L’entretien de compétence permet d’apprécier le potentiel du candidat

Embaucher un collaborateur nécessite du temps et de la méthode. La simple lecture d’un curriculum vitae et d’une lettre de motivation ne suffit pas. Il faut “sentir” le candidat. L’entretien de compétence permet alors d’évaluer les qualités comportementales d’un individu.

Parmi les histoires qui circulent, il y en a une qui illustre bien le sujet. A la question « qu’est-ce que le Paradis ? », le narrateur répond : « Un Anglais pour commander les domestiques, un Italien pour compter fleurette, un Français pour faire la cuisine, etc. » D’où cette autre question, « qu’est-ce que l’Enfer ? », à laquelle il est répondu : « C’est un Anglais pour faire la cuisine, un Italien pour commander les domestiques, etc. » C’est la même chose en entreprise, quelle que soit sa taille. Chacun doit être à la bonne place et, comme les fonctions sont toujours évolutives dans notre monde moderne, il faut pouvoir apprécier le potentiel d’un collaborateur. L’entretien de compétence a pour objectif la mise en valeur de ses capacités. Ce qui est donc recherché, ce sont la faculté d’intégration (indispensable pour pouvoir travailler en équipe), le degré d’autonomie d’un individu et sa capacité à s’organiser, son adaptation au changement, sa rapidité d’exécution d’une tâche, l’aptitude à la prise de parole et au management.

Une méthodologie qui repose sur un questionnement rythmé

Pour mener à bien cet entretien, il faudra mettre en place toute une batterie de questions ciblées afin de ne pas perdre de vue l’objectif qui se résume à cette simple question néanmoins essentielle : est-ce le bon collaborateur ? C’est donc bien d’évaluation qu’il s’agit.

La bonne méthode consiste à interroger le candidat, sous la forme d’une discussion durant laquelle il lui sera demandé de raconter son expérience professionnelle et de choisir une situation vécue de travail en équipe. Il faudra alors juger la précision de sa description et la pertinence de ses remarques. Il convient en outre d’aborder avec lui la question du conflit, avec des questions comme « avez-vous dû composer avec de forts caractères ? », « comment cela s’est-il manifesté au sein de l’équipe ? », « comment avez-vous réagi et avec quels objectifs ? ». Les réponses vont permettre d’évaluer la capacité de synthèse du candidat et sa façon de s’exprimer. Ensuite, il est utile de lui demander, s’il n’en a pas parlé, quelle était l’origine du conflit. Mieux vaut avoir préalablement noté ses questions afin qu’il soit possible de faire une simple croix à chaque fois qu’une réponse est fournie. Vous pourrez ainsi mieux vous concentrer sur l’impression donnée par le candidat.

D’autres questions, plus générales en apparence, peuvent être posées, par exemple « quel rôle tient la motivation pour vous ? ». L’objectif est d’apprécier ses réactions et son comportement face à l’abstraction, puisque vous aurez déjà apprécié ses talents de narrateur et sa place dans le groupe. Il est également possible de lui couper la parole. Ne pas lui laisser terminer sa phrase permet ainsi de tester sa réaction. Parle-t-il en même temps que vous ? Montre-t-il des signes d’agacement ? Reste-t-il calme ? Un bon candidat pourrait dire « je vais vous répondre », et terminer en quelques mots l’idée qu’il développait avant que vous lui coupiez la parole.

Passez en outre du temps à noter les signes qu’il manifestera malgré lui. N’oublions pas que 80 % de la communication entre les hommes se fait de façon non verbale et que ce que vous ressentez de positif et de négatif, votre interlocuteur le ressent aussi. La différence est simplement dans l’intensité du message. Observez ses yeux. Quand vous posez une question, quel mouvement de l’œil se manifeste le plus souvent ? Des yeux qui se tournent vers l’extérieur indiquent une fuite ou un possible mensonge. Des yeux tournés vers l’intérieur montrent qu’il cherche la réponse.

Pour casser la “maîtrise” de tout comportement “appris”, il convient d’augmenter discrètement le rythme des questions. Vous pourrez ainsi apprécier sa “spontanéité”. Observez aussi ses mains. Les poings sont-ils fermés, y a-t-il une manifestation de crispation ? Des mains ouvertes signifient l’aptitude à l’ouverture, au dialogue.

Dans une prochaine chronique, nous aborderons les tests psychométriques (test de capacité, d’aptitude, de personnalité et de motivation) qui viennent compléter l’entretien.