Congrès. Médecine interne
Actualité
Auteur(s) : Aurélie Levieuge
Le groupe d’étude s’appuie sur l’evidence-based medicine pour délivrer des recommandations.
Les journées annuelles du Groupe d’étude en médecine interne (Gemi) de l’Afvac ont réuni plus de deux cent cinquante confrères en Avignon, du 15 au 17 avril derniers. L’un des points forts du congrès a porté sur un consensus en gastro-entérologie, qui résulte des travaux des membres du bureau de ce groupe, associé à des experts reconnus, et fondés sur l’evidence-based medicine.
La classification actuelle des entéropathies (lymphoplasmocytaires, éosinophiliques, histiocytaires ou granulomateuses) repose sur des critères histologiques et semble mal corrélée au tableau clinique. Aussi, le comité propose-t-il de classifier les entéropathies chroniques selon la réponse clinique : celles qui répondent aux antibiotiques (ERA, comme la colite histiocytaire), celles qui répondent aux immunomodulateurs (ERI, groupe des maladies inflammatoires chroniques de l’intestin, une expression à abandonner) et celles qui répondent à un changement alimentaire. Le syndrome de prolifération bactérienne est à considérer comme la complication d’une maladie sous-jacente, et plus comme une affection primaire. Concernant le diagnostic de ce syndrome et des ERA, le dosage des folates est obsolète, alors que celui de la vitamine B12 demeure utile. Le traitement de ces deux affections consiste en une administration d’antibiotiques (métronidazole, oxytétracycline ou tylosine) pendant six à neuf semaines.
L’examen histologique tient une place importante dans le diagnostic d’entéropathie. Le comité insiste sur la nécessaire qualité des biopsies et recommande l’utilisation d’une pince à cupule, d’une cassette avec mousse pour le transport dans le formol, ainsi que la vérification régulière du matériel de biopsie. Cependant, la mauvaise qualité des prélèvements peut être compensée par leur nombre : par exemple, dix à quinze biopsies duodénales de qualité intermédiaire chez le chien permettent d’aboutir au même diagnostic que six de qualité satisfaisante.
Le traitement des ERI inclut nécessairement des glucocorticoïdes, qui ne doivent être administrés que de manière raisonnée, après un diagnostic histologique. Les traitements – predniso(lo)ne à raison de 2 mg/kg/j chez le chat ou 1 à 2 mg/kg/j chez le chien en l’absence de pertes protéiques ou 2 à 4 mg/kg/j dans le cas contraire – sont à administrer pendant plusieurs semaines et la réponse clinique doit être évaluée. La dexaméthasone est déconseillée (épithéliotoxicité).
En l’absence de réponse clinique, il est conseillé d’envisager des traitements de seconde intention, comme la ciclosporine chez le chien ou le chlorambucil chez le chat. Ils doivent être complétés par une alimentation adaptée (fibres solubles, acides gras oméga 3, probiotiques) et une antibiothérapie, car toute entéropathie s’accompagne d’un dysmicrobisme. La vitamine B12 est à intégrer au traitement des entéropathies chroniques chez le chat, qui tolère mal l’hypocabalémie (250 à 1 000 µg par animal, une fois par semaine durant six semaines, puis une fois par mois pendant un an).
• Lors d’ictère chez le chien, le dosage de la bilirubinémie n’est utile que pour suivre l’évolution et l’efficacité du traitement. La distinction bilirubine conjuguée et non conjuguée n’a pas d’intérêt (1).
• Un chat anorexique est susceptible d’associer un aliment qu’on lui propose à une expérience désagréable (administration médicamenteuse, hospitalisation) et de refuser sa consommation ultérieure. Ce risque d’aversion alimentaire est fréquemment associé à l’anorexie liée à la lipidose hépatique. Il est donc recommandé de ne pas diversifier l’alimentation proposée au chat convalescent, de le nourrir exclusivement à la sonde pendant quinze jours, et de proposer pour la réalimentation spontanée un aliment auquel il n’a pas été confronté lors du développement de son anorexie (2).
• Les biopsies rénales sont à considérer dans les stades précoces d’affection rénale. Elles sont particulièrement indiquées lors de néphropathie à fuite de protéines (glomérulonéphrite ou amyloïdose), de néphropathies congénitales ou familiales et d’insuffisance rénale aiguë, en seconde intention après la recherche d’une affection primitive (3). Elles sont réalisées sous échoguidage et doivent concerner exclusivement la corticale. Un contrôle échographique est réalisé quelques minutes après l’acte afin de dépister un éventuel saignement (4).
• Des stents urétéraux peuvent être mis en place entre le bassinet et la vessie, en cas d’obstruction urétérale haute chez le chat, lorsque la chirurgie n’est pas envisageable (5).
• Le traitement classique des lymphangiectasies intestinales repose sur les glucocorticoïdes et un régime alimentaire de type low fat.
Il est proposé d’intégrer la composante glucidique dans le traitement. Les aliments humides sont préférés, car ils ne contiennent pas d’amidon et, afin de “nourrir” les entérocytes et d’augmenter la densité énergétique de la ration, du saccharose est ajouté à la dose de 1 à 2 g/kg de poids vif. Ce traitement semble améliorer les signes cliniques et biologiques (l’hypoalbuminémie notamment) chez les animaux traités (6).
Source : conférences de (1) Patrick Lecoindre, (2) Vincent Biourge et Olivier Touzla, (3) Thierry Francey, (4) Laurent Couturier, (5) Thierry Francey, (6) Laurent Guilbaud et A. Durand.
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