Droit de réponse d’Hervé Estival au bureau du GTV Bourgogne

Ayant participé à un forum paru dans La Semaine Vétérinaire⁽¹⁾ en septembre, à propos du colisage des médicaments, je suis très surpris de la réponse⁽²⁾ collégiale du bureau du GTV de Bourgogne (BGTV) qui s’égare bien au-delà du colisage… En premier lieu, j’oppose un démenti clair et net à l’affirmation mensongère selon laquelle je passe « une heure par an, au mieux » dans les élevages. Le BGTV est très loin du compte et rien ne l’autorise à écrire publiquement cela. La réalité, c’est que mon travail se fait sur le terrain à 90 %, au cul des vaches et des cochons, avec les éleveurs et les techniciens.

Le BGTV s’éloigne du thème initial en évoquant des vétérinaires affairistes. Effectivement, j’ai pu constater moi aussi que dans certains cabinets, des confrères ont tendance à faire passer la vente de médicaments avant le reste (conseils et autres soins, etc.). Cet affairisme prend d’ailleurs différentes formes que je classerais comme suit :

– il y a déjà ceux qui envoient à “leurs” clients un publipostage du tarif des antiparasitaires et vaccins, avec d’ailleurs souvent des remises et des conditions sur les volumes ;

– plus prosaïquement, il y a aussi ceux qui vendent des médicaments hors examen des animaux – au comptoir ou par colisage quelle différence – sans avoir jamais réalisé de bilan sanitaire et de protocole de soins ;

– bien pire, il y a ceux qui pratiquent le “chantage aux soins” : « tu prends les médocs chez moi, ou je n’assure pas les visites ! » ;

– mais l’affairisme va encore bien plus loin : la France entière a découvert récemment (via les grands médias de référence, pas la presse “à scandale”) que certains confrères se permettent d’importer illégalement et de vendre des médicaments interdits en France, qui plus est parfois sous des noms trompeurs : « argile blanche », etc.

Pour ceux qui veulent des preuves de tout cela, nous en avons. Nous sommes loin de Daktari, ou encore de l’image d’Epinal du vétérinaire de campagne, passionné et disponible.

Pour lever toute ambiguïté, je précise bien entendu que toutes les pratiques scandaleuses citées ne me concernent en aucun cas.

« L’urgence est […] de faire appliquer la loi », écrit le BGTV : commençons par tout ce qui précède. Il est grand temps en effet de nettoyer les écuries d’Augias…

Encore une petite remarque : puisque le BGTV évoque la presse, il serait judicieux qu’il évite de faire l’amalgame entre certains “canards” qui font dans le “people” pour vendre et d’autres journaux qui pratiquent un vrai journalisme d’investigation. C’est moins sensationnel, mais ça colle nettement mieux avec la réalité…

Et le colisage dans tout cela ? Je rappelle et maintiens ce que j’ai dit : c’est un “plus” pour l’éleveur, mais il ne peut et ne doit s’appliquer – comme toute délivrance de médicaments par un vétérinaire ou un pharmacien – que dans le strict respect du décret dit “prescription-délivrance”. Au-delà même de ce cadre réglementaire, j’ai envie d’ajouter dans le respect de l’animal, de l’éleveur et du consommateur, mais c’est sans doute trop “idyllique”.

• (1) Voir La Semaine Vétérinaire n° 1418 du 24/9/2010, page 9.

• (2) Voir La Semaine Vétérinaire n° 1426 du 19/11/2010, page 9.