Les chiens en syndrome de privation et HSHA aboient plus - La Semaine Vétérinaire n° 1444 du 01/04/2011
La Semaine Vétérinaire n° 1444 du 01/04/2011

Comportement

Formation continue

ANIMAUX DE COMPAGNIE

Auteur(s) : Alexandre Balzer

Les aboiements nécessitent une véritable consultation comportementale, afin de déterminer s’ils sont d’origine pathologique ou non.

Lorsque les aboiements sont qualifiés de “comportement gênant”, il convient de définir à partir de quel stade il est effectivement judicieux de parler de gêne car, même si elle est source de nuisances, cette attitude peut être parfaitement normale et éthologique. Les aboiements sont à l’origine de nombreux troubles du voisinage, et ce comportement bruyant peut donner lieu à des sanctions pour le propriétaire de l’animal. Aussi ne faut-il pas négliger les demandes des maîtres de chiens aboyeurs, car ils encourent jusqu’à 450 € d’amende.

La première étape consiste à analyser l’enregistrement des aboiements

Afin de déterminer la véracité de ces nuisances et les modalités des vocalises, voire d’en convaincre éventuellement le propriétaire, il est possible d’enregistrer, au moyen d’une caméra ou d’un microphone, les manifestations et les attitudes du chien. Ce procédé permet de distinguer les vocalises, en les classant dans la catégorie des aboiements ou celle des hurlements, et d’analyser leur caractère (continu ou entrecoupé). Cet enregistrement, facilité par les moyens actuels (smartphone, etc.), offre aussi la possibilité de noter les circonstances de l’apparition des aboiements : bordure de voie passante, sortie d’école, passage d’écoliers, présence d’un jardin d’enfants, etc.

Dans certains cas, cela permet de mettre en évidence des stimuli particuliers qui font réagir le chien. Les vocalises peuvent être déclenchées, par exemple, lors d’allées et venues de tiers en périphérie de la propriété. Pour chaque passage, l’aboiement dure alors peu de temps et revêt un caractère “normal” en durée et en intensité. Pour un chien, il s’agit de garde territoriale lors de l’absence de ses maîtres.

En revanche, la forte fréquentation de la voie qui longe la propriété où vit cet animal peut rendre les aboiements insupportables, car presque continus.

En présence de ses propriétaires, le même chien, si son insertion hiérarchique est cohérente, peut ne pas aboyer et les maîtres doutent parfois de la véracité des faits qui leur sont reprochés. Le vétérinaire est alors consulté afin d’intervenir sur un comportement normal, mais trop répétitif. Par conséquent, est-ce toujours éthique d’empêcher un chien d’aboyer dans des situations normales ?

Lors de vocalises excessives, il est souvent possible de distinguer trois grandes causes : le lieu de vie, le chien lui-même et les autres êtres qui évoluent dans son environnement.

Le lieu de vie est source de stimuli déclencheurs

Au-delà des affections purement comportementales, il est utile de penser à toutes les actions mécaniques qui permettent de limiter les stimuli déclencheurs : pose de brise-vue, palissade, restriction de l’aire d’évolution de l’animal sur une zone plus calme (à l’arrière de la maison, par exemple). Ces astuces sont cependant aussi intéressantes dans le cas d’un animal malade, en complément des thérapeutiques comportementales. Tenter de traiter un chien atteint de syndrome d’hypersensibilité-hyperactivité (HSHA) sans limiter les stimuli alourdit la charge de travail et limite les chances de réussite.

Le chien HSHA est dans l’incapacité de stopper ses aboiements

Le chien HSHA filtre mal les informations qui proviennent du milieu extérieur. Les stimulations, parfois faibles, déclenchent de longues et pénibles séries d’aboiements. De plus, comme le chien souffre d’une incapacité à stopper la séquence comportementale, les manifestations vocales deviennent rapidement incessantes. Il convient de noter que ces chiens sont fréquemment destructeurs et malpropres, ce qui pousse les maîtres à les laisser souvent dans le jardin. Les aboiements se transforment donc encore plus rapidement en source de problèmes avec le voisinage. Une possibilité d’amélioration réside dans la diminution des stimuli par des actions mécaniques mais aussi, bien entendu, dans des prescriptions médicamenteuses et une thérapie comportementale. Cette dernière doit être fondée sur la restauration de l’arrêt des séquences comportementales, sur la favorisation de la concentration et du contrôle du chien, ainsi que sur les apprentissages d’accession au calme et la détente.

Le chien en syndrome de privation crie par peur avec des aboiements exagérés

Le sujet en syndrome de privation réagit de manière excessive à des stimulations normales. En effet, lors de son développement comportemental, plus le milieu a été calme, plus le seuil de déclenchement à l’âge adulte est bas. Les aboiements sont alors des réactions à des états phobiques. Cela peut se traduire par des vocalises lors de la présence de non-familiers, même après l’accueil de ces derniers par les propriétaires. De la même façon, des éléments extérieurs (pluie, vent, bruits urbains, etc.) peuvent susciter des réactions exagérées. Là encore, il ne faut pas oublier les actions mécaniques qui permettent de diminuer les stimuli. Une prescription médicamenteuse et une thérapie de contre-conditionnement et/ou d’habituation sont ensuite préconisées. Une véritable consultation est donc intéressante pour établir le diagnostic. La prescription médicale est souvent indispensable et permet d’accentuer les effets de la thérapie comportementale.

Les rencontres interspécifiques et intraspécifiques sont aussi anxiogènes

Il est en outre possible d’être confronté à des vocalises lors de rencontres avec des congénères canins. Ces aboiements intempestifs sont essentiellement dus à un défaut de socialisation à leur propre espèce. C’est parfois le cas du chien reçu en consultation. Cependant, certaines attitudes sont réactionnelles : un chien peut réagir normalement face à celui du voisin agressif ou à sa chienne en chaleurs… Bien entendu, il est bien plus difficile d’éviter les aboiements du chien normal que ceux de l’animal atteint d’une affection.

Le chien en présence d’autres espèces (chats, hérissons, pies, etc.) peut aussi aboyer. Dans le cadre d’une prédation, il est difficile de faire passer ce comportement. Lors de jeux ambigus, il est possible de réorienter l’animal vers d’autres centres d’intérêt.

Les rencontres avec des humains peuvent aussi déclencher des aboiements. Il est possible de distinguer plusieurs cas. Parmi eux, la garde territoriale, l’hyperattachement, les sociopathies, etc. La garde territoriale est un comportement physiologique qu’il est plus compliqué de traiter, mais il est possible de tenter de réorienter l’animal. Dans les autres cas, le diagnostic est établi en consultation, et le traitement doit fréquemment associer des actions sur le milieu extérieur et sur le chien par une rééducation et la prescription médicamenteuse.

Ainsi, il est parfois possible d’orienter le diagnostic selon les vocalises : des hurlements font essentiellement penser à de l’hyperattachement et des aboiements furieux à une sociopathie. Mais ces généralités ne doivent pas faire oublier que chaque situation est souvent unique. Une véritable consultation comportementale dans le cadre d’aboiements est par conséquent nécessaire. Face au même symptôme, des réponses différentes peuvent être apportées aux propriétaires.

CONFÉRENCIÈRE

Muriel Marion, comportementaliste diplômée des ENV, praticienne à Marseille (Bouches-du-Rhône).

Article rédigé d’après la conférence « Les aboiements : conduite à tenir », présentée au congrès de l’Afvac à Paris en 2010.

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