L’inscription de la corrida au patrimoine culturel français est décriée

Drapeau rouge ! L’inscription de la corrida au patrimoine culturel immatériel de la France suscite des réactions contrastées, positives de la part des protagonistes de cette pratique, consternées chez les défenseurs de la bientraitance animale.

Sept associations de protection animale ont adressé une lettre ouverte à Frédéric Mitterrand, ministre de la Culture en charge du patrimoine. Parmi les signataires, nos confrères Jean-Pierre Kieffer et Richard Corde, respectivement présidents de l’Œuvre d’assistance aux bêtes d’abattoirs (OABA) et de la Ligue française pour la protection du cheval (LFPC). « Nous sommes choqués que le ministère chargé d’encourager et de soutenir la création des œuvres d’art et de l’esprit puisse soudain cautionner l’affligeant spectacle d’un animal torturé à mort dans une arène. Importée d’Espagne il y a cent soixante ans seulement et considérée comme un délit sur 90 % du territoire, la corrida ne peut, en aucun cas, faire partie de notre patrimoine culturel. »

Ces propos ont également été relayés par le quotidien national Le Parisien. L’inscription de la corrida au patrimoine culturel immatériel français, cautionnée par une commission dont l’indépendance est contestée, est vivement critiquée. « Il s’agit là d’une décision totalement arbitraire, d’ores et déjà dénoncée par cinquante députés qui demandent “le retrait immédiat de cette inscription inique” ». Et les associations de poursuivre : « Même si vous affirmez que cette résolution “n’a pas d’autre valeur que d’appartenir à un inventaire”, il n’en reste pas moins qu’elle confère au milieu tauromachique une onction dont ses acteurs ne manqueront pas de se prévaloir. »

Des vétérinaires se demandent s’il ne s’agit pas d’une plaisanterie

Un sondage, mis en ligne il y a quelques jours sur notresite WK-Vet.fr, révèle que plus de 40 % de nos confrères estiment que le fait d’inscrire au patrimoine immatériel la corrida légitime la torture animale. Un autre quart des praticiens interrogés se demandent d’ailleurs si ce n’est pas une plaisanterie, tant l’annonce a de quoi surprendre…

En outre, un collectif de vétérinaires contre la corrida a été créé en juin dernier. « On ne peut pas invoquer la beauté pour permettre une barbarie physique », estimait, en introduction de son intervention, Muriel Marland-Militello, députée UMP des Alpes-Maritimes et vice-présidente du groupe d’étude parlementaire sur la protection des animaux. Elle présentait, lors d’une conférence de presse à l’Assemblée nationale, le 9 juin 2010, une proposition de loi visant à abolir la tauromachie et les combats de coqs. Cette manifestation annonçait, par la même occasion, la constitution officielle du collectif des vétérinaires opposés à la corrida. Créé par Jean-François Courreau (professeur à l’école d’Alfort), Nathalie Milhas (praticienne en Haute-Garonne) et le psychiatre Jean-Paul Richier, cet organisme rassemble actuellement près de sept cents vétérinaires. Un site Internet, dédié à leur démarche⁽¹⁾, dénonce également l’inscription de la corrida au patrimoine français.

• (1) http://www.veterinaires-anticorrida.fr