Médicaments espagnols
À la une
Auteur(s) : I. D.
L’Espagne est à la France ce que la France est à la Suisse », relativise Véronique Bellemain, à la tête de la Direction départementale de la protection des populations des Pyrénées-Atlantiques (DDPPPA). Il n’empêche que les déclarations de Bruno Le Maire, ministre de l’Agriculture, qui s’apprête à lancer un plan sur cinq ans(1) pour diminuer de 25 % les antibiotiques utilisés dans les élevages en mai prochain, trouvent un écho particulier dans le département. En effet, s’il affirme qu’il n’est pas question d’y renoncer totalement, il insiste sur la nécessité de « trouver l’équilibre entre la sécurité des consommateurs et la pérennité de l’agriculture ». C’est bien là toute l’articulation de la question du trafic ou de l’usage – le terme varie selon les camps – des médicaments vétérinaires espagnols. Sous prétexte d’une situation économique tendue, les éleveurs n’hésitent pas à s’approvisionner en médicaments vétérinaires dans les ventas (centres commerciaux) de l’autre côté de la frontière. De la même façon, ils achètent leurs cigarettes, leur alcool et leur essence moins cher, ils en profitent pour faire le plein d’antibiotiques, d’anti-inflammatoires et d’antiparasitaires pour leurs animaux. Pour cela, rien de plus simple. Il leur suffit, par exemple, de se présenter à la venta Peio munis de leur numéro EDE et d’indiquer l’espèce concernée et les produits souhaités. Là, en plus de la marchandise, une pseudo-ordonnance présignée par un vétérinaire espagnol leur est remise. Ils sont censés être couverts. Pourtant, contrairement au discours tenu par les responsables de l’établissement, les éleveurs entrent immédiatement dans l’illégalité. Ils préfèrent cependant faire semblant d’y croire afin de se procurer des produits parfois vendus au prix de gros hors taxes de leur équivalent français.
Ce calcul se révèle désastreux sur plusieurs points. Economiquement, tout d’abord. Vendus moins cher, mais souvent dans des conditionnements supérieurs à ceux commercialisés en France, les produits, périmés avant d’avoir été utilisés, finissent souvent leur vie dans la poubelle ou oubliés dans un coin de l’exploitation. Juridiquement aussi. Les interpellations pour détention de produits vétérinaires espagnols se multiplient. Coups de filets à répétition, gardes à vue, instructions, etc. La gendarmerie, les douanes et les services vétérinaires mènent des opérations de grande envergure dans l’espoir de dissuader les contrevenants.
Sanitaire, enfin. L’Euskal herriko laborarien batasuna (ELB), syndicat agricole basque, dénonce « la puissance du lobby vétérinaire et pharmaceutique qui fait la loi en matière sanitaire ». L’organisme estime que la plupart des produits vétérinaires que les éleveurs du nord des Pyrénées achètent outre-Bidassoa sont exactement les mêmes que ceux qui sont vendus sur le territoire national, mais à un prix bien plus bas, et qu’ « il n’y a donc pas ici la moindre notion de dangerosité de produits qui n’auraient pas d’autorisation en France ».
L’avis de la DDPPPA est tout autre. Outre les problèmes d’excipients qui diffèrent d’un produit à l’autre et qui posent la question de l’impact possible sur la consommation des produits d’élevage, l’automédication est pointée du doigt. « Ce qui nous gêne le plus, confie Véronique Bellemain, c’est le recours à l’automédication par l’éleveur. A défaut de pouvoir intervenir sur l’aspect économique du problème, nous essayons de communiquer en faveur d’une utilisation raisonnée du médicament vétérinaire. Chiffres à l’appui, nous leur démontrons qu’un usage raisonné accompagné par le vétérinaire n’engendre pas plus de dépenses que l’achat en masse de produits, “au cas où”, finalement inutilisés parce que périmés. »
Un discours – à moins que ce ne soit la répression – qui semble être entendu puisque, selon le retour des vétérinaires chargés des contrôles auprès des éleveurs, les découvertes de stocks hispaniques sont de moins en moins fréquentes.
Nouveau : Découvrez le premier module
e-Learning du PointVétérinaire.fr sur le thème « L’Épanchement thoracique dans tous ses états »
L’ouvrage ECG du chien et du chat - Diagnostic des arythmies s’engage à fournir à l’étudiant débutant ou au spécialiste en cardiologie une approche pratique du diagnostic électrocardiographique, ainsi que des connaissances approfondies, afin de leur permettre un réel apprentissage dans ce domaine qui a intrigué les praticiens pendant plus d’un siècle. L’association des différentes expériences des auteurs donne de la consistance à l’abord de l’interprétation des tracés ECG effectués chez le chien et le chat.
En savoir plus sur cette nouveauté
Découvrir la boutique du Point Vétérinaire
Retrouvez les différentes formations, évènements, congrès qui seront organisés dans les mois à venir. Vous pouvez cibler votre recherche par date, domaine d'activité, ou situation géographique.
Recevez tous les jours nos actualités, comme plus de 170 000 acteurs du monde vétérinaire.
Vidéo : Comment s'inscrire aux lettres d'informations du Point Vétérinaire