Une fois par an, la ville sacrée de Pushkar se transforme en foire aux dromadaires - La Semaine Vétérinaire n° 1445 du 08/04/2011
La Semaine Vétérinaire n° 1445 du 08/04/2011

Inde

Éclairage

INTERNATIONAL

Le gouvernement du Rajasthan et l’organisation non gouvernementale Help in suffering mobilisent des vétérinaires afin d’y soigner les nombreux animaux malades ou blessés.

La petite ville sacrée de Pushkar, située dans l’état du Rajasthan, accueille une fois par an la Pushkar Camel’s Fair, la foire aux dromadaires la plus importante d’Inde après celle du Bihar. Chaque année, des vétérinaires y assurent gratuitement tous les soins d’urgence. Vingt-cinq mille camélidés, des milliers d’hommes venus en famille par caravanes de tout le désert du Thar, des chevaux, des vaches, des moutons, des chèvres, etc. : la semaine de la pleine lune du mois de novembre est un rendez-vous traditionnel, national et ultracoloré pour les chameliers.

Cette intense semaine s’accompagne de marchandages, parfois très durs, de chamelons négociés entre 10 000 et 15 000 roupies (150 à 250 €). Les animaux adultes se vendent entre 20 000 et 40 000 roupies (300 à 700 €) selon leur état. Cette période est également rude pour les équipes médicales qui travaillent bénévolement dans les deux hôpitaux temporaires installés sous des tentes. L’un est monté par le gouvernement du Rajasthan, qui recrute pour l’occasion des vétérinaires, l’autre par l’organisation nongouvernementale(ONG) indienne Help in suffering (HIS). « Plus de la moitié des animaux présents sur cette foire souffrent », déplore Pradeep Singhal. Ce vétérinaire est responsable d’un hôpital pour les animaux des rues que financent les donateurs d’HIS à Jaipur (situé à 170 km). Il organise chaque année, depuis près de dix ans, le campement médical de Pushkar.

Les vétérinaires auscultent deux cents chameaux par jour

« Il y a chaque jour, dans les deux structures, un vétérinaire, deux assistants et des aides pour tenir les chameaux, et nos journées sont rudes », décrit Pradeep Singhal. Le travail est continu, de 7 h à 17 h 30. Les propriétaires viennent consulter les vétérinaires, qui font eux-mêmes quotidiennement six fois le tour de l’immense foire afin de repérer les besoins.

Lors de la dernière Pushkar Fair, l’équipe de Pradeep Singhal a ausculté deux cents chameaux par jour. « C’est difficile, car les camélidés ne sont pas évidents à soigner. Bien souvent, les gens qui viennent ici pour vendre ou acheter ne traitent pas leurs animaux sérieusement », note le vétérinaire. En outre, la foire a commencé – c’est inhabituel – par trois jours de pluie. Fièvres, refroidissements, rhumes… « Ce n’est pas toujours anodin. Certains cas peuvent s’aggraver rapidement car, sur cet immense campement, nous n’avons pas d’abri pour les chameaux qui restent sous la pluie et dans le froid », précise-t-il. Le propriétaire de cent vingt chamelons l’a contacté peu après la fermeture de la foire : tous avaient pris froid, et trois sont morts.

Des sponsors médicaux offrent des médicaments

Sur ce marché exotique, tous les soins sont dispensés gratuitement. Des ONG interviennent financièrement, notamment par le biais du Camel Project lancé par HIS en 2002 et porté depuis trois ans par Pradeep Singhal. Des laboratoires pharmaceutiques indiens, comme Vet Men Kind, offrent des médicaments. Virbac, qui est implanté en Inde, fournit chaque année des cartons remplis d’échantillons (l’équivalent de trois à quatre mille boîtes deBrotone, Fortivir, Hitek, et autres désinfectants, antibiotiques, vaccins, fortifiants, antiparasitaires, etc.). « Les propriétaires sont le plus souvent des gens pauvres qui vivent avec 100 roupies par jour (1,60 €) et qui n’ont pas les moyens de soigner les bêtes malades », souligne Pradeep Singhal. La Pushkar Fair représente pour certains l’occasion de faire vacciner leurs animaux à l’Antricyde, par exemple, un antibiotique (obligatoire une fois par an) contre les surinfections de la peau telles que la gale, une affection courante en Inde. Les vétérinaires passent beaucoup de temps à désinfecter des plaies, à injecter des antibiotiques afin de réduire les infections, et à distribuer des antidouleurs. « Nous donnons des toniques chimiques afin de les remettre en forme et du Brotone, par exemple, pour fortifier le foie », confie Babular Raïka, assistant vétérinaire sous la tente gouvernementale. Les chameaux, qui ont marché sur des dizaines, voire plusieurs centaines de kilomètres pour se rendre à la foire, n’ont pas toujours fière allure, même s’ils sont décorés de colliers et de bracelets de fête.

Les vétérinaires traitent aussi les morsures ou les mâchoires brisées qui nécessitent un acte chirurgical : la saison des amours, qui s’étend d’octobre à avril, rend les mâles agressifs. Les cas graves, qui requièrent une grosse opération, sont envoyés par camion à Jaipur, dans l’hôpital où exerce Pradeep Singhal (à trois heures et demi de route), ou à 17 km de Pushkar, dans un dispensaire créé en rase campagne par une Anglaise pour les animaux errants ou qui appartiennent à des personnes démunies. Ashok Sahu, le vétérinaire qui s’en occupe, intervient également sur la foire. Les affections qu’il y rencontre sont multiples : gale, infections de l’œil, blessures de la peau (notamment des narines transpercées par la cheville en bois servant à diriger l’animal) et du dos, parfois abîmé par la selle de bât posée sur la bosse. « Mal positionnée, elle entraîne des blessures qui s’aggravent au fil du temps. Nous craignons les lésions importantes, infestées de façon chronique par des asticots, qui peuvent dans les deux mois évoluer en septicémie dont l’issue est souvent fatale », explique Pradeep Singhal. Il évoque aussi des maladies spécifiques comme la trypanosomiase, qui est mortelle en deux à trois jours en cas de stress intense.

Le chameau est aussi une source de revenus pour ceux qui les louent, proposent des courses et des safaris aux touristes. Il est le plus souvent un moyen de transport ou de labour pour son propriétaire. Le Rajasthan, qui compte aujourd’hui cinq cent mille dromadaires, a perdu la moitié de son cheptel en dix ans. Un monde en voie de disparition dont la foire présente l’un des visages.

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