Locomotion en course
Formation continue
ÉQUIDÉS
Auteur(s) : Sophie Paul Jeanjean
Les contraintes physiques subies par le jeune cheval induisent l’apparition de lésions spécifiques.
Le trotteur est soumis à un accroissement permanent des vitesses d’entraînement et de course. Les contraintes physiques qui en résultent sur l’appareil locomoteur immature du jeune cheval induisent l’apparition d’entités pathologiques stéréotypées, que l’on peut qualifier de “maladies professionnelles”. Ces affections acquises peuvent interrompre la carrière sportive ou évoluer vers la chronicité. Il faudra alors gérer le parcours du cheval avec la présence de ces lésions chroniques.
L’entraînement peut être le facteur déclenchant de manifestations cliniques des lésions préexistantes d’affections ostéo-articulaires juvéniles, les plus fréquentes chez le trotteur. Parmi elles, il y a les nodules ostéochondraux sésamoïdo-phalangiens plantaires, ceux du relief intermédiaire de la cochlée tibiale et les fragmentations ostéo-chondrales de la lèvre latérale de la trochée fémorale. Ces nodules se traduisent par une distension synoviale et une gêne articulaire aggravée par le test de flexion. S’ils sont symptomatiques, le traitement consiste en une exérèse par arthroscopie. Est également observée une atteinte ostéochondrale des processus articulaires des vertèbres cervicales, dont le traitement comprend l’injection échoguidée d’anti-inflammatoires.
La lésion de fatigue des condyles métatarsiens ou métacarpiens est une autre dominante pathologique chez le trotteur. La répétition des contraintes mécaniques excessives sur les boulets entraîne soit directement une fracture de fatigue parasagittale, soit une sclérose osseuse progressive. Ces lésions peuvent évoluer de façon subclinique pendant plusieurs mois, mais aussi provoquer une boiterie ou une irrégularité de l’allure. Suspectée grâce à la scintigraphie et confirmée via l’imagerie par résonance magnétique (IRM), cette entité pathologique spécifique est longtemps restée méconnue à travers la radiographie et l’échographie. La prévention passe par une bonne conduite de l’entraînement, le confort des pistes, l’entretien des pieds et le contrôle du poids. Le traitement repose sur une ferrure correctrice, le tiludronate, les ondes de chocs, les injections intra-articulaires et une révision de l’entraînement.
Le syndrome d’enthésopathie proximale interosseuse et de syndesmopathie médiale des antérieurs est une entité spécifique du trotteur et fréquente chez le jeune. Il s’agit d’une lésion de fatigue qui affecte la partie dorsale du lobe médial du ligament suspenseur du boulet et, simultanément, de la partie adjacente de la syndesmose intermétacarpienne médiale.
Les signes locaux sont un épaississement de la région métacarpienne proximale. Ils provoquent une boiterie d’appui avec une réduction de la phase antérieure de la foulée (mise en charge). L’échographie reste déterminante, la radiographie et la scintigraphie montrent les altérations osseuses. Une connaissance plus approfondie des diverses composantes de ce syndrome (lésions ligamentaires et osseuses) a permis une meilleure approche thérapeutique.
Le carrefour lombo-sacral et sacro-iliaque est fortement sollicité chez le trotteur, car il est soumis à des mouvements de rotation à grande vitesse. Une intolérance à la palpation-pression de la région est décelée lors de l’examen, associée à des troubles fonctionnels (raccourcissements d’allures, défaut de propulsion ou asymétrie locomotrice dans les virages).
Le diagnostic est établi grâce à l’échographie transrectale des articulations synoviales intertranversaires lombo-sacrales et des articulations sacro-iliaques (synovite, remaniements osseux périarticulaires).
Le surmenage articulaire du jeune trotteur se manifeste par une synovite marquée des récessus des articulations interphalangiennes, des boulets, des carpes, du jarret et du grasset. La gêne locomotrice occasionnée est variable. Des lésions de fatigue de l’os carpal III et de l’os radial du carpe, ainsi que l’enthésopathie craniale du ménisque médial du grasset sont deux entités pathologiques rattachées à ce surmenage articulaire.
En outre, les tendinites de fatigue peuvent atteindre le jeune précocement dans sa carrière. La tendinopathie axiale du corps du suspenseur du boulet du membre postérieur est une véritable maladie professionnelle du trotteur. Au niveau des antérieurs, sont préférentiellement observées les tendinites du fléchisseur superficiel, puis la lésion du corps du suspenseur.
Jean-Marie Denoix, professeur à l’école d’Alfort et au Centre d’imagerie et de recherche sur les affections locomotrices équines (Cirale).
Article rédigé d’après la conférence « Pathologie sportive du jeune trotteur », présentée lors de la journée européenne de l’Avef 2011 à Roissy.
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