Mutualiser les compétences et gagner en qualité de vie

A l’entrée de Carpentras (Vaucluse), la clinique du Comtat impose sa façade ocre sur l’un des boulevards les plus fréquentés de la ville. Les salles de chirurgie et d’hospitalisation, un studio ainsi qu’une réserve occupent le rez-de-chaussée. A l’étage, accessible de l’extérieur par un escalier qui donne directement sur le boulevard, se trouvent l’accueil (avec une salle d’attente), un espace merchandising et les zones de consultation. Avec un chiffre d’affaires qui dépasse le million d’euros, en croissance régulière depuis 1994, la société civile professionnelle (SCP) de Christian Henin, Bernard Blanc, Pierre Baiwir, Carine Enderlein et Fédérico Rustichelli ne connaît pas la crise.

Des temps de travail et des rémunérations répartis égalitairement

A l’origine de cette association réussie, la volonté de quatre hommes de partager les moyens et les compétences. « Nous étions deux cabinets de deux associés dans cette ville à chercher un terrain, se souvient Bernard Blanc. Nous avons fini par le trouver et nous savions que deux confrères cherchaient également. Nous leur avons proposé de mutualiser nos moyens. » Deux sociétés sont créées : une SCP et une société civile immobilière (SCI) pour gérer l’immobilier. « L’objectif est que chaque associé soit sur un pied d’égalité et apporte la même chose financièrement. Pour la SCI, l’idée est que lors d’éventuels changements d’associés, ceux-ci entrent dans leurs murs. » Cela a permis des départs et des arrivées de nouveaux confrères en douceur et en toute clarté. De quatre, la SCP est passée à cinq membres en 2010. Pour Carine Enderlein, salariée pendant trois ans au sein de la clinique avant d’en devenir associée, les avantages sont indéniables. « C’était assez lourd financièrement : outre l’entrée dans la SCI, il m’a fallu acheter des parts de la SCP pour un montant de 110 000 €, explique la jeune femme. Mais c’était aussi le gage d’un exercice au sein d’un pôle de compétences dont je n’aurai pas bénéficié ailleurs et de plus de souplesse au niveau du temps de travail. »

Le temps de travail justement, décompté en demi-journées, est réparti égalitairement, tout comme les rémunérations, entre les cinq confrères. « Cela représente un travail hebdomadaire de quatre jours et demi et dix semaines de vacances par an », commente Bernard Blanc, qui reconnaît volontiers « avoir une qualité de vie extraordinaire ».

Du côté des inconvénients, Carine Enderlein note une certaine lourdeur dans les prises de décisions. « Avec cinq personnalités différentes, la moindre d’entre elles se transforme en casse-tête, remarque-t-elle. Les responsabilités se délitent… » Lorsqu’on lui demande ce qu’elle souhaiterait changer, la réponse fuse : « Pas grossir en tout cas. De ce point de vue, ce serait encore plus lourd. »

« Nous avons trouvé un bon équilibre et un positionnement de clinique technique, avec un plateau de compétences variées et équilibrées, assure Bernard Blanc. Nos clients sont contents, la clinique est viable économiquement, nous bénéficions d’une bonne qualité d’exercice et de suffisamment de temps libre… Que demander de plus ? »