Bruno Le Maire annonce une réduction de 25 % des antibiotiques sur cinq ans - La Semaine Vétérinaire n° 1442 du 18/03/2011
La Semaine Vétérinaire n° 1442 du 18/03/2011

Antibiorésistance. Sans concertation avec les vétérinaires ni les industriels

Actualité

Auteur(s) : Eric Vandaële

Je souhaite que nous réduisions de 25 % le recours aux antibiotiques d’ici à cinq ans. » C’est le vœu du ministre de l’Agriculture, Bruno Le Maire, rendu public lors d’une interview accordée au Journal du dimanche (JDD) du 12 mars dernier. « Nous devons diminuer, dans les élevages, les doses d’antibiotiques utilisées qui accroissent le risque de diffuser des microbes plus résistants dans l’environnement. » Un vœu qui devrait rapidement devenir réalité puisque le ministre indique que « ce plan de réduction démarrera en mai en concertation avec les éleveurs ». Il n’évoque aucune concertation, ni avec les vétérinaires, ni avec les médecins, ni avec les scientifiques des agences d’évaluation et de surveillance, ni avec les laboratoires pharmaceutiques qui commercialisent ces antibiotiques.

Le comité fantôme est dépassé par le ministre

Les vétérinaires, les industriels, les scientifiques et les agences se réunissent pourtant depuis plus d’un an dans une structure fantôme, « le Comité national vétérinaire pour un usage raisonné des antibiotiques », chargé de proposer à l’Etat ce type de mesure de gestion du risque. Le décret portant création de ce comité n’est jamais paru au Journal officiel, alors qu’il était annoncé par la Direction générale de l’alimentation à la fin de l’année 2009. Néanmoins, les membres de ce comité fantôme se sont réunis plusieurs fois depuis… en vain. Car c’est finalement le ministre de l’Agriculture qui, sans apparemment en référer à ce comité, annonce à la presse un « plan de réduction de 25 % des antibiotiques en concertation avec les éleveurs ».

Cette réduction de 25 %, qui prendra sans doute une forme contraignante, correspond aux objectifs chiffrés déjà avancés par les représentants de la Direction générale de l’alimentation à la journée du 18 novembre dernier, organisée par l’Agence nationale de sécurité sanitaire (Anses) sur le thème de l’antibiorésistance en santé animale. Le principe même de la fixation d’un objectif chiffré de réduction des antibiotiques avait alors été contesté par les laboratoires pharmaceutiques comme par les vétérinaires.

Une réduction de 25 % qui manque encore de précision

En outre, le référentiel n’est pas encore fixé. La réduction portera-t-elle sur les tonnages ? Dans ce cas, la substitution des antibiotiques anciens employés à doses élevées par des plus récents, plus actifs à doses plus faibles, pourrait suffire à atteindre l’objectif. Il serait sans doute plus juste de se fonder sur le niveau d’exposition, c’est-à-dire sur le nombre moyen de traitements antibiotiques par animal et par an. L’année de référence sera-t-elle la dernière connue (les données 2009) ou une moyenne sur la décennie ? Le plan de réduction visera-t-il toutes les espèces ou seulement les élevages ?

Avant le mois de mai, il ne reste que quelques semaines au ministère de l’Agriculture pour transformer le souhait de son ministre en réalité. En outre, les conséquences de l’affaire Médiator® ne sont pas encore toutes tirées pour Bruno Le Maire. « Il n’est pas question de mettre en cause la probité des scientifiques [qui travaillent pour les agences d’évaluation et de contrôle]. Mais je compléterai le projet de loi sur les conflits d’intérêts que François Baroin, ministre du Budget, présentera au Parlement », a-t-il souligné. La Commission nationale du médicament vétérinaire nommée début janvier ne s’est pas encore réunie, dans l’attente d’un réexamen des conflits d’intérêts de ses membres.

« Il faut trouver l’équilibre entre la sécurité des consommateurs et la pérennité de l’agriculture. Si la France supprime l’usage des pesticides sur son sol et que d’autres pays continuent les mêmes pratiques, une partie des récoltes sera perdue. Il faudra alors acheter des aliments aux Etats moins scrupuleux », conclut le ministre.

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