« Notre métier se pratique en étroite collaboration avec les soigneurs »

La Semaine Vétérinaire : En quoi consiste le métier de vétérinaire en parc zoologique ?

Aude Bourgeois : D’abord, cela revient à porter plusieurs casquettes. Le métier est loin d’être ce qu’on peut imaginer. Nous sommes plus souvent dans la prévention qu’autre chose. L’objectif est d’empêcher l’émergence de maladies, en mettant en place, par exemple, des programmes de prophylaxie ou encore des rations alimentaires adaptées.

Notre métier se pratique en étroite collaboration avec les soigneurs. C’est avant tout en équipe que nous pouvons gérer efficacement les animaux sauvages en milieu captif. Par exemple, nous sommes en train de mettre en place un programme d’enrichissement pour la plupart des espèces présentes à la ménagerie, parfois délaissées vis-à-vis de ce type de mesure. Je pense en particulier aux oiseaux. L’originalité de ce programme est que nous souhaitons quantifier les bénéfices de ces enrichissements, et pas seulement nous contenter d’apporter de la nouveauté sans pouvoir affirmer que cela génère la moindre différence.

S. V. : En quoi consiste la gestion des collections, les programmes d’élevage européens ?

A. B. : Je m’occupe de tout ce qui touche aux transferts d’animaux et aux programmes d’élevage, en particulier celui du gaur (Bos gaurus). Les programmes européens ont pour objectif de maintenir la plus grande variabilité génétique au sein des populations d’animaux captifs. Cela passe par des choix d’appariements raisonnés. Par exemple, si un zoo souhaite faire reproduire une espèce qui bénéficie d’un programme d’élevage européen, il doit d’abord consulter le coordinateur pour cette espèce, qui lui conseillera le bon individu pour la reproduction. Le but ultime de ce type de programme est la réintroduction en milieu naturel. La conservation ex situ est l’une des missions prioritaires des parcs zoologiques modernes.

S. V. : Quels sont vos conseils aux jeunes dont le rêve est de travailler dans un zoo ?

A. B. : Etre vétérinaire de parc zoologique est un métier passionnant, quoique frustrant à certains moments. De nombreuses affections observées dans ce type de structures sont précisément dues au milieu captif. Je conseille d’abord aux jeunes d’être motivés et, surtout, de ne jamais se décourager si c’est vraiment ce à quoi ils aspirent. Il faut bien le dire, il n’existe pas un nombre infini de places dans ce secteur. En outre, comme nous ne disposons pas en France de formation particulière pour ce type de métier, je leur recommande également de faire un maximum de stages pendant leurs études.