Les trois quarts des vétonautes consultés voient dans la télémédecine une source d’erreurs diagnostiques - La Semaine Vétérinaire n° 1427 du 26/11/2010
La Semaine Vétérinaire n° 1427 du 26/11/2010

Entre nous

QU’EN PENSEZ-VOUS ?

Auteur(s) : Nathalie Devos

La télémédecine en humaine, via le combiné téléphonique ou la souris de l’ordinateur, qui sera légale dès 2011(1), ne laisse pas les vétérinaires indifférents. « Que devient l’examen clinique à la base de tout bon diagnostic ? », s’interroge un vétonaute. « Cela signifie des erreurs de diagnostic et de prescription à coup sûr », déplore un autre. « De toute façon, cela ne concernera jamais notre activité, puisque nous sommes une profession de services », ironise un troisième. Relèvent de la télémédecine « les actes médicaux, réalisés à distance, au moyen d’un dispositif utilisant les technologies de l’information et de la communication ». Ils englobent la téléconsultation, la téléexpertise, la télésurveillance médicale, la téléassistance médicale et la réponse médicale (apportée dans le cadre de la régulation médicale).

C’est la téléconsultation qui semble le plus concentrer les réticences. Crainte d’un mauvais diagnostic, besoin de proximité dans la relation avec son médecin, comme les vétonautes, la télémédecine attire peu les Français dans leur globalité. C’est ce que révèle un sondage du groupe Pasteur Mutualité(1). Seuls 17 % des sondés se déclarent prêts à utiliser Internet pour consulter un médecin, versus 81 % qui s’y refusent (2 % sont sans opinion sur le sujet). En outre, et ce n’est pas surprenant, l’intérêt pour la téléconsulation concerne majoritairement les individus qui ont moins de temps libre que les autres comme les actifs, les jeunes parents, etc. (22 % des 25 à 49 ans). La téléconsultation trouve également des adeptes parmi ceux qui utilisent régulièrement cette technologie (les moins de 50 ans, les cadres et les professions intermédiaires principalement). Paradoxalement, seuls 14 % des jeunes de 18 à 24 ans interrogés se disent disposés à faire usage de la télémédecine. Quant aux personnes de plus de 65 ans, moins à l’aise avec les outils informatiques, elles ne sont que 7 % à envisager d’utiliser l’Internet pour une consultation.

La télémedecine, selon l’ex-ministre de la santé Roselyne Bachelot, devrait avant tout servir à pallier le déficit des médecins dans les zones dites “déserts médicaux”. Pourtant, les résultats du sondage du groupe Pasteur Mutualité montrent que ce sont majoritairement les franciliens (22 %) qui sont demandeurs de télémédecine parmi les personnes qui y sont favorables, devant les habitants des communes rurales.

Finalement, la légalisation de la téléconsultation pourrait avoir un effet inverse, en incitant encore moins les jeunes médecins à s’installer en zone rurale…

  • (1) Décret du 19/10/2010 (JO du 21/10/2010).

  • (2) Rendu public le 3/11/2010 et réalisé avec l’institut ViaVoice.

réactions Internet

Pas imaginable en médecine vétérinaire !

En médecine vétérinaire, rien ne remplace l’examen clinique, et même si certains cas bénins pourraient être gérés de manière acceptable, pour les cas plus lourds, la télémédecine ne sera, à mon sens, que la source de graves erreurs. Imaginez simplement le toucher prostatique, l’examen des conduits auditifs, etc., par webcam interposée. Par ailleurs, comment pourrait-on faire confiance aux propriétaires pour l’évaluation à distance d’un paramètre donné, ne serait-ce que pour une simple douleur, quand certains sont parfois incapables de tenir leurs animaux par crainte ? De plus, la plupart viennent à la clinique principalement pour un acte concret. En téléconsultation, il n’existe plus, hors c’est justement l’acte, selon moi, que la profession doit valoriser pour mieux “tirer son épingle du jeu”.

Noureddin Koleilat

Pauvre médecine…

Après le logiciel de diagnostic pour les éleveurs, voici la médecine par Internet ! Je ne comprends pas que l’on puisse imaginer poser un diagnostic sans palpation, sans auscultation, sans l’observation de certains détails comme l’aspect des muqueuses, etc. Même les odeurs peuvent apporter des informations importantes. En entrant dans cette ère du tout virtuel, nous perdons la finesse des facultés de perception.

Dans le meilleur des cas, la médecine sera moins efficace et au pire, la télémédecine sera dangereuse. Ce n’est pas l’avenir dont je rêve en tout cas pour notre profession !

Philippe Zeppa
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