Investissement socialement responsable
Gestion
QUESTIONS/RÉPONSES
Auteur(s) : Bertrand Chardon
Ce type de placement permet à l’investisseur de donner du sens à son épargne sans renoncer à la performance financière.
Après une décennie 1990 favorable à la financiarisation d’une économie de plus en plus globalisée, dont les acteurs étaient portés par une dynamique peu propice aux interrogations existentielles, les premières années du xxie siècle sont marquées par la multiplication des discours et des pratiques. La crise financière mondiale de 2008 y est évidemment pour quelque chose et elle a eu le mérite de sensibiliser une partie des épargnants à l’usage réel de leurs placements.
L’ISR est une forme de placement qui consiste à prendre systématiquement en compte des éléments liés à l’environnement, au social et à la gouvernance (critères ESG), en plus des données financières. Autrement dit, l’ISR est l’application du concept de développement durable aux placements financiers. Cette définition est la plus communément acceptée en France.
Un effort de convergence est entrepris aux niveaux européen et international pour considérer les critères ESG dans l’analyse. Néanmoins, il existe encore des différences d’approche, essentiellement de nature culturelle, d’un pays (ou d’une zone géographique) à l’autre. Par exemple, en France, l’aspect social est privilégié. En Suisse et en Allemagne, l’environnement est favorisé, alors que la Grande-Bretagne avantage la gouvernance. Les pays scandinaves et les Etats-Unis mettent de leur côté l’accent sur les valeurs éthiques.
L’ISR revêt quatre formes principales. Premièrement, les fonds socialement responsables ou de développement durable intègrent des critères d’évaluation sociaux et environnementaux d’une entreprise cotée. Ceux-ci sont croisés avec des éléments financiers afin de sélectionner les compagnies les plus performantes du point de vue du développement durable. Il s’agit alors d’une approche positive pour désigner les best in class, les meilleurs (élèves).
Les fonds d’exclusion (une approche dite historique de l’ISR) bannissent pour leur part certains secteurs comme l’armement, le jeu, le tabac, etc.
L’engagement (ou activisme) actionnarial consiste quant à lui, pour les investisseurs, à exiger des entreprises une politique de responsabilité sociale plus forte par un dialogue direct, mais aussi par l’exercice des droits de vote en assemblées générales. Enfin, les fonds thématiques concentrent l’investissement sur des secteurs d’activités favorables à l’environnement ou à la société (les énergies alternatives ou l’économie solidaire, par exemple).
En fonction de sa sensibilité, l’investisseur opte pour les fonds qui privilégient telle ou telle formule, directement auprès de son établissement financier ou à travers des produits d’assurance-vie, d’épargne salariale et de retraite, sous forme de fonds ISR.
L’investisseur opte pour ce type de placement afin de donner davantage de sens à son épargne et de jouer un rôle plus responsable et actif dans l’économie, sans pour autant renoncer à la performance financière.
Par ailleurs, l’épargnant souhaite parfois éviter les entreprises susceptibles de présenter des risques d’ordre environnemental, social ou de gouvernance, dans la mesure où ceux-ci peuvent, à terme, compromettre la pérennité de la compétitivité financière de ses actifs. De la même manière qu’un client cherche à préserver sa famille et ses biens des risques de pertes directes ou indirectes, il peut chercher à protéger autant que possible ses placements contre les risques financiers et extrafinanciers en choisissant l’ISR. En effet, l’analyse financière se concentre essentiellement sur le compte d’exploitation et le bilan de l’entreprise, tandis que l’analyse extrafinancière évalue en amont les risques et les enjeux de gouvernance économique (scandale lié à une fraude, etc.), sociale (drame humain consécutif à une restructuration, vague de suicides, etc.) et environnementale (catastrophe écologique, par exemple).
Comme pour tout placement financier, l’argent peut être investi dans différentes catégories : actions et obligations d’entreprises publiques ou privées, mais aussi emprunts d’Etat, de collectivités locales, etc.
Il existe deux principaux labels. Le premier est attribué depuis 2002 par le Comité intersyndical de l’épargne salariale (CIES). Cette instance, qui regroupe quatre organisations syndicales (CFDT, CGT, CFTC, CFE-CGC), a été créée consécutivement à la loi du 19 février 2001 sur l’épargne salariale. Elle concerne exclusivement la certification de gammes proposées dans le cadre de l’épargne salariale. Ce label atteste que les éventails de fonds proposés dans ce cadre intègrent des critères ESG dans leur gestion. Le label CIES est attribué par un comité ad hoc, qui vérifie que les offres d’épargne salariale répondent aux critères énoncés dans leur cahier des charges.
Le second, délivré depuis 2009 par Novethic, filiale de la Caisse des dépôts et centre de recherche sur l’ISR, est attribué aux fonds ISR proposés sur le marché français. Il vise une meilleure information du grand public. C’est un repère pour l’épargnant, car il lui permet de vérifier que les pratiques de gestion du fonds prennent systématiquement en compte les critères ESG.
Le label est attribué pour une durée d’un an au maximum, sans reconduction automatique. En cas de non-conformité, le label peut être retiré.
Il n’y a aucune raison objective pour qu’un fonds ISR soit plus risqué et/ou moins rentable qu’un autre fonds qui contiendrait la même catégorie d’investissements (monétaire, actions, obligations, etc.). Les objectifs de l’ISR s’inscrivent sur le long terme et visent à mieux prendre en compte l’ensemble des enjeux économiques, environnementaux et sociaux.
Environ 20 % de l’épargne des Français sont investis en sociétés d’investissement à capital variable (Sicav) et fonds communs de placement (formant ensemble les organismes de placement collectif en valeurs mobilières, OPCVM), dont près de 3 % sont engagés sur des fonds ISR. Cette part, qui semble encore modeste, connaît une progression beaucoup plus rapide que la masse globale des capitaux épargnés. Pour les seuls particuliers, au 31 décembre 2009, l’ISR représentait 15,6 milliards d’euros. Tous clients confondus, l’encours s’élevait à cette date à 50,7 milliards d’euros (versus 29,9 milliards d’euros au 31 décembre 2008)(1).
(1) Source : Novethic.
Renseignements : cabinet Egyde, tél./fax : 02 47 27 15 86, bchardon@egydepatrimoine.com
Nouveau : Découvrez le premier module
e-Learning du PointVétérinaire.fr sur le thème « L’Épanchement thoracique dans tous ses états »
L’ouvrage ECG du chien et du chat - Diagnostic des arythmies s’engage à fournir à l’étudiant débutant ou au spécialiste en cardiologie une approche pratique du diagnostic électrocardiographique, ainsi que des connaissances approfondies, afin de leur permettre un réel apprentissage dans ce domaine qui a intrigué les praticiens pendant plus d’un siècle. L’association des différentes expériences des auteurs donne de la consistance à l’abord de l’interprétation des tracés ECG effectués chez le chien et le chat.
En savoir plus sur cette nouveauté
Découvrir la boutique du Point Vétérinaire
Retrouvez les différentes formations, évènements, congrès qui seront organisés dans les mois à venir. Vous pouvez cibler votre recherche par date, domaine d'activité, ou situation géographique.
Recevez tous les jours nos actualités, comme plus de 170 000 acteurs du monde vétérinaire.
Vidéo : Comment s'inscrire aux lettres d'informations du Point Vétérinaire