L’éleveur est sensibilisé au traitement de la douleur chez ses bovins - La Semaine Vétérinaire n° 1428 du 03/12/2010
La Semaine Vétérinaire n° 1428 du 03/12/2010

Sommet de l’élevage. Douleur animale

Actualité

Auteur(s) : Serge Trouillet

Un groupe d’experts indépendants et de praticiens a été réuni par trois laboratoires (Boehringer Ingelheim, Merial et Vétoquinol) afin d’établir des recommandations pour une meilleure prise en charge de la douleur chez les bovins par les vétérinaires et les éleveurs (Boreve®). Notre confrère Christian Guidarini (responsable technique et développement chez Boehringer Ingelheim) a exposé aux éleveurs, dans le cadre du Sommet de l’élevage le 7 octobre dernier à Clermont-Ferrand, ce que sont les mécanismes de la douleur et l’arsenal thérapeutique pour la traiter.

Il n’y a pas une seule douleur, mais plusieurs

Les douleurs peuvent être classées selon leur durée (aiguë ou chronique) ou la localisation (viscérale ou somatique).

La douleur aiguë se manifeste pendant un temps limité et joue généralement un rôle protecteur, d’avertissement, d’éducation. C’est le cas, par exemple, lorsque la main est approchée du feu : la douleur provoque un réflexe de retrait. La douleur chronique résulte, dans la plupart des cas, d’une mauvaise gestion de la douleur aiguë, par exemple une boiterie mal traitée. Il est rare qu’elle ne passe pas d’abord par cette phase. Elle est beaucoup plus insidieuse, lancinante, parfois difficile à détecter dans le comportement ou par des signes cliniques, notamment chez les jeunes mammifères. Cette douleur répond mal au traitement. Elle pourra entraîner des conséquences reproductibles sur le long terme, même avec un traitement installé selon les règles de l’art. D’où l’importance de sa prise en charge le plus tôt possible.

L’expression de la douleur viscérale, notamment abdominale ou thoracique (colique, vache en travail, torsion, caillette, etc.), est bien différente de celle de la douleur somatique (boiterie, douleur musculaire). Une vache qui boite adopte un comportement de défense qui consiste à reporter le plus possible le poids de son corps hors de la zone douloureuse, alors qu’après une césarienne, l’animal a plutôt tendance à ne pas manifester sa douleur en présence de l’homme, mais seulement quand elle est seule. La prise en charge doit donc être adaptée à l’origine de la douleur.

Plusieurs armes : les analgésiques stricts, les anesthésiques locaux et généraux

Quel est aujourd’hui l’arsenal thérapeutique disponible, et pour qui ? D’abord, il y a les analgésiques stricts que sont les anti-inflammatoires non stéroïdiens (Metacam®, Ketofen® ou Tol­fine®). Délivrés sur prescription vétérinaire, ces AINS sont administrables par l’éleveur qui, parfois, les sous-utilise, malgré leur efficacité et leur indication pour la plupart des situations rencontrées en élevage. Les morphiniques appartiennent également à cette catégorie, mais seuls les vétérinaires peuvent les utiliser. Dans l’arsenal thérapeutique figurent également les anesthésiques locaux, comme la lidocaïne. Leur emploi par les éleveurs n’est pas autorisé en France, mais certains pays comme la Suisse ou le Danemark ont initié des dérogations dans ce sens. Enfin sont disponibles les anesthésiques généraux, les tranquillisants, à usage vétérinaire strict. Ils sont utilisés pour la sédation, mais aussi pour une meilleure protection tant de l’homme que de l’animal lors de sa manipulation.

Nursing et surveillance pour des soins qui soulagent

Les interactions homme-animal au quotidien (ce que les Anglais appellent le nursing) sont aussi de première importance. Pour garder des animaux en bonne santé et limiter au maximum leur souffrance, il faut leur apporter des soins adaptés et au bon moment. Il ne s’agit souvent que d’évidences : une litière propre, de l’eau à proximité immédiate lorsqu’une vache est couchée, la traire plusieurs fois par jour lorsqu’elle souffre d’une mammite colibacillaire, etc. Toutes ces mesures simples contribuent à soulager l’animal et facilitent sa guérison.

La surveillance est un autre élément d’importance. Les éleveurs sont les seuls à observer les animaux au quotidien et à pouvoir détecter précocement des signes anormaux évoquant des comportements de douleur, afin de la traiter le plus tôt possible. Ils sont invités à en discuter avec leur vétérinaire, pour que les situations où ils peuvent utiliser des antidouleurs soient listées dans le protocole de soins de l’élevage, avec les modalités d’administration et le dosage.

Le traitement de la douleur s’effectue alors selon son intensité, qui se décline en trois paliers (voir encadré). Au final, la prise en charge médicale de la douleur est possible, tant par le vétérinaire (paliers 2 et 3) que par l’éleveur lui-même (détection, palier 1 et surveillance). Les médicaments sont disponibles, mais ils sont plus ou moins utilisables par l’éleveur selon les protocoles de soins. Dans certaines situations, le recours au praticien devient nécessaire pour l’administration de molécules à usage vétérinaire strict. Mais au-delà de la réponse médicamenteuse, il ne faut surtout pas oublier l’importance de la surveillance et des mesures non médicales au quotidien, qui sont une aide au mieux-être des animaux d’élevage.

Trois paliers de douleur

• Le palier 1 concerne la pneumonie, les maladies de nombril peu compliquées, la diarrhée, les chocs, les boiteries légères, etc. C’est l’affaire de l’éleveur, qui traite avec des AINS.

• Le palier 2 concerne les petits actes chirurgicaux ou les interventions courantes (césarienne, écornage, parage, castration, etc.). L’intervention de l’éleveur et le recours aux AINS ne sont souvent pas suffisants. Il faut parfois ajouter des morphiniques, des α2-agonistes, et procéder à des actes réellement vétérinaires.

• Le palier 3, le plus élevé, est lié à la chirurgie lourde, comme une torsion de caillette, une amputation d’onglon, des étranglements intestinaux, une césarienne compliquée, etc. Si l’intervention se justifie économiquement, il faut l’effectuer avec une panoplie de médicaments et d’actes qui sont du ressort du seul vétérinaire.

S. T.
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