Quel est votre pire souvenir dans le cadre de votre exercice professionnel ? - La Semaine Vétérinaire n° 1432 du 07/01/2011
La Semaine Vétérinaire n° 1432 du 07/01/2011

Entre nous

FORUM

La fléchette hypodermique qui rate sa cible

François Charneau, praticien à Monfort-sur-Meu (Ille-et-Vilaine) et lieutenant-colonel des sapeurs-pompiers de Rennes.

Chaque année, nous menons une quarantaine de missions, ici pour récupérer un boa, là pour sauver un cormoran coincé dans une écluse ou un chevreuil égaré dans la cour d’une école maternelle… Mais la plupart de nos sorties concernent la divagation de bovins sur la voie publique. Nous avons l’habitude. En cas de difficulté, nous utilisons un fusil hypodermique que l’on dose plus que nécessaire afin d’éviter les problèmes. Ce jour-là, il s’agissait d’un bœuf limousin de 800 kg. Armé pour anesthésier l’animal à 15 m, le fusil s’est enrayé à deux reprises. Alors que le tireur vérifiait le matériel, le coup est finalement parti, atteignant un pompier situé à 1,50 m. Cela a failli être dramatique. La flèche aurait pu être fatale pour un homme de 75 kg, touché presque à bout portant. Heureusement, elle lui a juste éraflé le bras. Et le liquide ne s’est pas répandu. A 7 cm près, il la prenait en plein thorax, et là, dépressions cardiaque et respiratoire instantanées… C’était fini.

L’insalubrité extrême des abattoirs du Tchad

Philippe Brunelat, praticien canin à Saint-Sébastien-sur-Loire (Loire Atlantique), lieutenant-colonel de réserve.

Mon pire souvenir en mission reste l’insalubrité de l’abattoir de N’Djamena (la capitale du Tchad), qui devait fournir l’ensemble de la viande nécessaire aux repas de la base aérienne de l’armée française composée de huit cent cinquante hommes. Contrairement aux Américains qui apportent tout sur place, la philosophie des Français consiste à se nourrir localement pour aider les populations. Malheureusement, les chambres froides fonctionnaient à température ambiante ! L’abattoir, construit par les Français en 1957 et repris par les Tchadiens après l’indépendance, n’adoptait pas le dixième des normes et des règles d’hygiène occidentales. Les matières organiques jonchaient le sol. Des zébus et des moutons étaient quotidiennement saignés, désossés et découpés sur place au beau milieu des badauds, sans la moindre précaution. Il a fallu prendre des mesures pour la transformation. Nous avons sélectionné cinq ou six bouchers à qui nous avons imposé des normes de travail, comme l’activité de nuit par exemple, lorsque la température est plus clémente. Sans moyen de conservation, il fallait manger la viande immédiatement. Dans ces conditions, elle était particulièrement dure. Les soldats s’en plaignaient. Mais personne n’a été malade. Je pense que cela a changé depuis. Je verrai bien, j’y retourne cet été.

J’ai plongé pour secourir un crocodile de la noyade

Samuel Martin, directeur de la ferme aux crocodiles à Pierrelatte (Drôme).

Il y a deux ans, nous avons accueilli une équipe de chercheurs suisses qui souhaitaient réaliser des photographies en gros plans de la tête d’un crocodile du Nil. Même si ce reptile est craintif vis-à-vis de l’homme, il reste une véritable “machine à tuer” lorsqu’il devient agressif. Notre protocole de contention est bien rodé : capturer l’animal avec un lasso, lui faire une injection de curare pour l’immobiliser, le positionner pour permettre la prise de vues avec un rack équipé de six ou sept appareils synchronisés, le réveiller et le remettre dans son milieu. Une fois les manipulations effectuées, il est nécessaire de renverser les effets du produit avant de relâcher le reptile dans son enclos. Les crocodiliens peuvent rester trois ou quatre heures en apnée, mais anesthésiés sous l’eau, ils finissent par se noyer. Ce jour-là, une fois l’injection réalisée, la femelle de 2,70 m s’est débattue, a réussi à s’extraire du lasso et à replonger dans les eaux troubles du bassin. Je n’avais pas le choix, il fallait retrouver l’animal. La vidange du bassin aurait pris trop de temps. On n’y voyait rien. J’ai amené une barque pour sonder le fond. Nous avons l’habitude de côtoyer les crocodiles pour nettoyer l’enclos, mais là, j’ai dû m’enfoncer dans l’eau, éloignant autant que possible les autres reptiles. J’avais de l’eau jusqu’au thorax, j’explorais le fond avec les pieds pour la retrouver, le plus calmement possible pour ne pas éveiller l’attention de ses congénères. La plupart des accidents surviennent quand les gens tapent sur l’eau, se débattent. Mais je n’étais pas fier… Trois quarts d’heure plus tard, j’ai enfin posé le pied dessus. Elle dormait au fond de l’eau. Ramenée sur le bord, la femelle crocodile, saine et sauve, est finalement passée devant les objectifs.

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