Des protocoles existent pour bien développer le système immunitaire du poulain

L’immunité anti-infectieuse repose traditionnellement sur deux grandes voies : l’immunité humorale et cellulaire.

Le développement du système immunitaire des chevaux se produit majoritairement pendant la vie fœtale. Ces cellules, retrouvées chez le fœtus, sont fonctionnelles, mais la placentation épithéliochoriale des juments isole pratiquement le poulain de tout contact antigénique.

Néanmoins, il est intéressant de noter que les fœtus de plus de cent quatre-vingt-cinq jours présentent un taux d’IgM de 0,04 à 0,10 g/l, et que des valeurs supérieures à 0,16 g/l sont relevées chez le poulain nouveau-né qui n’a pas encore tété.

En ce qui concerne les IgG, les fœtus de cent quatre-vingts jours ont un taux autour de 5 mg/ml, mais les poulains à la naissance affichent une grande variabilité de concentration sérique d’IgG avant la première tétée. Le poulain ne naît donc pas agammaglobulinique, mais les immunoglobulines ne sont synthétisées efficacement qu’à partir du quatrième mois de vie extra-utérine environ.

Comme l’immunité passive, l’immunité active est humorale et cellulaire

L’immunité passive du poulain repose donc essentiellement sur l’absorption, lors de la tétée, d’anticorps maternels. Le colostrum contient majoritairement des IgG, un niveau moyen d’IgM, peu d’IgA, de lactoferrine et de complément.

Cette absorption n’est possible que dans les premières heures de vie, en raison d’une structuration spécifique de la barrière digestive du poulain. Le déficit de transfert d’immunité passive varie beaucoup d’une étude à l’autre et avec le temps : l’incidence relevée dans un élevage peut ainsi aller de 2 à 24 % des poulinages.

En cas de déficit quantitatif, il peut être procédé à une administration de colostrum au biberon, au cours des premières heures de vie. Après vingt-quatre heures, il convient d’envisager une supplémentation en immunoglobuline G via une administration intraveineuse de plasma ou de sérum. Il est donc intéressant d’évaluer la qualité du colostrum et/ou de l’efficacité du transfert passif de l’immunité. Ce dernier est évaluable par la détermination du taux d’IgG sérique chez le poulain vers vingt-quatre heures de vie.

L’idéal est de pouvoir bénéficier, dans les deux cas, d’un donneur présent dans l’écurie, afin de bénéficier d’anticorps ayant le même spectre infectieux que la mère du poulain, donc d’une protection optimale. Il est aussi possible d’avoir recours à des sérums commerciaux. Dans les deux cas, il est essentiel de s’assurer, autant que possible, de la qualité sanitaire de ces produits. Pour mémoire, l’épisode d’anémie infectieuse équine survenu en Irlande en 2007 doit son origine à l’importation d’Italie d’un sérum anti-Rhodococcus equi infecté par le virus de la maladie. Si des juments ont déjà donné naissance à des poulains ayant présenté un ictère hémolytique néonatal, il conviendra de tester le colostrum de remplacement (ou de supplément) ou le sérum vis-à-vis des hématies du poulain.

Tout comme l’immunité passive, l’immunité active est d’une part humorale, d’autre part cellulaire. Comme le poulain ne synthétise efficacement des anticorps (immunoglobulines) qu’à partir du quatrième mois, il existe une phase à risque entre deux et quatre mois d’âge pendant laquelle il est sensible aux infections. Cette période varie beaucoup selon les individus et le niveau du transfert de l’immunité passive. Cette situation crée une immunodépression physiologique propice au développement des infections, notamment de la rhodococcose.

Le poulain présente des spécificités au niveau du système immunitaire

La voie du complément est essentielle, car ce système sérique non spécifique agit rapidement chez le fœtus (dès la cinquième semaine de vie fœtale) et est trente à quarante fois plus actif un mois après la naissance. Il est efficace contre des bactéries Gram négatif comme E. coli ou Actinobacillus. La phagocytose, essentiellement par les polynucléaires neutrophiles et les macrophages, semble rapidement active après l’infection, mais est moins efficace chez le poulain de moins de sept jours.

Certaines bactéries ont en outre le pouvoir d’éviter plus ou moins l’immunité humorale : c’est le cas, par exemple, de Rhodococcus equi, qui pénètre dans les macrophages et a le pouvoir de mieux résister au stress oxydant et aux enzymes des phagolyzozomes.