Aucune étape n’est négligeable lors de la formation du futur athlète

La dernière journée européenne de l’Association vétérinaire équine française (Avef) s’est déroulée autour du thème « du poulain à l’athlète : quoi de neuf ? ». Ce rassemblement, organisé par nos confrères Claire Scicluna et Jean-Marc Betsch, s’est tenu à Roissy (Val-d’Oise), le 28 janvier dernier. Quatre-vingts congressistes et plus de cent dix participants ont assisté à ce rendez-vous, incontournable depuis onze ans. Cette journée européenne propose des conférences qui exposent différentes approches – de cliniciens, d’enseignants expérimentés ou d’intervenants étrangers – sur un thème donné. Cette année, le sujet était résolument transdisciplinaire, car plusieurs facteurs interfèrent chez le jeune équidé. En effet, le traitement de la performance ne s’inscrit que dans une approche globale du sujet.

Surveiller, dès le plus jeune âge, la santé physique et le comportement est crucial

« L’espèce équine présente des particularités au cours de la croissance, a souligné notre consœur Nathalie Crevier-Denoix. Celle-ci est précoce et la plupart des centres épiphysaires sont déjà ossifiés. Plus de la moitié du développement en hauteur a lieu dans les six premiers mois, qui sont déterminants. » Dès le jeune âge, aucune des étapes ne devra être négligée sur les plans de la santé physique et du comportement. Les différentes parties du squelette n’ont pas la même chronologie de développement. Il est par conséquent essentiel de les connaître afin d’être en mesure de les rectifier, le cas échéant. Dans les cas sévères de déviation angulaires des membres, opérer et bloquer la croissance peut être pertinent. « Les fenêtres de tir sont à connaître, a développé notre consœur. On cherche toujours à intervenir au moment où la croissance est la plus active. Tout se joue au cours des trois ou quatre premiers mois. »

Les contraintes biomécaniques liées à l’exercice auront une influence durant toute la vie du cheval. L’équipe de Nathalie Crevier-Denoix a mis au point des équipements pour évaluer cette incidence. Le fer dynamométrique 3D s’applique actuellement à l’étude des sols et mesure les contraintes et les forces qui s’exercent sur le pied du cheval. « Nous filmons avec une caméra haute fréquence et nous mesurons les forces et les accélérations dans les trois dimensions de l’espace », a expliqué notre consœur. Ces protocoles mettent en évidence une bonne discrimination des sols d’entraînement chez le trotteur. Des travaux sont aussi initiés chez les galopeurs. Il devient ainsi possible, grâce à l’état du sol et à son entretien, de déterminer l’influence des contraintes biomécaniques et de diminuer leur impact chez le jeune athlète.

Le retrait progressif des juments améliore la qualité du sevrage

Martine Hausberger (université de Rennes) est aussi revenue sur des principes aujourd’hui dépassés : « Contrairement à ce qui était prétendu, l’imprégnation n’améliore pas la relation cheval-homme. » A court terme, elle entraîne des tétées redirigées qui induisent un retard dans la prise de colostrum et, à moyen et long termes, une prise alimentaire tardive ainsi qu’un retrait social par rapport aux autres. Martine Hausberger a donc insisté sur la nécessité de laisser le lien mère-poulain se dérouler naturellement, même s’il est exclusif.

La période du sevrage est également une étape essentielle. Le procédé qui provoque le moins de stress est le retrait progressif des juments, car le jeune équidé reste dans un groupe social riche (composé aussi d’adultes). « Le pire est de séparer, puis de remettre le poulain avec sa mère par périodes. Cela génère un stress maximal.Un jeune dont la mère est familière avec l’homme ira plus spontanément vers ce dernier. » De même, l’attitude du poulain vis-à-vis de son environnement est corrélée avec le comportement de sa mère. Une solution consiste à entretenir une bonne relation avec cette dernière.

Cette journée a permis d’aborder les domaines d’études relatifs au parcours de l’athlète (alimentation, neurologie, maladies respiratoires, etc.), en insistant sur les périodes à risque, aux niveaux osseux, alimentaire et immunitaire. « Obtenir un futur athlète, c’est aussi protéger le cheval d’infections qui peuvent avoir, dans son jeune âge, des répercussions sur sa santé (croissance, séquelles, etc.) », a souligné Pierre-Hugues Pitel (laboratoire Frank Duncombe, Caen).