Une exophtalmie bilatérale est le signe d’appel d’un thymome chez le lapin - La Semaine Vétérinaire n° 1442 du 18/03/2011
La Semaine Vétérinaire n° 1442 du 18/03/2011

Cancérologie

Formation continue

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Auteur(s) : Marie Sigaud

Le choix du traitement est délicat et doit s’effectuer au cas par cas. En attente d’un consensus sur les protocoles de traitement, la radiothérapie palliative représente une alternative prometteuse.

L’étiologie des thymomes (tumeurs peu fréquentes) est mal connue chez le lapin. Une origine virale a été mise en cause au moins une fois à la suite de l’injection d’un virus leucémique à celluleT. Aucune autre cause précise n’a cependant été identifiée. Ce sont des tumeurs à croissance lente et leur fréquence de métastases est faible. Cependant, des phénomènes métastatiques ont déjà été décrits sur des organes thoraciques et des nœuds lymphatiques abdominaux.

Le tableau clinique est lié à l’envahissement de la cavité thoracique. Différents signes sont alors observés, comme des difficultés respiratoires ou une intolérance à l’effort. Le signe d’appel à retenir est une exophtalmie bilatérale. Elle est provoquée par le défaut de retour veineux, lié à la compression de la veine cave craniale qui provoque un engorgement des sinus infraorbitaires, très développés chez le lapin. Ce phénomène est appelé “syndrome veine cave craniale”. Des signes plus rares, comme un œdème du cou et des membres antérieurs, sont également rapportés dans des cas avancés.

La radiographie est l’examen de dépistage de choix

Le diagnostic est assez délicat, et le recours à l’imagerie médicale est nécessaire. Chez les lagomorphes et les rongeurs, le thymus persiste tout au long de la vie de l’animal. La réalisation de clichés radiographiques ventro-dorsal et latéral permet de mettre en évidence la présence d’une masse de consistance tissulaire à cystique dans le médiastin cranial, cranialement à la silhouette du cœur. Cette masse peut même déplacer dorsalement la trachée.

La tomodensitométrie ou l’imagerie par résonance magnétique sont les examens de référence, car ils permettent d’apprécier la masse et de visualiser l’envahissement des tissus adjacents, mais aussi de réaliser un bilan d’extension.

Le diagnostic de certitude peut être établi grâce à une cytoponction ou une biopsie échoguidée. La biopsie punch, à l’occasion d’une échographie ou d’une intervention chirurgicale, sera préférée. L’examen histologique permet de distinguer un thymome d’un lymphome thymique. Dans le premier cas, des populations de lymphocytes bien différenciés et de cellules épithéliales sont principalement observées. En effet, les thymomes sont des tumeurs de l’épithélium thymique. Dans le second cas, des populations hétérogènes de lymphocytes immatures ou indifférenciés sont notées.

Le cyclophosphamide après la radiothérapie donne des résultats satisfaisants

Une fois le thymome détecté, l’espérance de vie moyenne d’un lapin sans traitement est de quatre mois. La mort découle de la détresse respiratoire. La chirurgie est le traitement le plus pratiqué, mais la chimiothérapie et la radiothérapie sont de plus en plus employées.

La chimiothérapie est envisagée en cas de métastase, de thymome envahissant ou en appui à la chirurgie. Il existe divers protocoles chez le chien et le chat : il s’agit de combinaisons de cisplatine, de doxorubicine et de cyclophosphamide, avec ou sans vincristine. Ceux-ci n’ont été mis en œuvre que dans quelques cas chez le lapin. Les résultats obtenus sont mitigés par rapport à la mise en place d’un traitement aussi contraignant pour l’animal. De nombreux effets secondaires sont décrits (destruction de la moelle osseuse, toxicité rénale et hépatique, etc.). Cette thérapeutique peut également être mise en place en relais à la radiothérapie. L’utilisation de cyclophosphamide après la radiothérapie donne des résultats satisfaisants et comporte peu d’effets secondaires. La corticothérapie est également une alternative à envisager lorsque l’animal est en phase terminale.

La radiothérapie s’accompagne de résultats encourageants chez le lapin

Les thymomes sont des tumeurs radiosensibles. De bons résultats sont déjà obtenus chez l’homme, le chien et le chat. Chez le lapin, les résultats sont assez encourageants, mais la proximité de la tumeur avec des organes tels que le cœur ou les poumons rend l’utilisation des rayons assez délicate. C’est pourquoi seule une radiothérapie palliative, dite hypofractionnée, est envisageable, c’est-à-dire trois fractions de huit grays délivrés par un accélérateur linéaire (6 mV). Toutefois, malgré ce faible niveau, des effets secondaires comme une pneumonie de radiation et une fibrose pulmonaire sont à envisager. Cette thérapie est tout de même à privilégier en cas de thymome envahissant, lorsque les marges de la masse retirées ne sont pas saines ou si l’état de l’animal ne permet pas d’envisager de chirurgie à thorax ouvert. A l’heure actuelle, il n’existe aucun consensus sur le protocole thérapeutique à employer, ni sur les bénéfices en termes de survie pour les animaux traités par radiothérapie. Néanmoins, certains auteurs s’accordent a minima sur les effets bénéfiques de cette thérapie pour la réduction de la taille du thymome, bien que des études rétrospectives permettant de comparer les différents traitements manquent encore. Un suivi par imagerie – de préférence tomodensitométrique, à défaut radiographique – est nécessaire pour contrôler la taille du thymome et pour détecter l’apparition d’effets secondaires. Cela permet d’ajuster la quantité de rayons délivrés.

CONFÉRENCIER

Charly Pignon, chargé de consultations “nouveaux animaux de compagnie” au centre hospitalier universitaire vétérinaire d’Alfort, ancien interne “exotics animals” à l’université de Tufts (Etats-Unis).

Article rédigé d’après la conférence « Traitement du thymome chez le lapin, une alternative à la chirurgie », lors du congrès Yaboumba 2010.

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