Parasitologie aviaire
Formation continue
FAUNE SAUVAGE
Auteur(s) : Marion Debin
Divers parasites, virus et bactéries infectent les oiseaux marins du grand Sud, malgré leur isolement.
En raison de l’isolement géographique et du climat rigoureux de l’extrême Sud, les oiseaux marins qui y vivent semblent peu exposés aux maladies et aux parasites. En 2009, un chercheur espagnol a réalisé une revue(1) d’articles qui décrit les agents pathogènes hébergés par les volatiles des zones antarctiques (péninsule et continent) et subantarctiques (au sud du 45e parallèle sud). 101 textes sont ainsi étudiés. Ils recensent, chez 38 espèces d’oiseaux, 173 agents pathogènes. La plupart d’entre eux infectent des volatiles des îles subantarctiques (63) ou Shetland du Sud (60). Seules 23 espèces pathogènes sont dénombrées en péninsule antarctique, et 19 sur le reste du continent. Cette différence est probablement liée aux conditions climatiques, ainsi qu’à un effort de recherche inégal. La plupart des études publiées font état de la présence ou non de ces agents. Peu de chercheurs se sont intéressés à la prévalence des infections, à l’intensité du parasitisme ou à l’effet pathogène des agents identifiés.
Uniquement 7 virus seraient présents, mais seuls des paramyxovirus et des poxvirus sont isolés. Les virus des maladies de Gumboro, de New-castle et de l’influenza sont détectés, uniquement par des études sérologiques.
En revanche, 37 des 42 bactéries identifiées sont isolées. Il s’agit le plus souvent de Campylobacter lari (transmise par de l’eau ou de la nourriture contaminée), de Pasteurella multocida (agent du choléra aviaire, transmis par aérosol), d’E.coli (qui appartient à la flore commensale) et de Chlamydophila sp. (responsable de la psittacose et transmise par aérosol, eau contaminée ou ectoparasite). Au moins 5 espèces de Salmonella sont également détectées.
Les protozoaires identifiés appartiennent à 6 genres. Deux d’entre eux parasitent le sang et ne sont présents qu’en zone subantarctique, les arthropodes vecteurs étant absents en Antarctique. Les 4 autres genres sont des coccidies, localisées dans le tractus intestinal.
39 espèces de parasites gastro-intestinaux sont recensées. Les plus fréquentes sont les cestodes Parorchites zederi et Tetrabothrius pauliani, le nématode Stegophorus macronectes, l’acanthocéphale Corynosoma hamanni et le trématode Gymnophallus deliciosus. Les cestodes et les nématodes infectent majoritairement les manchots, les pétrels géants et les chionis, tandis que les acanthocéphales et les trématodes touchent surtout les goélands dominicains, les skuas et les chionis. Deux infections par un pentastomide (arthropode vermiforme qui parasite les poumons et les fosses nasales) sont également rapportées chez le skua et le goéland dominicain.
Chez les 75 espèces d’ectoparasites identifiées, les phthiraptères sont les plus abondants (66 espèces). Les autres incluent les tiques (genre Ixodes), les faux poux et la puce antarctique endémique Glacyopsillus antarcticus. Bien que la plupart d’entre eux aient été retrouvés en zone subantarctique, les manchots empereurs et Adélie (qui vivent sur le continent antarctique) sont, eux aussi, parasités par des poux. Par ailleurs, une seule infection fongique est rapportée, chez le skua.
Certains de ces agents, présents en zones tempérées (Campylobacter jejuni, Pasteurella multocida, Clostridium botulinum, Mycobacterium avium, Cryptosporidium sp.), sont vraisemblablement véhiculés par les espèces migratoires qui passent l’hiver austral à des latitudes plus basses.
Chez le pétrel géant (Macronectes giganteus), le plus grand représentant de cette espèce, pas moins de 29 agents pathogènes différents sont identifiés. Ainsi, 10 espèces bactériennes sont isolées, et 4 autres détectées par sérologie. La plupart sont d’un genre courant chez les oiseaux : Salmonella, Campylobacter, Mycoplasma ou encore Pasteurella. Deux virus, l’influenza A et un poxvirus, sont notés. Le genre Sarcocystis est également mis en évidence, de même que deux parasites gastro-intestinaux de la famille des Capillaria et Stegophorus. En outre, 9 espèces différentes de parasites externes sont retrouvées, de la tique Ixodes uriae à la puce Glaciopsyllus antarcticus.
De façon surprenante, chez quelques oiseaux comme le manchot Adélie, certaines populations semblent n’héberger ni Salmonella ni Campylobacter, tandis que ces bactéries sont détectées dans d’autres colonies. Cette situation peut être mise en relation avec la proximité d’une base scientifique.
Les activités humaines, scientifiques ou touristiques sont susceptibles de constituer une source d’introduction de nouvelles espèces pathogènes dans ces zones isolées. Même si, chaque été, les milliers de personnes qui visitent ces régions sont rarement en contact étroit avec les oiseaux, le risque de zoonose n’est pas nul, notamment pour la maladie de Lyme ou l’influenza.
Le réchauffement climatique est l’un des principaux facteurs à même de modifier la distribution et l’abondance, voire la virulence, de ces différentes espèces pathogènes. Le système immunitaire des oiseaux marins antarctiques reste peu stimulé. Il est donc vulnérable à toute nouvelle agression.
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