Radiographie des cavités nasales
Formation continue
ANIMAUX DE COMPAGNIE
Auteur(s) : Nathaniel Harran
Fonctions : résident en imagerie médicale à l’université vétérinaire de Bristol (Royaume-Uni)
La vue dorsoventrale intra-orale est la plus utile, car elle met particulièrement en évidence l’anatomie des cavités nasales.
Les affections inflammatoires et néoplasiques des cavités nasales du chien et du chat sont fréquemment rencontrées en clinique. De nos jours, ces affections sont couramment évaluées à l’aide de techniques d’imagerie médicale avancées telles que le scanner ou l’imagerie par résonance magnétique (IRM). Cependant, ces modalités ne sont pas encore accessibles à tous les praticiens en France et leur coût est élevé en comparaison de la radiographie. Cette dernière est une méthode rapide, peu onéreuse et sensible qui permet, dans la majorité des cas d’affection nasale, d’obtenir un diagnostic préliminaire à la rhinoscopie et à l’histopathologie.
La différenciation à la radiographie entre les rhinites et les néoplasies des cavités nasales est un exercice difficile. Aussi, une bonne maîtrise de l’anatomie, des techniques, ainsi que des signes radiographiques associés, est importante. Le plus souvent, les clichés sont réalisés pour documenter un écoulement nasal aigu ou chronique, une épistaxis persistante ou récurrente, des éternuements continus, une tuméfaction nasale ou des structures alentour. Les principales projections utilisées dans l’évaluation des cavités nasales incluent une vue latéro-latérale, dorsoventrale intra-orale, ainsi qu’une vue rostrocaudale des sinus frontaux. La vue dorsoventrale intra-orale est en général la plus utile, car elle met particulièrement en évidence l’anatomie des cavités nasales (voir cliché 1).
Les rhinites ont différentes origines : allergique, hyperplasique, lymphoplasmocytaire, infectieuse (fongique, viral, bactérien), secondaire à un corps étranger ou à une lésion dentaire. Aussi, de larges variations radiographiques sont prévisibles selon l’étiologie, la sévérité et la durée des signes cliniques.
Des études(1) montrent que 55 % des chiens et 30 % des chats atteints d’une rhinite ne présentent pas d’anomalies radiographiques. En effet, les rhinites aiguës, qui provoquent une tuméfaction mineure de la muqueuse nasale et un écoulement nasal séreux, ont peu de probabilité d’être identifiées à la radiographie. A l’inverse, les rhinites chroniques produisent souvent des signes radiographiques qui peuvent apparaître similaires. Ainsi, le diagnostic final est fréquemment établi grâce à une rhinoscopie ou une intervention chirurgicale et à l’histopathologie.
Les signes radiographiques caractéristiques, isolés ou en association, de la rhinite chronique chez le chien sont, par ordre de pertinence décroissante :
– la présence d’une ou de plusieurs zones radiotransparentes dans les cavités nasales ;
– la perte focale ou multifocale de détails des volutes nasales ;
– la présence d’opacités tissulaires localisées.
Des zones radiotransparentes sont observées lorsque des rhinites de forme destructive (par exemple dues à une aspergillose) détruisent les volutes et la muqueuse, mais produisent relativement peu de tissus inflammatoires ou d’exsudats (voir cliché 2). Ainsi, la cavité nasale des animaux affectés apparaît relativement “vide”. Lorsque les anomalies citées ci-dessus apparaissent simultanément, un diagnostic de rhinite chronique peut être établi avec certitude.
Les signes radiographiques chez le chat sont similaires à ceux observés chez le chien, mais plus variables. Contrairement aux chiens, le nombre de chats atteints de rhinite chronique qui présentent une opacité liquidienne ou tissulaire dans les sinus frontaux est plus important, en raison de sinusites de forme exsudative.
Un corps étranger nasal est une autre cause possible de rhinite chronique unilatérale. La plupart du temps, il est radiotransparent, car souvent d’origine végétale.
