Entre nous
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J’essaie tout d’abord d’appréhender les attentes des propriétaires par rapport à l’état de santé de leur animal. Se rendre à la clinique dans l’intention d’euthanasier son compagnon est une démarche particulièrement difficile, qui implique tout un cheminement psychologique. L’euthanasie n’est pas un acte banal. C’est pourquoi je laisse du temps aux propriétaires pour réfléchir et je leur explique le déroulement. Certains souhaitent partir tout de suite, d’autres veulent accompagner leur animal jusqu’au bout. Je respecte leur choix. L’animal est toujours anesthésié au préalable. Il m’arrive de sortir de la salle pendant l’endormissement afin que les propriétaires se recueillent tranquillement, selon leurs sentiments et leurs croyances.
Après l’acte, je crois qu’il est important de ne pas les laisser seuls avec leur peine et leur culpabilité. J’essaie d’être à leur écoute, car ils ont besoin d’avoir la possibilité d’exprimer leur chagrin. Il n’est pas toujours aisé pour eux d’en parler, car les gens, même dans l’entourage, ne comprennent pas forcément qu’on pleure la perte d’un animal. Je leur explique qu’ils n’ont pas choisi l’euthanasie contre leur compagnon, mais par respect pour lui et pour tout ce qu’il leur a apporté jusque-là. L’euthanasie pratiquée pour des raisons médicales, parce que l’animal souffre ou va souffrir, est un acte essentiel pour apporter une délivrance. Je pense que c’est une chance pour nous, vétérinaires, de pouvoir libérer l’animal de sa souffrance.
Il est indispensable de recueillir l’assentiment réel et réfléchi des propriétaires. Nous devons leur expliquer qu’il n’existe plus de solution médicale et que l’euthanasie s’impose pour éviter des souffrances inutiles. J’ajoute que cet acte est aussi indolore qu’une anesthésie générale dont l’animal ne se réveillerait pas.
Ensuite, la façon de procéder est capitale. Il faut essayer d’adoucir au maximum cet acte qui est un moment d’extrême tension pour les propriétaires. Outre le ton de la voix, qui doit rester doux, je pratique au préalable une injection anesthésique, qui permet aux propriétaires de rester à côté de leur animal, de le prendre dans les bras alors qu’il s’endort, en fait de lui dire au revoir. L’euthanasie est pratiquée au moment où les propriétaires en font la demande. L’essentiel est de ne pas les brusquer. Une fois l’acte pratiqué, j’ai toujours un geste tendre (caresse, mot affectueux) pour l’animal que je place sur une alèse, le corps recouvert d’un drap et la tête reposant sur une serviette, présentation qui donne une impression de confort. Je respecte le choix des propriétaires d’assister ou non à l’euthanasie, mais je tiens, à moins d’un refus catégorique, à ce qu’ils voient leur animal mort afin de matérialiser son départ, puis je les laisse seuls avec lui pour un ultime adieu. C’est à ce moment que les propriétaires ont le plus besoin de réconfort. Je leur consacre donc du temps. Même si nous côtoyons régulièrement la mort dans notre métier, respecter ce protocole nous associe fatalement à la peine des gens. Une implication sincère dont ils nous sont reconnaissants.
Pour les propriétaires, la décision d’euthanasie de leur animal est un moment particulièrement délicat. Je leur présente ce que je ferais dans la même situation : « Actuellement, votre animal est en souffrance, sa maladie est incurable et, si c’était le mien, la meilleure solution serait l’euthanasie. » Ensuite, la décision leur revient.
Dans les cas où la mort de l’animal est quasiment inéluctable, préparer les maîtres “en amont”, en répétant que malheureusement il faudra se résoudre tôt ou tard à l’euthanasie, peut aussi les aider à prendre la décision au meilleur moment. De même, quelques jours après la mort de l’animal, recontacter les propriétaires pour prendre de leurs nouvelles est généralement apprécié. Certains veulent adopter un nouvel animal rapidement, d’autres ont besoin de plus de temps pour faire leur deuil. Toutefois, il est important de leur signaler que nous pouvons les aider à choisir un nouveau compagnon.
En tant que praticien, je pense que l’euthanasie est l’acte le plus difficile. Psychologiquement, il faut parvenir à se détacher, ce qui n’est pas toujours évident quand l’animal est suivi depuis longtemps, mais sans tomber dans la banalisation. Avoir à l’esprit que pour la personne en face de nous, c’est tout sauf un acte banal. Même d’un point de vue technique, nous n’avons pas droit à l’erreur. Si le produit passe à côté de la veine ou si l’animal montre quelques signes de souffrance, les propriétaires peuvent mal le vivre. L’euthanasie est un acte qui demande réflexion et il est préférable de laisser du temps aux clients, si possible, pour éviter de prendre la décision trop à vif.
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