Entre nous
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En 1976, à l’époque de mon installation, il était inimaginable d’évoluer vers une “marchandisation” de la profession. Je ne suis pas certain que ce formatage, qui conduit à une banalisation de l’acte vétérinaire, soit une bonne chose. Peut-être est-ce une nécessité ? Il faut trouver d’autres formules pour répondre à la demande des gens, laisser faire des expériences sous le contrôle de l’Ordre.
S’il est dommage de formater la profession dans de telles structures, du seul point de vue économique, cela tient la route. Ce qui se passe en Grande-Bretagne ou en Espagne, n’est pas forcément mauvais. J’ai été contacté par une consœur britannique qui dirige une clinique de 1 000 m2 et emploie trente et une personnes. Elle envisageait de s’implanter en France. En discutant, elle s’est vite aperçue que les méthodes utilisées outre-Manche n’étaient pas immédiatement transposables dans l’Hexagone. Cela dit, la profession a peut-être intérêt à trouver des passerelles, de nouvelles façons de faire. Etre mieux organisés, mieux structurés n’est pas réservé aux chaînes. Cette notion angoisse la profession, mais il faut être imaginatif et oser. Reste à savoir qui sera derrière les cabinets demain ? Les financiers ou les vétérinaires ?
Les franchises vont favoriser la rentabilité commerciale au détriment de la qualité des soins. On va privilégier les examens complémentaires, recourir à des analyses biochimiques, pour rentabiliser le matériel. La guerre des prix fragilisera les petites structures. Les vétérinaires feront face à une nouvelle forme de concurrence. Il y aura donc un impact, mais pas au point de fragiliser la rentabilité. La plupart des gens sont attachés au suivi et au conseil de leur vétérinaire.
En fait, je me pose la question des salaires. Si les franchises dominent le marché, un rapport de force va s’installer, elles auront du poids pour dicter leurs conditions aux salariés. On peut redouter qu’après avoir cassé les prix des soins pour capter le marché et faire disparaître la concurrence, les chaînes en profitent pour diminuer la rémunération des vétérinaires au niveau de la convention collective. Et faute de concurrence, les confrères n’auront pas d’alternative à opposer. Faute d’être syndiqués aussi, les individus auront du mal à faire entendre leurs revendications.
Les rares cliniques indépendantes qui resteront devront sans doute se regrouper pour offrir des services plus complets et polyspécialisés. Je n’ai pas peur, mais je ne suis pas ravi de cette évolution. Je ne pense pas que cela améliore la qualité des soins aux animaux et que le consommateur s’y retrouve. Mais la profession vétérinaire en a vu d’autres. Elle va s’adapter.
Ce système répond davantage aux besoins de la canine que de la rurale où, pour des raisons d’astreinte et de proximité géographique, le développement des chaînes et des franchises sera plus compliqué. Le principal intérêt de la franchise, de la création d’une marque ou d’un réseau, c’est la mutualisation des coûts. En fait, c’est l’étape d’après les Groupements d’intérêts économiques (GIE), comme on a pu le voir dans d’autres professions, avec des plombiers ou des électriciens, par exemple, entrés dans des grands groupes d’achats. J’imagine bien la même chose chez les vétérinaires. Nous allons assister à la naissance de nouvelles structures.
Pour moi, les deux systèmes vont cohabiter. L’avantage de la franchise, c’est d’imposer les choses, au lieu de palabrer entre une trentaine d’associés d’un GIE. Pour beaucoup de vétérinaires libéraux, en revanche, l’inconvénient est d’y perdre leur capacité de décision. Si nous allons vers une totale libéralisation, la franchise nous permettra de nous développer grâce à des moyens publicitaires. Surtout, elle va nous donner les moyens de nous agrandir en embauchant d’autres professionnels que des vétérinaires, comme des pareurs, des comportementalistes, des conseillers agricoles, des agronomes, etc. Autant d’activités abordées par les vétérinaires sans qu’ils s’y connaissent vraiment. Ainsi, les structures disposeraient de vraies compétences pouvant fournir toute une palette de services dans l’alimentation, la génétique, etc. Ce que nous faisons de façon empirique aujourd’hui.
Personnellement, je serais prêt à étudier la question de la franchise pour diversifier l’horizon d’une rurale “vouée à l’échec”. Mais la question laisse septique les autres associés, spécialisés en canine, qui craignent une atteinte à leur liberté…
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