Pathologie bovine
Formation continue
RURALE
Auteur(s) : Karim Adjou*, Jeanne Brugère-Picoux**
Cette affection émergente dure deux à trois jours chez le veau, avec parfois des cas de mort subite.
La maladie apparemment émergente et maintenant officiellement dénommée pancytopénie néonatale bovine (ou bovine neonatal pancytopenia) est observée chez de jeunes veaux depuis 2006, dans certains pays européens, le plus souvent dans des fermes bien tenues. Les causes reconnues de troubles hémorragiques chez les bovins ont été recherchées et exclues pour la majorité d’entre elles (génétiques, immunitaires, toxiques, virales, etc.).
En l’absence d’une connaissance précise de l’étiologie (même si une origine virale est suspectée), les critères cliniques qui permettent de suspecter cette affection sont de l’hyperthermie, des pétéchies, des sueurs de sang (voir photo 1), des fèces hémorragiques, de l’anémie avec pâleur des muqueuses et polypnée. Il n’y a généralement pas d’épistaxis ou d’hématurie.
L’examen nécropsique révèle un syndrome hémorragique généralisé (pétéchies, suffusions hémorragiques, etc.) associé à une aplasie médullaire. Ces lésions concernent la peau, les muqueuses, les muscles, le tube digestif (œsophage, réticulorumen, abomasum, intestins, poumons, trachée, cœur, rate, thymus, encéphale, etc., voir photos ci-dessous). Les résultats des analyses de laboratoire sont négatifs pour le virus de la maladie des muqueuses (polymerase chain reaction négative sur le sang ou la rate) et montrent une thrombocytopénie inférieure à 100 x 109/l avec un prélèvement traité dans l’heure qui suit (au lieu de 100 à 800 x 109/l), ainsi qu’une leucocytopénie sévère (moins de 3 x 106 WBC/l à 3,5 x 109/l selon les auteurs, au lieu de 6 à 9 x 106/l).
La concomitance avec l’apparition de la fièvre catarrhale ovine dans les pays touchés est troublante, mais il peut s’agir d’une coïncidence. En effet, l’augmentation du nombre de cas est simultanée à la mise en place des vaccinations contre cette maladie. Pour certains auteurs, un vaccin inactivé contre la maladie des muqueuses a été suspecté en raison de son administration fréquente chez les mères des veaux atteints de pancytopénie néonatale bovine, mais cela peut représenter un biais du fait de l’emploi courant de ce vaccin. Toutefois, la maladie est aussi rencontrée en l’absence de cette vaccination. L’hypothèse d’une réaction immunitaire liée à l’administration du colostrum est alors suggérée par plusieurs auteurs.
L’étude allemande d’Annette Friedrich(1), publiée en février 2011, est particulièrement intéressante. En effet, l’équipe de Munich a réussi à reproduire expérimentalement la pancytopénie néonatale bovine en administrant le colostrum de vaches ayant mis bas des veaux atteints de cette maladie à six nouveau-nés (soit 2 à 3 l de colostrum par veau).
Des prélèvements sanguins sont réalisés chez ces veaux une, deux, trois, quatre, six, neuf, douze et vingt-quatre heures (puis tous les jours) après l’ingestion de ce colostrum. Alors que les valeurs sanguines observées avant la prise du colostrum chez les six veaux sont normales, une diminution des taux de thrombocytes et de leucocytes est notée dans les trois heures qui suivent l’ingestion du colostrum chez cinq d’entre eux. Chez l’un des veaux, le nombre des plaquettes est resté bas et, le cinquième jour, les hémorragies sont apparues (l’animal sera euthanasié le huitième jour). Au total, trois d’entre eux ont présenté les symptômes et les lésions classiques de la pancytopénie néonatale bovine.
Cette étude est particulièrement importante pour l’industrie du colostrum, puisque des veaux ont pu tomber malades après l’administration d’un colostrum qui n’était pas celui de leur mère. Il reste maintenant à démontrer si l’origine de cette pancytopénie néonatale bovine est infectieuse. Des essais de reproduction expérimentale de la maladie, par transfusion sanguine ou ingestion d’organes susceptibles d’être infectés, pourraient représenter une prochaine étape afin d’infirmer ou de confirmer une telle hypothèse.
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