Les chevaux transportés sont souvent en mauvais état

Personne ne devrait transporter un cheval blessé », a lancé Joanne White (Horse Animal Welfare). Et pourtant… Selon une étude de Martin et coll. (2010), 50 % des chevaux observés en Roumanie lors de leur chargement présentaient des lésions anciennes et 25 % de ceux qui arrivaient en Italie des blessures récentes. « Nous souhaitons mettre fin aux transports sur de longues distances grâce à une approche scientifique fondée sur les faits », a poursuivi Joanne White.

Les constats sont parfois tragiques : manque d’eau pour les animaux, de nourriture, pas de repos adéquat, des véhicules qui ne font aucun arrêt, une mauvaise gestion des coliques, etc. « Il devrait être interdit de frapper les chevaux », doit malheureusement préciser Joanne White… En outre, « 74 % montrent des lésions de frottement provenant du véhicule en raison du manque d’espace ou d’un matériel inapproprié. » Pas d’espace pour se reposer, pas d’abreuvement, « plus de chevaux transportés que de déclarés, des foals de moins de huit mois transportés avec les autres, des chevaux coincés par les flancs de séparation, d’autres piétinés, etc. » : les infractions constatées par Alexander Rabitsch (vétérinaire inspecteur, Autriche) sont également multiples.

Tous ces constats renforcent la nécessité de faire appliquer les règles et d’une communication claire entre les Etats, de s’assurer de l’état des équidés avant, pendant et après le transport : « Les vétérinaires ont dans ce cadre un rôle clé à jouer », a insisté Joanne White.

Des contrevenants qui sont parfois inventifs…

Selon Mario Sapino, vétérinaire inspecteur dans le Piémont (Italie), le certificat vétérinaire couvre parfois des irrégularités, il convient donc d’être attentif : « Si le vétérinaire n’est pas vigilant lors du chargement, certains transporteurs n’hésitent pas à charger vingt-quatre chevaux dans un même véhicule, alors que vingt sont notés sur le certificat… » Des contrôles sont donc indispensables durant le voyage. « Ces mêmes transporteurs s’organisent sinon pour décharger les quatre chevaux avant l’arrivée et être ainsi en règle en termes d’effectif à l’abattoir. » « Les vétérinaires inspecteurs ont le pouvoir d’ordonner l’abattage immédiat d’un cheval s’il souffre, il faut donc les encourager à euthanasier ces animaux, cela leur évite des souffrances ultérieures », a ajouté Desmond Leadon (EFTBA), une mesure qui pourrait paraître “choc”, mais qui, en raison des conséquences économiques pour le producteur, l’incitera à améliorer les conditions de transport par la suite. « Quand le cheval arrive en Italie, il est souvent trop tard… », a en effet constaté une consœur italienne. Mieux vaut donc agir en amont plutôt que de constater les dégâts à l’arrivée : des chevaux épuisés ou morts.