La grippe aviaire peut rester lovée dans le duvet pendant plusieurs mois

Les plumes de canard dispersées dans l’environnement sont une source potentielle de contamination environnementale par les souches de virus influenza aviaires hautement pathogènes de sous-type H5N1. Elles constituent même un réservoir à virus sous forme de bombe à retardement.

Une équipe japonaise⁽¹⁾ a travaillé sur des canards domestiques âgés de quatre semaines. Les animaux ont été inoculés avec différentes souches virales de H5N1. Des plumes, l’eau de boisson et les fèces ont été collectées le troisième jour post-inoculation, puis conservées à 4 °C ou 20 °C. La persistance virale a été suivie pendant environ un an, avec isolement viral et mise en évidence de l’ARN viral par reverse transcriptase polymerase chain reaction (RT-PCR).

Les résultats montrent que le virus persiste le plus longtemps dans les plumes, par rapport à l’eau de boisson et aux fèces. L’infectivité virale a ainsi perduré pendant cent soixante jours dans les plumes réfrigérées, et quinze dans celles conservées à température ambiante. Des titres viraux importants (exprimés en doses infectieuses pour l’œuf par millilitre) ont été détectés dans les plumes réfrigérées jusqu’à quatre mois après leur stockage. Logiquement, l’ARN viral a persisté encore plus longtemps que l’infectivité.

Le risque lié aux souches de H5N1 à l’échelle mondiale reste majeur, tant pour la santé animale que pour la santé humaine. Le rôle des plumes dans la persistance virale lors de foyer d’influenza aviaire H5N1 a largement été sous-estimé jusqu’alors et, globalement, l’ensemble des données sur la persistance environnementale des souches pandémiques potentielles serait à approfondir, selon les auteurs de cette étude.

• (1) Y. Yamamoto et coll. : « Persistence of avian influenza virus (H5N1) in feathers detached from bodies of infected domestic ducks », Aplied and environmental microbiology, 2010, vol. 76, n° 16, pp. 5 496-5 499.