La directive “services” peine à s’appliquer en Europe - La Semaine Vétérinaire n° 1442 du 18/03/2011
La Semaine Vétérinaire n° 1442 du 18/03/2011

Bruxelles. Transposition dans vingt-sept pays

Actualité

Auteur(s) : Nicolas Fontenelle

Commission, Parlement et Conseil de l’Union européenne viennent de dresser le bilan de la mise en place de la directive “services” dans les Etats membres.

La directive “services” s’applique officiellement dans les vingt-sept pays de l’Union européenne depuis le 28 décembre 2006, mais les Etats avaient jusqu’au 31 décembre 2009, au plus tard, pour la transposer en droit national. Un an après cette date butoir, où en sont-ils ? Loin du compte, apparemment. « Certains Etats membres devraient intensifier leurs efforts pour mettre pleinement en œuvre la directive “services” », remarque notamment le Conseil de l’Union dans ses conclusions, rendues publiques le 10 mars dernier. « Des exigences injustifiées ou disproportionnées, réservant l’accès à certaines activités de services à des prestataires possédant des qualifications particulières, constituent des obstacles majeurs au fonctionnement du marché unique, notamment dans les situations transfrontalières », dénonce-t-il encore. Par ailleurs, il attend « avec intérêt » l’analyse et les conclusions de la Commission sur les « exigences en matière de détention du capital, de forme juridique et d’assurance, qui pourraient conduire, lorsque cela sera jugé nécessaire, à l’adoption d’initiatives spécifiques d’ici à 2012 ». La position plutôt sévère du Conseil de l’Union vient conclure et synthétiser plus d’un mois d’analyses et de discussions entre la Commission et le Parlement sur la mise en œuvre du texte européen.

La Grèce, l’Italie, la Slovaquie, la Roumanie ou encore la France tardent à transposer

« La directive a permis de supprimer une multitude d’entraves à l’initiative économique et de moderniser nos réglementations et nos administrations. Elle a produit des résultats tangibles pour nos citoyens et nos entreprises, notamment les plus petites qui constituent 95 % des prestataires de services en Europe », s’est tout de même félicité Michel Barnier, commissaire au marché intérieur et aux services, le 31 janvier dernier. Selon lui, une simple notification permet désormais à un artisan belge de s’installer en Italie et « un réparateur indépendant d’ordinateurs établi en Hongrie peut désormais prester librement ses services en République tchèque sans devoir obtenir une autorisation ni même s’inscrire au registre de commerce tchèque ». Sans doute. Mais le Parlement est, lui, plus circonspect. Dans un rapport et une résolution adoptés par un vote le 15 février dernier, les députés européens notent que, dans beaucoup d’Etats, la mise en œuvre du texte n’a été que « partielle et mal réalisée » en raison d’une transposition tardive. La Grèce, l’Italie, la Slovaquie ou encore la Roumanie sont loin d’avoir tout adapté. La France n’est pas la seule mauvaise élève…

L’une des préoccupations les plus importantes des parlementaires concerne le retard dans la mise en place des « points de contact uniques » (PCU) ou « guichets uniques », prévus dans la directive “services”. Il s’agit de guichets administratifs où toute personne qui souhaite fournir des services dans un autre pays doit pouvoir obtenir les informations nécessaires à son installation (formalités professionnelles, droit du travail, règles d’urbanisme, environnement, etc.). Or, ces outils sont soit mal, soit pas du tout mis en place, ce qui constitue une entrave au développement des services transfrontaliers notamment. Le rapport souligne la nécessité d’accorder des moyens financiers à ces guichets, et d’assurer la disponibilité et la qualité de l’information, dans plusieurs langues (dont l’anglais). Il préconise la présence physique d’une personne pour renseigner les utilisateurs, et pas seulement un portail électronique.

Huit cents activités sont considérées comme des professions réglementées

De son côté, la Commission européenne a adopté, fin janvier 2011, une communication sur les résultats de l’évaluation mutuelle. Cette procédure « d’examen par les pairs » a rassemblé en 2010 les Etats par “clusters” de cinq pour débattre de la situation dans leurs pays respectifs. Le problème le plus fréquemment mentionné comme obstacle au fonctionnement du marché unique est « l’utilisation massive, par les Etats membres, de la possibilité de réserver certaines activités de services à certains opérateurs », écrit la Commission. Huit cents activités différentes, considérées comme des professions réglementées dans un ou plusieurs pays, sont réservées aux prestataires qui possèdent des qualifications spécifiques. Beaucoup de ces activités ne sont réglementées que dans quelques Etats membres et plus de 25 % d’entre elles ne le sont que dans un seul (un photographe indépendant, par exemple, ne pourra pas prendre des clichés d’un événement d’entreprise se déroulant dans un pays qui réserve cette activité aux personnes possédant des qualifications professionnelles spécifiques en photographie). « Les Etats membres ont aussi souligné que, dans certains secteurs comme la construction, il semble exister un nombre élevé de “spécialisations” réglementées dont la pertinence est discutable en raison de la coûteuse fragmentation du marché qu’elles engendrent, et qui peut faire obstacle à la prestation de services de haute qualité », souligne la Commission.

