappeler une pratique utilisée par les infirmières pour administrer une piqûre : elles donnent une petite tape sur les fesses. Loin d’être, comme on pourrait croire, une méthode un peu primaire pour “attendrir la viande”, ce geste apparemment anodin est d’une grande sagesse.

Cette petite tape n’est ni plus ni moins qu’un avertissement au corps de ce qui va se passer. Un langage sommaire, un raccourci en quelque sorte. Le message ainsi résumé est le suivant : « Je vais faire subir à ton corps une chose désagréable, aussi pardonne-moi et allons-y doucement. » Bien entendu, tout cela est imagé l’idée est de prendre conscience que l’organisme déteste souffrir et ne veut pas être brusqué. Dans la réalité, le dialogue avec son propre corps est une nécessité, et constitue un élément important de la synchronisation.

Le second temps consiste à se lever doucement, puis à tirer les bras vers le haut en inspirant, sans forcer. Ramenez ensuite les bras en arc de cercle en les abaissant, tout en expirant. A ce moment précis, imaginez que vous vous souriez à vous-même. C’est ce que les Orientaux appellent “le sourire intérieur”. C’est un exercice bénéfique qui permet de percevoir progressivement son corps, et celui des autres, d’une autre manière.

Une balle ou de l’eau vous traverse, accompagnée par la respiration

Un second exercice est celui de la balle. De quoi s’agit-il ? Tout simplement, encore, de ressentir, une expérience par trop délaissée aujourd’hui. Cet exercice peut se pratiquer le soir, pour se détendre, ou le matin pour retrouver une énergie sereine pour vivre autrement sa journée d’activité. Pour le pratiquer, il faut disposer d’environ cinq minutes. L’exercice consiste à imaginer le trajet d’une balle de tennis qui descendrait de votre tête à vos pieds au fur et à mesure que vous l’accompagnerez par votre imagination et votre respiration. Lorsque vous inspirez, vous détruisez sans crispation “l’obstacle”, comme dans les jeux vidéo. A l’expiration, vous restez sur la partie décontractée. Si cet exercice est réalisé le matin, il permet de mettre en place un véritable pont entre deux mondes : l’onirique et l’objectif. Une fois cet exercice terminé, et avant de manger quoi que ce soit, une bonne habitude consiste à boire un verre d’eau (avec ou sans citron, à température ambiante). Il s’agit alors d’avaler l’eau, mais surtout de sentir le trajet qu’elle parcourt à travers tout le corps. Par l’exercice de votre imagination, “conduisez” l’eau dans tout votre corps et sentez-la vous rafraîchir pendant environ une minute. Cet exercice est une véritable pratique de l’éveil, cet état d’esprit que la méditation permet de cultiver. Bouddha enseignait une pratique similaire, mais moins adaptée à notre vie moderne. Il s’agissait de s’asseoir, de faire silence au moyen de la respiration, puis de prendre conscience de chaque son, mouvement, de toute manifestation de la vie dans ses moindres détails. On distingue ainsi aisément l’idée “d’unisson” de “l’harmonie”. Dans le premier cas, il s’agit de s’effacer, d’aller ensemble vers le même but. Dans le second cas, chacun va dans la même direction, mais pas forcément sur une seule et même note. Une réflexion à méditer.