À la une
Auteur(s) : Isabelle Diquéro
Initials BB. Entre les Basques et les Béarnais, le département des Pyrénées-Atlantiques ne manque pas de caractère. Baigné par deux cultures fortes et doté d’une nature généreuse, ce territoire séduit. Nombreux sont ceux qui succombent à l’appel du Sud-Ouest. Entre poussée démographique et spécialités locales, l’exercice vétérinaire suit le mouvement. Explications.
Il y a la côte et le reste », résume Delphine David, conseillère du conseil régional de l’Ordre (CRO) d’Aquitaine et vétérinaire à Ustaritz. Ce tableau sommaire plante bien le décor et la tendance du moment. Il faut dire que la déferlante démographique à laquelle sont actuellement soumis les 30 km de côtes du département a des répercussions jusqu’aux coteaux, voire dans les vallées du piémont pyrénéen. Les projections démographiques prévoient une augmentation de la population de 37 000 à 48 000 personnes à l’horizon 2015 sur les quarante-huit communes du Seignanx et du nord de la côte basque, réparties autour de l’agglomération du BAB (pour Biarritz-Anglet-Bayonne). Cette urbanisation ne manque pas d’influencer l’activité des deux cent trente-quatre vétérinaires locaux. « La clientèle change, constate Delphine David, y compris à l’intérieur du département. Il n’y a quasiment plus que des praticiens canins sur la côte et les premiers ruraux n’apparaissent que vers Ustaritz et Saint-Pée-sur-Nivelle. »
L’exercice canin ne se développe pas au détriment du rural. Disons plutôt que, loin de l’océan, la mixité gagne du terrain. « Les ruraux deviennent mixtes par nécessité d’étendre le champ de leur activité, analyse Alain Bouyé, trésorier du CRO installé à Monein. Le mode de vie a considérablement changé dans le Béarn. L’élevage a diminué au profit de l’activité viticole. Les jeunes refusent d’adopter le même statut que leurs parents. Ils laissent tomber la petite exploitation agricole familiale et consacrent la totalité de leur temps à une activité professionnelle autre. » Du coup, pour tenir le choc, soit la mutation s’effectue en faveur de la pratique canine – une option retenue par Alain Bouyé il y a dix ans –, soit les activités coexistent. « Il faut dire qu’en dessous de 10 % de chiffre d’affaires, l’activité rurale est difficilement maintenable dans une structure pour des raisons organisationnelles et humaines », commente Xavier-François Barbe, dirigeant du cabinet de conseil en management Pick & Go et vétérinaire anciennement installé à Urt (voir page 27).
Ce choix s’impose d’autant plus du côté basque du département que les cabinets ou cliniques y sont plus petits. Ils dépassent rarement trois vétérinaires, alors que certaines structures unitaires du Béarn comptent jusqu’à huit praticiens sur un même site, comme à Nay où exerce Christophe Brard, président de la Société nationale des groupements techniques vétérinaires (SNGTV).
Mixte dans sa pratique, l’activité rurale tend également à accorder de plus en plus de place aux femmes, par la force des choses, mais aussi grâce à l’évolution des mentalités. Delphine David se souvient avec humour de son arrivée dans la région : « Il y a quinze ans, on ne prenait pas de filles dans les cliniques en rurale. Maintenant, c’est courant, même dans le pays Basque intérieur. Lorsque j’appelais pour proposer ma candidature, on me répondait qu’on avait besoin de personne. En revanche, lorsque mon ami appelait les mêmes cliniques, le discours était tout autre. La mentalité a aussi évolué chez les éleveurs. Même si, au début, ils demandaient à parler au vétérinaire, aujourd’hui, j’ai tissé une véritable relation de confiance avec eux. A leur décharge, il est rare ici que les femmes s’occupent des vaches. Je n’en connais qu’une à la tête d’un élevage bovin. »
Cette féminisation ne rime pas avec dévalorisation. Le prix des clientèles ne fléchit pas. « La mixte se vend quasiment au prix de la canine pure », souligne Delphine David. Il faut dire que le pouvoir d’attraction des Pyrénées-Atlantiques agit aussi sur la profession. A tel point qu’en treize ans, près de cent vétérinaires sont venus grossir les rangs, faisant grimper le nombre de praticiens de 60,7 %. Une situation qui fait immanquablement monter les enchères.
L’esprit de défiance serait plutôt à chercher du côté des syndicats agricoles locaux. « Au moins trois choses ont affecté l’image de la profession au niveau local : les prix, la vaccination contre la fièvre catarrhale ovine obligatoire et la visite sanitaire annuelle », explique Jean-Claude Selze (A69), jeune retraité de la coopérative Lur Berri située à Aicirits. Les vétérinaires apparaissent aux yeux de certains éleveurs comme des profiteurs. « Dans une situation économique parfois difficile, on peut comprendre que les éleveurs ressentent mal le fait de payer une visite annuelle obligatoire pour acheter des médicaments chez le vétérinaire à des prix supérieurs à ceux pratiqués de l’autre côté de la frontière », ajoute-t-il.
Delphine David reconnaît qu’elle a souvent entendu dire que la vaccination était un bon moyen de faire gagner de l’argent aux vétérinaires, alors qu’il n’y avait pas de fièvre catarrhale ovine. « A Hasparren, des vétérinaires ont même fini par abandonner à cause de ces conflits, souligne-t-elle. Cette année, dans le cadre du volontariat, seulement un tiers des éleveurs ont entrepris la démarche de faire vacciner leurs bêtes. » Cette opposition ne touche pas que la fièvre catarrhale. « Les propriétaires de pottoks font souvent l’impasse sur l’identification de leurs chevaux, poursuit-elle. Avec une puce à 25 € pour un poney qui se vend 50 € pièce pour la viande, ils font vite le calcul. » Un calcul qui ne va pas sans poser de problème de prophylaxie, puisqu’il pousse également les propriétaires de Betisoak ou Betizu (prononcer “betissou”), petites vaches “sauvages” des Pyrénées, à ne pas vacciner les veaux pourtant destinés à la vente.
• 647 420 habitants
• 7 645 km2
• 547 communes (33 communautés de communes)
• 2 grandes agglomérations (Pau et Bayonne)
• 2e département en nombre d’installations de jeunes agriculteurs
• 1er producteur de brebis
• 1/3 de la frontière franco-espagnole
• Plus de 50 % des passages transpyrénéens
Nouveau : Découvrez le premier module
e-Learning du PointVétérinaire.fr sur le thème « L’Épanchement thoracique dans tous ses états »
L’ouvrage ECG du chien et du chat - Diagnostic des arythmies s’engage à fournir à l’étudiant débutant ou au spécialiste en cardiologie une approche pratique du diagnostic électrocardiographique, ainsi que des connaissances approfondies, afin de leur permettre un réel apprentissage dans ce domaine qui a intrigué les praticiens pendant plus d’un siècle. L’association des différentes expériences des auteurs donne de la consistance à l’abord de l’interprétation des tracés ECG effectués chez le chien et le chat.
En savoir plus sur cette nouveauté
Découvrir la boutique du Point Vétérinaire
Retrouvez les différentes formations, évènements, congrès qui seront organisés dans les mois à venir. Vous pouvez cibler votre recherche par date, domaine d'activité, ou situation géographique.
Recevez tous les jours nos actualités, comme plus de 170 000 acteurs du monde vétérinaire.
Vidéo : Comment s'inscrire aux lettres d'informations du Point Vétérinaire