Les Etats dans lesquels la mise en œuvre de la directive est incomplète sur la sellette

Autre grosse préoccupation des Etats membres : les exigences de forme juridique des entreprises et de détention du capital (comme l’obligation de posséder des qualifications spécifiques pour pouvoir détenir des parts d’une société fournissant certains services). « Même si des considérations légitimes pourraient justifier certaines de ces exigences (par exemple pour assurer l’indépendance ou l’engagement personnel du prestataire de services), elles n’en créent pas moins des obstacles au fonctionnement du marché unique des services », note la Commission.

Celle-ci a donc décidé d’organiser une série de réunions avec les Etats dans lesquels la mise en œuvre de la directive est incomplète. « Au besoin, des mesures d’exécution formelles seront prises », menace-t-elle. Elle veillera également à ce que les prestataires de services disposent de moyens de recours « efficaces, rapides et abordables » pour faire valoir leurs droits liés au marché unique en cas d’entrave. Dans l’année à venir, la Commission mettra en place des « tests de performance » du marché unique des services pour apprécier la situation du point de vue des utilisateurs, consommateurs ou entreprises, et ainsi évaluer les points de blocage.

  • (1) « Un passage viral du A/H1N1 dans un cheptel naïf a provoqué de fortes manifestations cliniques ».

  • (2) La cause animale (1820-1980) – Essai de sociologie historique, paru aux éditions PUF, 233 pages, 26 €.

Du côté des vétérinaires

Rien de nouveau sous le soleil (ou les nuages pour certains) de la transposition de la directive dans la profession. L’Ordre continue son travail sur l’évolution de la communication des structures. Du côté de l’ouverture du capital des entreprises vétérinaires, rien non plus ne se profile à l’horizon. La France semble avoir décidé d’attendre la décision de la Commission sur le sujet avant de statuer. Enfin, le guichet unique vétérinaire français vient d’ouvrir. Initialement, il devait être géré en direct par l’Ordre, mais le gouvernement a finalement décidé de regrouper toutes les informations sur les activités professionnelles concernées par la directive “services” sur un portail Internet unique, administré par un groupement d’intérêt public (GIP). Lancé fin février dernier, il est accessible à l’adresse : www.guichet-entreprises.fr

Les vétérinaires issus des autres pays de l’Union y trouveront toutes les formalités à accomplir pour s’installer sur notre territoire.

N. F.

Erratum

• Virus grippal. Une regrettable erreur s’est glissée dans la formation “filières” de La Semaine Vétérinaire n° 1440 du 4 mars dernier.(1) A la suite d’une malheureuse confusion dans les versions successives du résumé adressées au secrétariat de l’Association française de médecine vétérinaire porcine, c’est la première qui a été éditée. Il est indiqué que le virus grippal détecté est une souche pandémique. Or la seule précision pouvant être apportée par les auteurs à cette date est qu’il s’agit d’un virus influenza A dont le gène M a été détecté par PCR. Il est peut-être de sous-type H1N1, les animaux ayant présenté une sérologie positive vis-à-vis d’un virus porcin H1N1, mais seule la caractérisation du virus isolé permettra d’identifier son lignage d’appartenance.

Suisse

• Plus de transit animal vers l’abattoir. Le Conseil fédéral a adapté, le 11 mars dernier, le droit existant sur l’interdiction de transit des animaux de boucherie par la Suisse. Bovins, porcs, moutons et chèvres étaient déjà interdits de transit. S’y ajoutent aujourd’hui les chevaux et les volailles destinés à la consommation humaine. Selon la Suisse, les animaux ne devraient pas avoir à subir de longs transports dans le seul but d’être abattus. Le sujet a été abordé au Parlement en réponse à une initiative qui voulait inscrire l’interdiction de transit dans la loi sur la protection des animaux, au lieu d’en faire l’objet d’une ordonnance comme c’est le cas aujourd’hui. L’interdiction de transit pour les chevaux et les volailles destinés à la boucherie entre en vigueur le 1er avril prochain.

Cause animale

• Vient de paraître. La protection animale est une cause ancienne et complexe, comme le rappelle l’ouvrage(2) de Christophe Traïni, membre de l’Institut universitaire de France et maître de conférences à Sciences Po. L’auteur aborde l’évolution de la cause animale du début du XIXe siècle à aujourd’hui, alors que « de multiples entrepreneurs de morale s’indignent du traitement que les hommes réservent aux bêtes et se mobilisent afin de corriger la brutalité de leurs contemporains ». Les évolutions de la protection animale sont indissociables de celles de la philanthropie. Le livre s’appuie en outre sur une comparaison franco-britannique.

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