La thérapie d’acceptation consiste à cesser la lutte intérieure et à changer de vie

Comment s’affranchir de la souffrance intérieureet sortir du cercle vicieux lutte-abandon qui nous épuise ? Benjamin Schoendorff⁽¹⁾, psychologue et psychothérapeute, propose une réponse. Cet auteur est le pionnier de l’introduction en France de l’Acceptance and Commitment Therapy (ACT), également connue sous le nom de thérapie d’acceptation et d’engagement, qui permet de changer sa vie plutôt que son expérience intérieure. Dans l’ouvrage Secrets de psys, ce qu’il faut savoir pour aller bien⁽²⁾, Benjamin Schoendorff raconte comment il est sorti du cercle infernal de la lutte afin de se libérer de la consommation d’héroïne.

Avant tout, qu’est-ce qu’une lutte intérieure ? Selon Benjamin Schoendorff, il s’agit de « tout ce qui nous permet d’éviter ou de modifier un vécu insupportable ». Cela se traduit par un excès de travail, d’alcool, de drogue, etc. La lutte intérieure pour se débarrasser de ces symptômes fait que l’individu arrive souvent au résultat contraire avec, en prime, une amplification de sa douleur. Selon Benjamin Schoendorff, « la lutte peut devenir une addiction, un piège », car il faudra combattre de plus en plus au fur et à mesure de ses échecs. L’épuisement sera par conséquent au rendez-vous.

La méditation zen permet d’observer ses émotions passer comme des nuages

Approfondissons l’histoire de Benjamin Schoendorff. Il se souvient que lorsqu’il était jeune, il n’acceptait pas ce qu’il vivait. Diverses expériences et rencontres l’ont amené à la consommation de psychotropes et à une addiction à l’héroïne en particulier. Il devient l’esclave de sa consommation au fil des ans. Il se sent triste, déprimé et n’ose pas s’engager dans des relations amoureuses. Son enfer au quotidien est sa lutte contre son addiction. Il alterne consommation et abstinence, ce qui le conduit à s’autodétruire. Parmi les expériences qui lui permettront d’avancer sur le bon chemin, il y a des rencontres humaines et la découverte de la méditation zen. Cette technique lui permet d’apprendre à observer ses pensées et ses émotions passer comme des nuages, et surtout de ne plus s’identifier à elles. Il s’agit d’une piste pour arrêter de lutter et de ne plus entretenir le cercle vicieux du combat qui conduit à l’épuisement. Grâce à la méditation zen, il éprouve une certaine tranquillité. Benjamin Schoendorff apprend à faire la paix avec sa souffrance. Il explique que « renoncer à la lutte intérieure est le prix de la liberté ».

« Il faut changer sa vie plutôt que son expérience intérieure »

Le vrai courage, selon Benjamin Schoendorff, ce n’est pas de combattre, mais de cesser de lutter pour incarner enfin les valeurs d’amour et se rendre utile. Il saisit qu’il faut, dans ce but, approfondir sa relation aux autres, mais aussi avec soi-même. La pratique est donc importante, car la théorie ne suffit pas. Benjamin Schoendorff reprend ses études, qu’il avait alors abandonnées. Il se dirigera vers un cursus de psychologie, y découvrira les thérapies comportementales et comprendra l’importance de la bienveillance. La grande leçon qu’il tire de ses recherches et de ses rencontres, « c’est qu’il faut changer sa vie plutôt que son expérience intérieure ».

Autrement dit, la solution consiste à abandonner l’épuisante lutte intérieure afin de diriger son énergie vers l’action, en direction des valeurs de son choix. Benjamin Schoendorff invite à déposer les armes et à « apprivoiser peu à peu son ressenti intérieur ». D’où l’importance de l’action et d’une utilisation de son énergie à bon escient. Il faut bien comprendre que la lutte affaiblit et ne s’accompagne pas de la victoire. Il faut donc façonner l’image de la personne que l’on choisit d’être. C’est précisément l’objet de la thérapie d’acceptation et d’engagement. La solution consisterait à remplacer la lutte intérieure, qui ne mène qu’à la souffrance et à l’échec, par une démarche de changement de sa vie.

• (1) Auteur de « Faire face à la souffrance. Choisir sa vie plutôt que la lutte avec la thérapie d’acceptation et d’engagement », aux éditions Retz.

• (2) Sous la direction de Christophe André, aux éditions Odile Jacob.