Les néoplasmes primaires de la cavité nasale du chien incluent une large variété de types cellulaires, incluant des carcinomes (par exemple adénocarcinome, carcinome mucoépidermoïde, carcinome spinocellulaire) et des sarcomes (comme chondrosarcome, hémangiosarcome, ostéosarcome). Chez le chat, les tumeurs les plus fréquentes sont les lymphomes, les adénocarcinomes et les carcinomes spinocellulaires. La plupart émergent de la muqueuse des cavités nasales ou des sinus frontaux et sont malignes. Elles se dispersent par invasion locale et occasionnellement aux nœuds lymphatiques par voie lymphatique sous-mandibulaire et retropharyngée. Les néoplasies bénignes sont rares chez le chien et le chat.
Les signes radiographiques caractéristiques, isolés ou en association, des tumeurs nasales chez le chien sont, par ordre de pertinence décroissante :
– la présence de lyse osseuse des parois des cavités nasales et du septum ;
– une lésion affectant toutes les portions d’un même côté de la cavité nasale ;
– une opacité tissulaire généralisée unilatérale ou bilatérale ;
– une opacité liquidienne ou tissulaire au niveau du sinus ipsilatéral à la lésion principale ;
– une perte généralisée des détails des volutes.
A la différence des rhinites de forme destructive, les tumeurs nasales ont tendance à combler la cavité nasale d’une opacité de tissu mou (voir cliché 3). Aussi, des tumeurs plus avancées s’étendent fréquemment au-delà des limites de la cavité nasale, ce qui déplace le septum nasal, provoque de la lyse osseuse des parois de la cavité, voire obstrue les narines.
Les signes radiographiques des tumeurs nasales chez le chat sont similaires à ceux rapportés chez le chien. Cependant, une plus faible proportion de chats présentent une opacité au niveau des sinus, par comparaison avec le chien. Aussi, comme ce dernier signe radiographique est fréquent chez le chat atteint de rhinite, il est ainsi moins utile dans la distinction des affections inflammatoires et néoplasiques félines qu’il ne l’est dans l’espèce canine. Chez le chien, la différenciation entre une tumeur et une rhinite peut être établie grâce à la radiographie dans la majorité des cas. Chez le chat, la tâche est plus délicate, car il existe un chevauchement non négligeable des signes radiographiques.
Pour les animaux chez lesquels la différenciation ne peut être établie avec certitude à la radiographie, les modalités d’imagerie alternatives, particulièrement le scanner, peuvent être envisagées. Le scanner est notamment plus sensible pour la détection de la lyse osseuse et la mise en évidence de liquide dans les sinus. L’IRM sera plutôt utilisée pour évaluer l’extension intracraniale des tumeurs nasales.
(1) C.R. Lamb, S. Richbell, P. Mantis : « Radiographic signs in cats with nasal disease », J. Feline Med. Surg., 2003, vol. 5, n° 4, pp. 227-235. M. Russo, C.R. Lamb, S. Jakovljevic : « Distinguishing rhinitis and nasal neoplasia by radiography », Vet. Radiol. Ultrasound, 2000, vol. 41, n° 2, pp. 118-124.
Nouveau : Découvrez le premier module
e-Learning du PointVétérinaire.fr sur le thème « L’Épanchement thoracique dans tous ses états »
L’ouvrage ECG du chien et du chat - Diagnostic des arythmies s’engage à fournir à l’étudiant débutant ou au spécialiste en cardiologie une approche pratique du diagnostic électrocardiographique, ainsi que des connaissances approfondies, afin de leur permettre un réel apprentissage dans ce domaine qui a intrigué les praticiens pendant plus d’un siècle. L’association des différentes expériences des auteurs donne de la consistance à l’abord de l’interprétation des tracés ECG effectués chez le chien et le chat.
En savoir plus sur cette nouveauté
Découvrir la boutique du Point Vétérinaire
Retrouvez les différentes formations, évènements, congrès qui seront organisés dans les mois à venir. Vous pouvez cibler votre recherche par date, domaine d'activité, ou situation géographique.
Recevez tous les jours nos actualités, comme plus de 170 000 acteurs du monde vétérinaire.
Vidéo : Comment s'inscrire aux lettres d'informations du Point Vétérinaire