Qu’attendez-vous de l’année 2011 ?

Un ralentissement de notre croissance

J’attends que notre activité rurale, prédominante, se maintienne, mais cesse d’augmenter : nous faisons trop de kilomètres, nous rencontrons des difficultés à communiquer en interne et à suivre les dossiers des clients, nous avons l’impression d’être dans l’urgence en permanence… Il est paradoxal de souhaiter une pause alors que le secteur agricole connaît de sérieux problèmes, mais la raréfaction des praticiens ruraux et la quasi-obligation de soins qui est la nôtre compensent largement le tassement de l’activité dans une zone donnée. J’aimerais que les éleveurs aient une meilleure lisibilité de la valeur de leurs productions : moins de retards de paiement, moins d’animaux vus en X^e intention, avec un résultat souvent décevant, plus de facilités à mettre en œuvre des actions de prévention et à se faire payer la matière grise associée.

Je suis également impatient de voir les effets collatéraux de la vaccination FCO dite volontaire et de sa gestion par les organisations agricoles qui ont milité pour ce volontariat. Par ailleurs, j’espère que nous saurons utiliser le temps libéré pou nous consacrer à ce que les éleveurs attendent le plus de nous : le conseil, la formation (la nôtre, mais aussi la leur), l’implication dans leurs problèmes d’élevage. Pour que chacun y trouve son compte, il serait bon qu’une majorité d’éleveurs soient réceptifs, surtout sur le long terme. A nous de savoir les convaincre de l’intérêt d’une démarche préventive complète. Ainsi, nous ne serons plus ulcérés à la vue d’un tracteur neuf dans la cour au sortir d’un bilan sanitaire de deux heures dont on pressent des effets mitigés.

Enfin, selon certaines opinions féminines de mon entourage, un domaine mérite sa part de croissance : la vie de famille !

J’attends davantage tous les ans

Je suis révolté contre les décisions qui viennent progressivement dévaloriser notre profession. Mes attentes de changement se multiplient chaque année. Dans notre formation, nous sommes passés d’un système égalitaire, avec un concours unique, à une sélection où les épreuves s’adaptent au candidat. La France s’est ouverte aux diplômés des autres pays européens, mais selon des règles qui désavantagent les étudiants français. Ceux-ci doivent, par exemple, soutenir leur thèse dans l’année qui suit la délivrance du diplôme, sous peine de ne plus pouvoir exercer, alors que leurs homologues belges en sont dispensés.

La valeur de notre diplôme s’amoindrit aussi régulièrement. La réglementation sur la radioprotection nous oblige à écouter et réécouter un enseignement acquis depuis le lycée. Celle sur les chiens dangereux amène nos associations professionnelles à proposer des formations pour nous apprendre à évaluer la dangerosité d’un chien et compléter des formulaires. Nous valons mieux que cela.

Plus généralement, notre profession se paupérise et, malgré notre individualisme naturel, nous devons apprendre à partager nos plateaux techniques, afin d’amortir plus rapidement le matériel et augmenter la rentabilité. Cela permettrait aussi d’ouvrir des postes aux nombreux confrères qui souhaitent exercer comme salariés.

Nos représentants élus, ceux qui nous gouvernent, et chacun d’entre nous détenons le pouvoir de remédier à tout cela. Les changements annoncés pour 2011, notamment l’application de la directive “services” et la mise en place d’une nouvelle équipe ordinale, augurent – je l’espère – de nombreuses évolutions positives.

Bien peu, l’attentisme n’est pas dans ma nature

Le bilan de 2010 confirme une année morose. Le marché des animaux de compagnie a atteint sa maturité, et l’augmentation de la médicalisation des chats n’a compensé que partiellement la baisse des effectifs canins. Le pouvoir d’achat de nos clients s’effrite depuis plusieurs années. On serait donc en droit d’être plutôt pessimiste pour 2011.

Mais ce n’est pas mon cas ! Au contraire, j’ai de multiples projets pour cette année. Je souhaite développer mon offre de services, notamment en imagerie médicale. J’envisage pour cela de changer d’échographe pour un écho-Doppler et d’investir dans un appareil de radiologie numérique. J’entre également dans une logique de réduction des coûts, seul levier d’augmentation de rentabilité lorsque la clientèle s’est stabilisée. Ainsi, je prévois d’améliorer ma logistique et ma productivité, et d’optimiser encore mes achats. Enfin, je vais lancer une nouvelle enquête de satisfaction auprès de mes clients pour déceler ce qui pèche le plus et essayer d’y remédier.

Tous ces projets dépasseront peut-être les douze mois à venir, dont je n’attends pas grand-chose hormis une traduction claire de la directive “services”. En termes de communication, son application se perd pour l’instant dans une grande nébuleuse. Les règles semblent variables d’une région à l’autre, ce qui me paraît injuste. Je suis dans l’attente d’une prise de position de notre Ordre national, en espérant que celle-ci ira vers davantage de libéralisme (sans toutefois atteindre les excès des Anglo-Saxons). Le site Internet de ma clinique est prêt, mais je ne l’ai pas mis en service, car je pense qu’il est peu utile de communiquer par ce biais vers mes seuls clients. J’attends le top départ pour le mettre en service vers un plus large public.