Le déficit en surfactant pulmonaire altère les échanges gazeux

Le surfactant pulmonaire est un matériau complexe tensio-actif sécrété continuellement dans la lumière alvéolaire par les pneumocytes de type 2. Il est constitué d’un grand nombre de molécules différentes : lipides, phospholipides et protéines. En raison de ces propriétés tensio-actives, la carence en surfactant est à l’origine d’un collapsus des alvéoles, donc d’une altération des échanges gazeux. Cela se traduit, chez le poulain prématuré, par des signes de détresse respiratoire aiguë, d’apnées, de cyanose.

Des essais de traitement chez l’enfant et le poulain

Le syndrome s’installe au cours des premières heures qui suivent la naissance. Il résulte de l’immaturité du poumon due à la prématurité.

Chez l’enfant né avant terme, ce déficit est traité, pendant quelques jours, par l’administration de surfactant exogène, en attendant que la maturité du poumon soit atteinte et que suffisamment de surfactant endogène soit produit. Cette affection peut être en partie prévenue par l’administration à la mère d’une courte cure de corticoïdes lors de naissance prématurée. Les anti-inflammatoires stéroïdiens (AIS) accélèrent la maturation pulmonaire et la synthèse de tous les constituants du surfactant.

Chez la jument, il est également possible de tenter untraitementà base de corticoïdes en cas de risque de poulinage imminent avant terme. En revanche, l’emploi de surfactant est, à ce jour, décevant chez le poulain, probablementen raison d’une utilisation trop tardive, et non en préventif. En effet, son coût prohibitif en limite l’emploi. Lorsqu’un poulain prématuré est placé en soins intensifs, notamment sous oxygène, il serait intéressant d’injecter du surfactant par la sonde endo-trachéale, avant l’insufflation d’oxygèneet l’apparition éventuelle des signes d’insuffisance respiratoire.

Plusieurs études pour mieux caractériser le surfactant

Le surfactant joue en outre un rôle dans la perméabilité alvéolaire (effet anti-œdémateux) et dans les mécanismes de défense contre les micro-organismes. Dans le syndrome de détresse respiratoire aiguë de l’adulte, il existe aussi un déficit en surfactant, mais qui est cette fois secondaire aux lésions de l’épithélium alvéolaire. Aujourd’hui, des altérations dans la fonction et la composition du surfactant pulmonaire sont impliquées dans de nombreuses maladies respiratoires humaines.

Les connaissances actuelles sur le rôle du surfactant pulmonaire lors d’affections respiratoires équines s’améliorent grâce à la recherche dans ce domaine. Différentes études, menées par le laboratoire où travaillait notre confrère U.Christmann, ont eu pour objectif de caractériser le surfactant chez quinze chevaux sains, de comparer le surfactant de poulains nouveau-nés à celui de chevaux adultes (sept poulains de moins de vingt-quatre heures post-partum et six chevaux adultes) et d’évaluerl’effet de différents stades de maladie obstructive des voies respiratoires (MORVR) sur le surfactant (six chevaux atteints d’obstruction respiratoire récurrente et six “témoins”).

Le surfactant pulmonaire est obtenu à partir du liquide de lavage broncho-alvéolaire dépourvu de cellules et soumis à une ultracentrifugation. La quantité de surfactant est mesurée après l’extraction organique, l’analyse de la composition phospholipidique est réalisée par chromatographie à haute performance et la mesure de la tension de surface est effectuée avec un surfactomètre à bulle pulsée.

Les résultats de la première étude montrent une réduction progressive de la quantité de surfactant avec l’âge chez les chevaux sains, sans modification de la composition de ce dernier. Les résultats de la deuxième étude indiquent une maturation incomplète de la composition du surfactant pulmonaire chez les poulains nouveau-nés (taux plus bas de phosphatidylglycérol et plus élevé de phosphatidylinositol) par rapport aux chevaux adultes. La troisième étude a permis d’établir qu’une diminution de la quantité de surfactant est effective chez les chevaux qui souffrent d’une obstruction respiratoire récurrente, même en rémission, et est exacerbée par l’apparition de signes cliniques de la maladie.

• Source : U. Christmann : « Le rôle du surfactant pulmonaire dans les maladies respiratoires équines : connaissances actuelles », conférence présentée lors des journées annuelles de l’Avef 2010 à Bordeaux.