Transport des équidés : le chemin est encore bien long - La Semaine Vétérinaire n° 1428 du 03/12/2010
La Semaine Vétérinaire n° 1428 du 03/12/2010

Bruxelles. Bien-traitance animale

Actualité

Auteur(s) : Marine Neveux

Le premier symposium sur le transport des chevaux (à destination ou non de l’abattoir) organisé par la FVE et la Beva, s’est tenu à Bruxelles le 29 novembre dernier.

Plus de vingt pays étaient représentés au symposium organisé par la Federation of Veterinarians in Europe (FVE) et la British Equine Veterinary Association (Beva). L’occasion de réunir des vétérinaires, des fonctionnaires, des transporteurs, des associations de protection animale autour d’un sujet dont la réalité de terrain est parfois dramatique. Car la législation et la réglementation sur le transport des équidés sont loin d’être toujours respectées.

Le temps de trajet (trop long) a été soulevé comme la faiblesse majeure du système, avec toutes ses conséquences en termes de bien-traitance animale, mais aussi de risques sanitaires pour l’animal (maladies émergentes favorisées par un état de faiblesse immunitaire) et la santé publique.

L’autre point d’orgue est celui de la réglementation sur l’identification, fondamentale pour protéger l’animal et la chaîne alimentaire. « Nous devons nous assurer que les pénalités sont effectives, proportionnelles à l’infraction et dissuasives, a souligné Pierre Naassens (chef des services vétérinaires belges). Un canal de communication efficace entre les pays devrait être établi et maintenu. » Par ailleurs, force est de constater que parfois, le manque de connaissance, de vigilance ou de formation peut conduire au transport de chevaux dans des conditions déplorables. L’information et la formation sont donc deux clefs de voûte importantes du système.

Favoriser le transport des carcasses plutôt que des chevaux vivants

« Il faudrait réduire le transport des animaux vivants au profit de celui des carcasses, a insisté Josh Slater, président de la Federation of European Equine Veterinary Associations. L’abattage doit se faire au plus près du lieu de vie de l’animal. Pourquoi ne pas augmenter le prix du transport pour les abattoirs, afin de les dissuader d’effectuer de longs trajets hors du lieu d’origine ? », a suggéré notre confrère Desmond Leadon, de l’European Federation of Thoroughbred Breeders’Associations (EFTBA).

« J’ai observé que des chevaux vivants étaient exportés jusqu’au Japon, ce qui pose le problème du temps de transport », a témoigné Andrea Gavinelli (DG Sanco, Animal Welfare Unit).

Les abattoirs doivent disposer d’une licence approuvée par les autorités du pays. « Pour protéger les chevaux destinés à être abattus, l’identification est importante, car elle est au cœur des dispositifs de contrôle », a poursuivi Josh Slater. Elle favorise en effet la bien-traitance des animaux, la surveillance des maladies, donc la sécurité de la chaîne alimentaire (traçabilité). « La réglementation européenne 1/2005 doit être appliquée sur le terrain. » Une harmonisation et une standardisation entre tous les pays européens sont en effet nécessaires. Adopter une approche commune permettrait d’éviter les confusions, de limiter les temps de trajet, de vérifier les documents de transport et l’identification des chevaux, de faire inspecter par les vétérinaires les animaux lors du chargement, au cours du voyage et au déchargement à l’abattoir. La profession a un rôle clef à jouer dans ce cadre, tant au niveau de l’éducation sur les procédures relatives aux chevaux que sur les transports, les inspections aux frontières ou à l’abattoir.

« Notre priorité va au transport des chevaux pour l’abattage, car les règles n’y sont pas forcément appliquées », a expliqué Terence Cassidy (Food and Veterinary Office, Irlande). Notre confrère a présenté cinq missions suivies en Hongrie, Italie, Lituanie, Pologne et Roumanie. Parmi les changements positifs, « nous avons constaté des progrès sur cinq ans quant à l’état des chevaux transportés, ainsi qu’une amélioration de la formation des personnes qui travaillent dans le transport ». Mais il reste des points négatifs comme le manque de respect des temps de transport et des espaces alloués dans les véhicules. En outre, les éléments du règlement européen 1/2005 ne sont pas encore ancrés dans les habitudes. Quant aux sanctions, elles sont parfois dérisoires : de l’ordre de 30 € en Lituanie, comment peuvent-elles être dissuasives ?

Un flux de chevaux transportés vivants vers l’Italie

« Elever des chevaux destinés à l’abattage est moins cher en Europe de l’Est et en Espagne qu’en France et en Italie », a constaté Josh Slater. Une différence qui n’est pas sans conséquences délétères pour les chevaux, puisque les Italiens sont les plus gros consommateurs européens de viande chevaline, loin devant les Français (25 %). La problématique du transport sur de telles distances est ainsi bien réelle.

Pourquoi ne pas privilégier alors le transport des carcasses ? Malheureusement, certains freins existent. Par exemple, celui de la préférence des consommateurs pour une viande d’origine locale, fraîche, réfrigérée. En outre, l’abattage des chevaux fait partie du tissu économique de l’Italie : c’est une industrie établie depuis longtemps qui permet le maintien de la capacité des abattoirs et de l’emploi. « Les chevaux sont majoritairement transportés vivants vers ce pays, car cela permet d’estampiller la viande comme italienne et ainsi de la vendre à un prix élevé », a expliqué Willy Baltussen. Encore une bonne raison pour préciser sur l’étiquetage le pays d’origine de l’animal abattu…

Des pistes d’amélioration sont suggérées

A l’issue de la journée, plusieurs recommandations ont été formulées. Claudius Stroe (National Sanitary Veterinary and Food Safety) a ainsi proposé de définir une période de repos avant le trajet pour l’abattoir corrélée à la durée du transport et à la diète, d’évaluer le stress durant le voyage, de lancer une campagne d’information officielle pour les consommateurs sur la réglementation du transport des chevaux vers l’abattoir. Kenny Padraig a mis en exergue la nécessité de protocoles solides, européens, pratiques et détaillés, qui couvriraient les différentes facettes du règlement européen 1/2005, et seraient développés durant les processus de transport, ainsi qu’une collaboration entre les autorités des Etats membres. Joanne White (World Horse Welfare) a proposé des contrôles durant le chargement, au cours du transport et lors du déchargement, notamment pour s’assurer de l’approvisionnement adéquat des chevaux en eau, et de relier les systèmes de navigation par satellite à l’identification des animaux.

Pour Christa Blanke (fondatrice d’Animals’Angels), les vétérinaires doivent remplir leurs obligations et, en cas de doute, interpréter la réglementation en faveur de l’animal : « Il faut impliquer et éduquer les forces de police, presser la communauté européenne de prendre plus sérieusement en main les problèmes rencontrés et de mettre en place des actions. »

D’autres suggestions sont aussi venues des participants : ajouter l’indication du pays de production pour la viande de cheval, harmoniser et avoir une interprétation unique du règlement européen 1/2005, adopter des recommandations pour toute l’Europe et des check-lists pour la formation des inspecteurs, soutenir les vétérinaires inspecteurs par une législation solide, éduquer à la bien-traitance animale, assurer la formation de toutes les personnes impliquées dans le transport, etc.

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