Une hirondelle qui fait le printemps

Mourir ou grossir, telle semble être l’obsession des laboratoires pharmaceutiques, comme celle des cabinets vétérinaires. La frénésie des rachats et des fusions n’est pas la nouveauté en 2010. Elle a toutefois atteint un record, avec cinquante-six rachats ou fusions réalisés l’an dernier, versus trente-neuf en 2009.

L’année 2010 débute ainsi par une confirmation. Sanofi-Aventis, détenteur de Merial, et Merck, qui a racheté Schering-Plough et sa filiale vétérinaire Intervet-SP, fusionneront bien leurs activités de santé animale pour donner naissance au futur numéro un mondial de la santé animale Merial-Intervet… L’accord des autorités de la concurrence n’est attendu que pour début 2011, avec à la clef des cessions de produits pour environ cinq cents millions de dollars. Car le nouveau laboratoire regroupera alors les gammes qui étaient commercialisées il n’y a pas si longtemps par Distrivet-Roussel Uclaf ou Hoechst, Schering-Plough, Rigaux et Galena pour les plus anciens, Pitmann-Moore, Coopers, ICI, etc.

Des fusions qui effraient sans doute les vétérinaires

L’année se termine également avec un autre rachat, plus inattendu : celui du laboratoire Synbiotics, spécialisé dans les kits de diagnostic, par Pfizer. Les deux géants Merial-Intervet (environ cinq milliards de dollars) et Pfizer (quatre milliards de dollars) pèseront pour près de la moitié des ventes de médicaments dans le monde (dix-neuf milliards de dollars). Ces deux géants vétérinaires ne représentent toutefois pas grand-chose à l’échelle du marché mondial de la pharmacie humaine, estimé à huit cent vingt milliards de dollars.

Pas de remise en cause de l’ayant droit vétérinaire

Les vétérinaires craignent-ils ces fusions ? Sans doute. Car c’est la principale raison évoquée pour expliquer la multiplication des associations “d’acheteurs” entre cabinets vétérinaires sous forme de multiples groupements d’intérêt économique ou de sociétés civiles de moyens.

Pourtant, si 2010 avait débuté par la grande peur des praticiens de perdre la vente des médicaments qu’ils prescrivent, l’année s’achève aussi sur une bonne nouvelle. Ni les pharmaciens ni les ministères de la Santé ou de l’Agriculture, ni les éleveurs ni l’Europe ne souhaitent remettre en cause l’ayant droit vétérinaire en France. Telle est la principale conclusion de la table ronde organisée à la fin de l’année 2010 par les éditions du Point Vétérinaire. Et si une hirondelle faisait le printemps ?