Antibiotiques. Face au débat sur l’émergence de résistances
Actualité
Auteur(s) : Eric Vandaële
Sogeval promeut une cinquantaine de recommandations sans parti pris sur une molécule.
Antibiothérapie raisonnée. Face à l’émergence de résistances et au débat à la fois médiatiqueetdesantépubliquequi l’entoure, tous les laboratoires pharmaceutiques vétérinaires affichent ce slogan dans leur communication. Pourtant, depuis la découverte de la pénicilline, il y a soixante-dix ans, personne n’a jamais promu une antibiothérapie irraisonnée. Il n’y a donc pas souvent de recommandations concrètes derrière ce qui est d’abord un slogan, avant d’être un comportement.
Sans parti pris autre que celui de défendre l’antibiothérapie orale chez les animaux de compagnie, Sogeval a donc souhaité s’investir pour que l’antibiothérapie raisonnée devienne aussi un comportement chez les praticiens canins. Le laboratoire est ainsi à l’origine d’un Guide de recommandations en antibiothérapie pour la médecine canine ou féline, d’où l’acronyme Gram. Neuf experts et praticiens(1) ont participé à sa rédaction, selon une méthodologie inspirée de l’élaboration de recommandations pratiques cliniques (RPC) en médecine humaine.
En effet, Sogeval est l’un des laboratoires français les plus impliqués dans l’antibiothérapie orale canineetféline.Pourautant,il n’est pas contraint de promouvoir telle ou telle molécule, puisque sa gamme, par voie orale, est large et couvre les principales classes d’antibiotiques : les ß-lactamines (avec la céfalexine et l’amoxicilline potentialisée ou non par l’acide clavulanique), les tétracyclines (avec la doxycycline), les fluoroquinolones (avec l’enrofloxacine), les macrolides (la spiramycine associée au métronidazole), les associations de sulfamides-triméthoprime, les aminosides, les nitrofuranes, et même le chloramphénicol chez le chat…
Les cinquante et une recommandations proposées se veulent pratiques, détaillées, courtes et précises. Elles sont rassemblées dans un guide de deux cent cinquante pages avec leur argumentaire.Pourchacuned’entre elles, sont mis en balance l’efficacité à court terme de traiter l’animal par la molécule la plus efficace, la plus performante en termes d’activité, mais aussi parfois au spectre le plus large, et le risque d’émergence de résistances à long terme, notamment dans la flore commensale de l’animal traité. Ainsi, les pratiques telles que la week-end thérapie, l’antibiothérapie dite intermittente ou pulsée, qui associent des sous-dosages à de longues périodes de traitement, sont considérées comme mauvaises, « à proscrire ». Leur bénéfice n’est pas prouvé, alors que le risque de sélection de résistance est élevé, surtout dans la flore commensale. De même, il est rappelé que les antibiotiques dose-dépendants, comme les fluoroquinolones, s’emploient à une posologie élevée une fois par jour, tandis que la céfalexine, dont l’activité est temps-dépendante, nécessite deux prises quotidiennes.
Ces recommandations comprennent vingt-sept conduites à tenir par types d’affections, avec la description d’une démarche diagnostique, puis surtout thérapeutique. Cette dernière distingue les molécules de première et de seconde intentions (voir tableau). La place de l’analyse bactériologique et de l’antibiogramme est envisagée soitenpremière,soiten seconde intention.
Le guide comprend également vingt-quatre recommandations pratiques relatives aux prélèvements, à la prévention des résistances, aux critères de choix des antibiotiques de première ou de seconde intention… et à la stratégie antibiotique dans une clinique vétérinaire.
Toutefois, le Gram n’est pas une fin en soi. Il s’agit plutôt d’un début pour promouvoir ces bonnes pratiques qui, parfois, nécessitent de remettre en cause les démarches actuelles. Ainsi, « le traitement de l’abcès chez le chat repose d’abord sur un drainage et sur un parage, sans qu’il soit nécessaire d’y associer une antibiothérapie dans la majorité des cas », indique le guide. En seconde intention, ou lors de signes généraux qui signent par exemple une atteinte phlegmoneuse avec un risque de bactériémie, une antibiothérapie est justifiée.
Pour diffuser ces recommandations, Sogeval a d’abord organisé une webconférence, le 10 mars dernier, avec trois des neufs experts du groupe. Près de deux cents vétérinaires y ont assisté en direct, avec un temps moyen de connexion de trente-sept minutes. Quatre-vingts questions ont été posées durant cette heure de conférence. Il est possible d’y revenir via un site Internet sécurisé (www.sogeval-gram.fr). Puis un symposium a été organisé, en ouverture du congrès du Groupe d’étude de médecine interne (Gemi) le 14 avril en Avignon, avec une centaine de participants. Dans ces deux réunions, les réponses aux questions concrètes des praticiens ont toujours été privilégiées.
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