Le contrôle des émotions et des sensations passe par la distanciation

Contrôler ses pensées, c’est ce que beaucoup d’entre nous souhaitent faire, avec le souci de résoudre des problèmes, dont nous allons voir qu’ils n’existent pas. Or une telle démarche demande beaucoup d’énergie, dépensée inutilement. En effet, les mille pensées de la journée ne débouchent généralement sur aucune action.

Nous avons appris, au cours de nos études, à classer les idées et nous voudrions faire la même chose avec les émotions et les sentiments. Dès que nous voulons résoudre un problème, nous le “tournons en boucle” dans notre esprit. Pourtant, il faut se rendre à l’évidence, la solution n’est pas le problème lui-même, mais tout ce qui l’entoure.

La première leçon à méditer est simple : vouloir contrôler à tout prix ses émotions, c’est risquer de les renforcer. Alors, comment faire pour être en paix et résoudre néanmoins ses problèmes ? Il faut pratiquer l’acceptation (qui n’est pas la résignation ni la passivité) et le lâcher prise (qui permet à notre cerveau d’emprunter d’autres voies). Souvenons-nous que si nous éprouvons des émotions, c’est parce qu’elles présentent un intérêt. Elles doivent être utilisées. Par exemple, la peur nous protège du danger.

La seconde leçon, également importante, est de bien comprendre que l’émotion n’est pas la réalité. Ce sont les circonstances qui sont à l’origine de nos sentiments. Par exemple, la peur en elle-même n’est pas dangereuse, mais elle nous relie au danger.

Agir sur la vie réelle, tout en laissant l’émotion se manifester

Combattre la tristesse, lutter contre l’inquiétude, l’anxiété, c’est transformer de la douleur en souffrance, ce qui revient finalement à l’installer durablement en nous. Il faut donc accepter l’émotion dès qu’elle apparaît. L’accepter, c’est déjà l’apaiser, car cela produit chez nous un relâchement, qui constitue le premier pas vers le lâcher prise. La psychologie moderne nous enseigne que les plus stressés et les plus déprimés sont ceux qui essaient de contrôler leurs émotions avec leur volonté. Le piège consiste donc à ruminer sans cesse un problème qui n’a pas de solution, mais qui peut en trouver une à condition de prendre en compte le contexte et ses manifestations concrètes.

Il existe un exercice fort utile en la matière. Il s’agit d’accueillir le problème, de le considérer comme tel, de laisser les émotions se manifester. Et se dire qu’elles n’offrent aucune solution. Par exemple, nous nous faisons du souci pour un enfant qui ne travaille pas bien à l’école. Il faut alors se dire qu’il n’aura jamais le prix Nobel et s’abandonner à cet état de fait. La bataille qui se livre en nous, entre ce que nous voulons et la réalité, est une véritable lutte qui nous épuise. L’objectif n’est pas de supprimer l’émotion, mais d’en tenir compte, tout en sachant que la solution ne réside pas dans la fixation de cette impression. Il convient par exemple d’aider notre enfant à se réaliser, en prenant en compte le contexte et les faits.

Un second exercice, qui prolonge le premier, consiste à devenir spectateur de ses émotions. Dites-vous que vous n’êtes pas triste, mais que vous éprouvez de la tristesse ou de l’anxiété, ou encore une autre émotion. Cela permet de prendre de la distance, comme dans un film dont vous seriez le spectateur, certes engagé, mais seulement un spectateur.

La leçon à tirer est simple : mieux vaut agir sur ce qui est à notre portée et cesser de nous battre contre des moulins à vent. Une telle attitude est non seulement bonne pour nous, mais aussi pour notre entourage. Se renfermer sur soi-même nous rend indisponible à nous-même ainsi qu’aux autres et, dans ce cas, nous ne pouvons aider personne. Prenons le temps de nous considérer comme un objet d’étude, une matière première en quelque sorte. Apprenons à nous aimer plutôt qu’à lutter contre nous-même. Cessons de fonctionner “mécaniquement”. Ce qui n’a pas réussi à nous changer et à aider les autres nous démontre que le chemin que nous avons emprunté n’est pas le bon. Alors, inutile de persister dans cette voie.