Examens complémentaires en neurologie féline
Formation continue
ANIMAUX DE COMPAGNIE
Auteur(s) : Gwenaël Outters
Elle est indiquée lors de faiblesse localisée ou généralisée, après l’élimination des causes générales.
De nombreux examens complémentaires sont disponibles pour explorer un trouble neurologique. L’examen électromyographique est indiqué lors de faiblesse localisée ou généralisée, une fois les causes générales éliminées (cardiaques, métaboliques ou systémiques). Il permet, lors de boiterie localisée, de distinguer une atteinte orthopédique d’une lésion neurologique de type motoneurone périphérique, et de la localiser sur l’arc réflexe pour mieux cibler la suite des examens (biopsie du nerf, ponction du liquide cérébro-spinal, imagerie) et le traitement. L’examen électromyographique présente également un intérêt tout particulier dans les traumatismes des nerfs périphériques. Il permet, par exemple, de distinguer un neurotmesis (rupture complète du nerf, de pronostic désespéré) et une neurapraxie (contusion de la gaine, pour laquelle une récupération en un à deux mois est possible), qui sont parfois indifférenciables cliniquement. Toutefois, cet examen est limité, de par sa disponibilité, mais aussi parce qu’il ne peut être réalisé qu’à partir d’une semaine après le début des symptômes lors d’atteinte nerveuse.
L’examen des potentiels évoqués auditifs permet de différencier une surdité de conduction d’une surdité neurosensorielle, et également, dans les syndromes vestibulaires, de localiser plus précisément la lésion lorsque le tableau clinique est ambigu et de choisir avec davantage de justesse l’examen d’imagerie. Utile lors de coma, il permet d’annoncer plus finement un pronostic (atteinte du tronc cérébral ou lésion corticale, cette dernière bénéficiant d’un meilleur pronostic). Quant aux profils urodynamiques, ils caractérisent les troubles de la miction : lors de lésion de la queue-de-cheval, cet examen identifie si cette dernière est définitive ou transitoire.
L’activité des créatines kinases est un indicateur de l’intégrité musculaire. Leur augmentation doit être importante pour être interprétable (supérieure à 1 000 UI/l). Le dosage est indiqué lors de suspicion de maladie thrombo-embolique. Mais attention, tout traumatisme musculaire (coup, hématome, injection intramusculaire, jeûne prolongé, crises convulsives) peut accroître de manière significative l’activité des créatines kinases. En revanche, certaines myopathies congénitales ne seront pas décelées par ce dosage.
L’analyse du liquide cérébro-spinal est un examen de choix lors d’hypothèse inflammatoire. Elle permet également la recherche d’agents infectieux. Sont aussi identifiables l’augmentation de la protéinorachie, la présence de neutrophiles dégénérés (signe évocateur lors de suspicion de péritonite infectieuse féline) et de lymphocytes tumoraux (lymphome rachidien). Les sérologies ne sont pas spécifiques, quelle que soit la valeur du titre. Cependant, à titres élevés, elles peuvent constituer un élément “en faveur de…”. La réaction en chaîne par polymérase (PCR) offre une aide intéressante, mais, pour la toxoplasmose par exemple, ses valeurs prédictives sont inconnues. Les tests génétiques identifient un seul gène et une seule mutation. Si la lésion est le fait d’une mutation différente de celle qui est recherchée, même au sein du même gène, le test sera négatif.
Pour les maladies à répercussion systémique, les informations sont à compléter par une biochimie sanguine (explorations rénale et hépatique a minima, glycémie), une numération-formule, des dosages hormonaux (recherche d’une hyperthyroïdie, responsable d’hypokaliémie et d’hypertension) et, éventuellement, une échographie avec ou sans biopsies. Les profils électrolytiques sont également utilisés pour identifier une cause neurologique ou rétablir des concentrations physiologiques (hypokaliémie lors de convulsion). En outre, si besoin, le bilan d’extension d’une maladie tumorale ou infectieuse est réalisé afin d’annoncer un pronostic et de proposer un traitement. Si malgré toutes ces investigations, le faisceau de preuves est encore insuffisant, il permet néanmoins de localiser au mieux la lésion pour éventuellement réaliser une biopsie.
En termes d’imagerie, le scanner et l’imagerie par résonance magnétique (IRM) sont complémentaires. Le premier est intéressant lors d’affection encéphalique extradurale (méningiome, abcès cérébral secondaire à une morsure, par exemple) tandis que la seconde sera préférée pour la détection de lésions intraparenchymateuses cérébrales ou médullaires (comme une nécrose de l’hippocampe chez le chat qui convulse).
Pour l’investigation d’un syndrome vestibulaire central, unilatéral ou bilatéral, le scanner peut être gêné par les artefacts de renforcement. Mieux vaudra alors choisir l’IRM.
L’examen de la moelle épinière du chat est un casse-tête pour le neurologue : la moelle est petite et l’espace sous-arachnoïdien faible. La radiographie sans préparation apparaît souvent normale. La myélographie est un examen peu sensible pour les lésions intramédullaires, d’autant que le remplissage n’est pas toujours bon dans cette espèce. L’IRM est alors l’examen le plus intéressant. Elle permet la visualisation du parenchyme de la moelle épinière.
Jean-Laurent Thibaud, diplomate de l’European College of Veterinary Neurology, clinicien chargé de recherche en neurologie à l’ENVA, vacataire IRM au centre de cancérologie vétérinaire de Maisons-Alfort.
Article rédigé d’après la conférence « Les examens complémentaires en neurologie », présentée au congrès Afvac-Fecava 2009, à Lille.
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