Entre nous
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Ma principale contrainte est d’être “irremplaçable”. Je suis le seul vétérinaire sur le parc et je suis disponible vingt-quatre heures sur vingt-quatre, tous les jours de l’année. Même en vacances, je reste joignable. Et je suis contacté ! M’organiser avec d’autres vétérinaires de parc est infaisable, car ils sont trop éloignés. Et les praticiens alentours sont vite limités par leur manque de connaissance des spécificités des espèces sauvages. J’ai donc comme un fil à la patte qui m’empêche de vivre des moments de vraie tranquillité.
Je souffre aussi d’un manque de moyens. Je dispose d’une salle de soins équipée pour les interventions courantes, mais il me manque la possibilité d’effectuer des examens complémentaires (radiographies, analyses, etc.).
Plus généralement, la médecine de la faune sauvage est souvent frustrante, car même en captivité, les animaux dissimulent leurs faiblesses. Une plaie ou une boiterie se voit. Mais les symptômes d’une affection interne sont plus difficilement détectés. La prise en charge des animaux malades est donc souvent tardive, ce qui réduit les chances de succès. Les possibilités de soins sont également limitées : il est inenvisageable, par exemple, de poser une collerette à un lynx ou d’hospitaliser un animal qui vit en groupe (il serait mal accepté à son retour). Toute intervention est donc bien réfléchie à l’avance. La manipulation des animaux est abrégée au maximum. J’emploie beaucoup de médicaments à longue action, et j’utilise des subterfuges pour les administrations per os.
Depuis l’arrêt Riaucourt, je suis obligé de passer par un pharmacien pour commander les médicaments, ce qui est une véritable contrainte pratique et financière.
En tant qu’urgentiste à domicile, mes horaires de travail sont en total décalage. Je travaille souvent le soir, la nuit et les week-ends. Il est difficile, dans ces conditions, d’avoir une vie sociale et privée. Exercer la nuit, dans des situations d’urgence, est parfois anxiogène, même si finalement l’accueil des propriétaires est souvent bon. La circulation parisienne et ses bouchons représentent également une contrainte. Nous n’avons pas de sirène et aucune possibilité d’emprunter les couloirs de bus !
D’un point de vue administratif, je pense avoir les mêmes contraintes que tout patron d’une petite entreprise. En plus de mon travail de vétérinaire, il me faut être bon en marketing, management, comptabilité, fiscalité, etc.
Mais le turn-over régulier dans notre équipe est plus spécifique de notre mode d’exercice. Nous sommes dans un recrutement quasi permanent, ce qui est contraignant, car la pratique des urgences à domicile exige un certain niveau de compétence et d’expérience. La formation de nos collaborateurs est chronophage, mais c’est la clé de la réussite de notre service.
Nous avons enfin des contraintes “ordinales” : la communication des vétérinaires à domicile est encore plus limitée que celle des cabinets, cliniques ou hôpitaux, car nous n’avons pas de local sur lequel apposer une plaque et une croix.
L’Association des vétérinaires à domicile (Avad), dont je suis membre fondateur, s’emploie à faire valoir certains “droits” pour notre mode d’exercice particulier, comme celui d’identifier nos véhicules. Je pense que la possibilité d’avoir un site Internet vitrine (dans le respect de la confraternité) serait aussi une avancée importante pour nous.
Comme tous mes confrères, je subis les contraintes administratives, réglementaires et déontologiques de notre exercice. Les tâches administratives m’occupent une heure par jour, au lieu d’une heure par mois auparavant. Notre obligation de moyens est également contraignante, au sens où elle nous oblige à posséder l’équipement nécessaire aux examens complémentaires de base. Celui-ci représente un investissement financier important, mais incontournable pour qui veut faire de la bonne médecine générale, qui suppose évidemment une formation continue exigeante.
J’ai d’autres contraintes liées à ma pratique des médecines alternatives, mais je ne les vis pas comme telles, car mon plaisir de travailler les fait passer au second plan. La phytothérapie impose, par exemple, de disposer d’un large éventail de matières premières qu’il faut se procurer directement auprès des laboratoires fabricants. Je regrette qu’elles ne soient pas toutes disponibles en centrale d’achats.
Mon activité d’enseignant m’oblige aussi à une organisation rigoureuse, mais c’est un choix. Elle impose en outre un important travail de formation continue, qui remplit mon temps libre. Mais je ne la considère pas comme une charge, devant le plaisir de mettre en pratique ce que j’apprends, puis de le transmettre.
A mes yeux, partager son savoir – les réussites comme les échecs – est une priorité : tout ce qui n’est pas donné est perdu !
Mais autant j’accepte ces incontournables, autant je me révolterai contre des règles qui restreindraient mon exercice, comme la possible interdiction des préparations extemporanées. En phytothérapie, il faut quotidiennement individualiser le cas et élaborer le remède adapté à chacun.
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