Les vétérinaires se donnent en spectacle pour informer les éleveurs de ruminants

Sous l’impulsion d’Yves Horion, président du Groupement technique vétérinaire des Deux-Sèvres (GTV79), un groupe de confrères a organisé une journée de formation destinée aux éleveurs de ruminants du département, le 12 janvier dernier à Bressuire. Le point fort de ce rassemblement, qui avait pour slogan « Agriculteurs, fiers de vos productions », consistait en une opération de communication originale, sous la forme d’un spectacle reprenant les codes de la culture rap⁽¹⁾. Il évoquait le bilan sanitaire, ainsi que certaines valeurs partagées par les praticiens ruraux et leurs clients (voir encadré). Cette manifestation avait pour objectif de renforcer le partenariat et la communication entre les deux professions.

Trois sessions parallèles ont permis d’aborder des sujets variés (vaches laitières et allaitantes, ovins et caprins). Des intervenants ont transmis plusieurs messages scientifiques en relation avec le “bien produire”, le thème retenu pour cette journée de formation, afin de continuer à former et d’encourager les éleveurs dans leurs bonnes pratiques.

Dans cette démarche, le bilan sanitaire et la visite annuelle des élevages occupent une place privilégiée. A cette occasion, le vétérinaire analyse la situation du cheptel, prescrit des mesures préventives adaptées et s’assure d’une utilisation rationnelle et a minima du médicament. Il incite l’éleveur à privilégier la prévention par rapport aux interventions médicamenteuses curatives en s’inscrivant dans un processus de médicalisation toujours plus raisonné, voire de démédicalisation. Il l’aide également à répondre à une demande forte du consommateur et des intervenants de la santé humaine.

Les mammites et la prise en charge de la douleur sont au cœur des échanges

Parce que le “bien produire” commence dans la mangeoire, deux interventions sur l’alimentation ont été animées par l’enseignant toulousain Francis Enjalbert. Philippe Camuset, un confrère normand, a exposé des notions pertinentes dans le cadre de la réalisation du bilan sanitaire ou d’un audit sur le parasitisme. En croisant des informations sur l’élevage, des données scientifiques, étio-pathogéniques et épidémiologiques, et le résultat de certains examens (coprologie, dosage du pepsinogène et des anticorps anti-Ostertagia sur le lait de tank, etc.), le praticien assure le choix et la pertinence d’un traitement qui comporte un double objectif : la destruction parasitaire et l’immunité. La bonne prescription est ainsi déterminée pour chaque classe d’âge et chaque type de production.

La prise en charge de la douleur était également au programme. Ce phénomène récent trouve des explications éthiques, légales, médicales et économiques. Sa mise en œuvre permet de réduire significativement les échecs thérapeutiques, la mortalité, et d’assurer une meilleure reprise de l’alimentation et de poids au cours de la convalescence. Deux impératifs sont à respecter : intervenir avant la chirurgie et associer plusieurs molécules aux actions différentes. La douleur doit être prise en compte lors de certaines interventions (écornage, césarienne, vêlage difficile) ou affections (diarrhée, par exemple) douloureuses.

Les mammites constituent une problématique persistante. Cette maladie est la plus fréquente – et la plus coûteuse – dans les élevages laitiers, avec une nette prédominance des mammites d’environnement. Cette évolution est encore plus importante dans les cas qui présentent des symptômes généraux. En moyenne, la perte de production constitue 69,3 % du coût d’une mammite. Le message à retenir est l’efficacité d’un tarissement bien géré sur la réduction des mammites pendant les trois premiers mois de lactation.

• (1) Voir La Semaine Vétérinaire n° 1434 du 21/1/2011, page 22.

• (2) Hors série à La Semaine Vétérinaire n° 1432 du 7/1/2011 en pages 22-23.