Tolérance à l’effort
Formation continue
ÉQUIDÉS
Auteur(s) : Anne Couroucé-Malblanc
Des affections des voies respiratoires profondes sont parfois associées à cette anomalie et peuvent contribuer à une intolérance à l’exercice chez les chevaux atteints.
Le déplacement dorsal du voile du palais est la cause la plus commune de collapsus dynamique de la région naso-pharyngée, identifiée au cours de l’exercice sur tapis roulant chez des chevaux de course(1). L’étiologie de cette maladie est complexe, car elle peut être causée ou exacerbée par une inflammation du pharynx. De plus, des affections des voies respiratoires profondes sont parfois associées au déplacement dorsal du voile du palais et peuvent contribuer à une intolérance à l’exercice chez les chevaux atteints.
L’objectif de l’étude était d’évaluer la prévalence et l’impact des affections respiratoires profondes chez des trotteurs présentant ce déplacement, par comparaison avec une population témoin.
Les vingt-deux chevaux du groupe “contrôle” sont considérés comme de bons performers selon l’avis de leur entraîneur et en raison de leurs bonnes performances en course. Les vingt-quatre chevaux du groupe “déplacement dorsal du voile du palais” sont présentés pour intolérance à l’effort avec ou sans bruit respiratoire associé (30 % ne font pas de bruit au cours de l’exercice).
Tous les chevaux des deux groupes effectuent un test d’effort sur le tapis roulant, avec une mesure de la fréquence cardiaque et de la lactatémie.
Par ailleurs, des endoscopies au repos, au cours de l’exercice sur le tapis roulant et une heure après l’effort sont effectuées afin d’évaluer le grade de pharyngite, les poches gutturales et la trachée (grade demucus), ainsi que les anomalies dynamiques des voies respiratoires supérieures au cours de l’exercice.
Une heure après l’effort, des prélèvements respiratoires sont réalisés (lavage trachéal pour analyse bactériologique et cytologique et lavage broncho-alvéolaire pour analyse cytologique).
La classification des chevaux est effectuée selon les définitions suivantes (E. Richard et coll., 2009 a et b, voir encadré) :
– syndrome d’inflammation trachéale (STI) : cytologie révélant un pourcentage de neutrophiles supérieur ou égal à 20 %;
– infection bactérienne : isolation de bactéries en nombre supérieur ou égal à 105 CFU/ml ;
– maladie inflammatoire des voies respiratoires profondes (MIVRP) : cytologie du lavage broncho-alvéolaire post-exercice avec un taux de neutrophiles supérieur ou égal à 15 % et/ou de mastocytes supérieur à 2 % et/ou d’éosinophiles supérieur ou égal à 1 % ;
– hémorragie pulmonaire induite à l’exercice (HPIE) : cytologie du lavage broncho-alvéolaire avec plus de 20 % des macrophages qui sont des hémosidérophages.
Les résultats montrent que les chevaux atteints d’un déplacement dorsal du voile du palais présentent une forte prévalence d’affections des voies respiratoires intermédiaires et profondes (voir tableau 1). Néanmoins, il est également noté une proportion élevée de maladie inflammatoire des voies respiratoires profondes chez les chevaux du groupe “contrôle” (performants en course).
Concernant la bactériologie, la proportion de liquides stériles est similaire dans les deux groupes (voir tableau 2). En revanche, tous les chevaux du groupe “contrôle” présentent un taux de bactéries inférieur à 105 CFU/ml, alors que la majeure partie des chevaux du groupe “déplacement dorsal du voile du palais” affichent un taux de bactéries supérieur à 105 CFU/ml avec un pourcentage de neutrophiles dans la trachée anormalement élevé (plus de 20 %).
Concernant la tolérance de l’exercice, les chevaux du groupe “déplacement dorsal du voile du palais” présentent une lactatémie significativement supérieure à celle des chevaux performants lors du quatrième palier du test d’effort effectué avec l’endoscope et à vitesse maximale. Cela s’explique par le moment d’apparition du déplacement dorsal du voile du palais lors de l’exercice, cette anomalie survenant au cours d’un effort maximal et/ou d’une course. Si le lot “déplacement dorsal du voile du palais” est subdivisé en trois sous-groupes :
– chevaux avec un déplacement dorsal du voile du palais seul ;
– chevaux avec un déplacement dorsal du voile du palais et une maladie inflammatoire des voies respiratoires profondes ;
– chevaux avec un déplacement dorsal du voile du palais, une maladie inflammatoire des voies respiratoires profondes et une hémorragie pulmonaire induite à l’exercice ;
les chevaux atteints d’une affection des voies respiratoires associée au déplacement dorsal du voile du palais présentent une lactatémie plus élevée au cours des quatre paliers du test d’effort. Cela se traduit par une V4 plus basse (vitesse pour une lactatémie de 4 mmol/l), un paramètre significativement lié à la performance en course chez le cheval, notamment chez le trotteur.
En revanche, aucune différence entre les deux groupes n’est mise en évidence du point de vue de la fréquence cardiaque : la V200 est similaire (vitesse pour une fréquence de 200 battements par minute, voir graphique 2).
Les chevaux qui souffrent d’un déplacement dorsal du voile du palais affichent une forte prévalence de maladie inflammatoire des voies respiratoires et de syndrome d’inflammation trachéale, associée à une bactériologie significative(taux de bactéries supérieur à 105 CFU/ml) dans plus de 59 % des cas.
Cette étude suggère également que les chevaux atteints de cette anomalie associée à une affection des voies respiratoires profondes (maladie inflammatoire des voies respiratoires profondes et/ou hémorragie pulmonaire induite à l’exercice) sont plus intolérants à l’exercice submaximal et maximal que ceux du groupe “contrôle” ou que leurs congénères qui présentent un déplacement dorsal du voile du palais seul.
Même si le déplacement est traité chirurgicalement, il est recommandé de ne pas négliger le diagnostic puis le traitement des affections des voies respiratoires intermédiaires et profondes chez ces chevaux, car elles peuvent avoir un véritable impact sur la performance en course et/ou sur l’efficacité de l’intervention.
(1) A. Couroucé-Malblanc, V. Deniau, F. Rossignol, R. Corde, C. Leleu, K. Maillard, P.H. Pitel, S. Pronost et G. Fortier : « Physiological measurements and prevalence of lower airway diseases in Trotters with dorsal displacement of the soft palate », Equine Veterinary Journal, 2010, vol. 42, suppl. 38, pp. 246-255.
Autre source : conférence d’Anne Couroucé-Malblanc et coll., 8e International Congress of Equine Exercise Physiology, à Cape Town (Afrique du Sud).
• E. Richard, G. Fortier, P.H. Pitel, M.C. Dupuis, J.P.Valette, T. Art, J.M. Denoix, P. Lekeux, E. van Erck : « Subclinical diseases affecting performance in Standardbred trotters : Diagnostic methods and predictive parameters », The Veterinary Journal, 2009a, vol. 184, n° 3, pp. 282-289.
• E. Richard, G. Fortier, P. Lekeux, E. van Erck : « Laboratory findings in respiratory fluids of the poor-performing horse », The Veterinary Journal, 2009b, vol. 185, n° 2, pp. 115-122.
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